LE HAMAS TIRE UN OBUS ANTI CHAR CONTRE UN AUTOBUS SCOLAIRE ISRAELIEN
C’est sûrement nouveau pas qui a été franchi hier par les gens du Hamas qui ont usé d’une arme de guerre, plutôt redoutable, contre simple car transportant des écoliers dans le sud d’Israël. Les autorités sont formelles : à quelques minutes près, c’eût été un carnage car au moment de l’impact du missile anti-char contre le bus scolaire, il ne restait plus que le jeune homme de 16 ans, grièvement blessé, et le chauffeur du bus. C’est dire qu’on a évité le d rame de justesse.
Que va-t-il se passer désormais ? Des voix s’élèvent en Israël pour rendre attentif à cette escalade car c’est bien la première fois qu’un tel projectile est tiré contre un véhicule civil israélien. Evidemment, les Israéliens ne sont qu’à moitié étonnés mais s’attendaient depuis quelque temps à une réaction iranienne car Téhéran n’a pas digéré (pour ainsi dire) les explosions en série dans son site de missiles balistiques ni surtout le virus stucknell qui a durablement infecté les ordinateurs de leur principale centrale nucléaire… Il est de notoriété publique que cette cyberattaque a été le fait d’une entreprise combinée des USA et d’Israël.
Mais ce n’est pas le plus grave et l’on s’interroge sur la stratégie à long terme des responsables d’un tel attentat contre le bus scolaire. Les dirigeants du Hamas savent très bien qu’ils sont exposés à de terribles représailles d’Israël qui prend désormais à témoin l’opinion et les instances internationales. Or, disent les généraux israéliens aujourd’hui, Israël ne fera pas preuve de la même patience que du temps où Sedérot est journellement bombardée… Ils ajoutent même que leur réaction sera cette fois ci si forte et si violente que plomb durci fera figure d’une gentille correction.
Nous sommes donc au bord d’un embrasement possible. Les analystes notent que l’Etat-Major de Tsahal évalue les risques d’une nouvelle invasion de la bande de Gaza, voire de son occupation et de sa dotation d’une sorte du procurateur qui ferait régner le calme et ferait la vie dure aux extrémistes qui seront réduits avec l’aide de l’Etat hébreu. Or, ajoutent Tout ceci porte à penser que ceux qui s’en prennent actuellement à Israël cherchent à le faire sortir de ses gonds et à réagir… Pourquoi ?
Le Hamas sait très bien que cette fois ci, il n’existera plus en tant force politique ou militaire et que Tsahal ne lui laissera plus aucune chance… Alors pourquoi de tels actes ? J’avoue ne pas trouver de réponse rationnelle.
Mais qu’est ce qui est rationnel au Proche Orient ?ils, aucun Etat arabe de la région ne sera à même de réagir ou d’apporter son aide : l’Egypte n’aime pas le Hamas et se relève péniblement de la révolution, la Syrie est minée de l’intérieur avec des dizaines de morts chaque vendredi midi, la Libye n’a jamais été très active et subit, quant à alle, une véritable guerre civile. Reste le Hezbollah qui est très inquiet de la situation en Syrie et des menaces qui pèsent sur son lointain allié, l’Iran.
Vu de la place Victor-Hugo - Page 948
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LE HAMAS TIRE UN OBUS ANTI CHAR CONTRE UN AUTOBUS SCOLAIRE ISRAELIEN
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Libye : les rebelles accusent l’OTAN
Libye : les rebelles accusent l’OTAN
Même si les événements dramatiques de Côte d’Ivoire distraient notre attention, le foyer des troubles dans le monde arabe demeure la Libye où fait rage une véritable guerre civile Les positions n’ont pas valablement changé mais les rebelles s’essoufflent et les forces loyalistes de Khadafi risquent un de ces jours de les déborder… Comment est-ce possible ? L’inaction réelle ou imaginaire de l’OTAN semble être en cause.
Et c’est le nœud de l’affaire : les rebelles prétendent que depuis le retrait des USA de la direction de la coalition pour remettre le commandement à l’OTAN, celle-ci a considérablement ralenti ses opérations aériennes, notamment pour rompre l’encerclement de la ville de Misrata, assiégée et bombardée chaque jour depuis un bon mois et demi. C’est devenu une ville fantôme, menacée par une crise humanitaire d’importance.
A ces critiques, peut-être justifiées, l’OTAN répond qu’elle veut éviter à tout prix les dégâts collatéraux qui seraient ensuite exploitées de façon éhontée par le colonel libyen.
Mais ce qui frappe dans toute cette affaire, c’est que tant en Côte d’Ivoire qu’en Libye, les dictateurs savent assurer leurs arrières et faire flèche de tout bois alors que les démocraties les font bénéficier de tant d’égards qu’ils ne méritent guère.
Le colonel Khadafi ne partira pas paisiblement : on l’a vu récemment lorsqu’il a feint d’envoyer des émissaires en Grèce ou en Turquie pour entamer des négociations. Certes, les Occidentaux ont répondu par une fin de non recevoir absolue. Mais cela ne suffit pas : il faut faire comprendre que le point de non retour a été atteint que les avoirs et les biens des membres les plus en vue du régime ont été gelés et saisis et qu’aucun retour en arrière n’est plus possible. Et même ainsi, on n’est pas sûr d’obtenir le résultat escompté.
Et pendant ce temps, le peuple libyen souffre et des innocents meurent…
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Il y a un demi siècle le procès d’A. Eichmann à Jérusalem
Il y a un demi siècle le procès d’A. Eichmann à Jérusalem
Cinquante ans déjà : Adolf Eichmann, le bourreau de milliers de juifs, notamment hongrois, dont il supervisa en personne la déportation et conséquemment l’extermination, comparaissait le 11 avril 1961 devant ses juges à Jérusalem, redevenue la capitale de l’Etat juif après 1868 ans d’absence.
Il n’est pas utile de rappeler les circonstances de son enlèvement dans un pays d’Amérique du sud, on a recensé ici même, dans ce journal (la Tribune de Genève), un excellent ouvrage relatant par le menu toute cette affaire rocambolesque et dramatique à la fois. : Neal Bascomb, La traque d’Eichmann. La plus grand chasse à l’homme de l’Histoire (Perrin, 2010)
A la fin de la guerre, Eichmann avait réussi à reconstruire sa vie, à se trouver une nouvelle identité, à quitter l’Allemagne et ensuite l’Europe pour rejoindre un continent où il se crut à l’abri de toute poursuite, l’Amérique du sud.
Ce procès fut mémorable. Tous ceux qui en ont lu les compte-rendus d’audiences se souviennent des dénégations de l’accusé qui prétendit avoir obéi aux ordres. Et n’avoir fait que son devoir. S’il fallait juger quelqu’un, affirmait-il, c’étaient les chefs du parti national-socialiste et nul autre… Eichmann se présentait comme un petit employé aux ordres, une sorte de «criminel de bureau» pour reprendre l’expression que la presse allemande avait forgé bien plus tard.
Tout le monde se souvient aussi du procureur israélien Guidéon Hausner qui passa des semaines entières à démonter minutieusement le mécanisme de la défense d’Eichmann. On n’a pas oublié ce petit homme, assis dans une cage de verre à l’abri des balles, vêtu d’un costume gris, ses lunettes à l’paisse monture noire, sa calvitie naissante, ses épaules tombantes, en somme un Monsieur tout le monde, et pourtant ce monstre avait terrorisé des milliers d’êtres humains et était responsable de la mort de dizaines de milliers d’autres…
Un détail m’a frappé : comme je viens d’achever la première biographie de Léo Baeck (Léo Baeck. La conscience du judaïsme moderne, Armand Colin, 2011), j’ai lu que les juges avaient évoqué les témoignages portés –après sa libération- par Léo Baeck sur les horreurs vécues par les juifs au sein de l’Allemagne nazie… Eichmann s’écria alors : le rabbin Léo Baeck ! Mais je croyais qu’il avait disparu dans les camps… Mais ce n’est pas le plus étonnant : lorsque Eichmann réalisa qu’il venait d’être capturé par des agents du Mossad, il leur récita les premiers versets du Shema Israël en hébreu, expliquant qu’il les avait lus dans un livre de ce même rabbin Léo Baeck…
Eh non ! Il n’était mort qu’en novembre 1956 à Londres, soit cinq ans avant la condamnation d’Eichmann.
Le procès avait soulevé des passions en Israël. On se souvient de la violente controverse entre Gershom Scholem qui trouvait que l’on avait fermé un dossier qui devrait rester ouvert jusqu’à la fin des temps, et Hannah Arendt qui couvrait le procès pour un périodique américain et qui avait parlé de la banalité du mal, du rôle (noir et lugubre selon ses propres termes) joué par les instances juives, la Reichsvereinigung der Juden… dans la destruction de leur propre peuple (sic !). Scholem avait été scandalisé par les réaction de la philosophe. Mais tout cela est anecdotique et demeure subsidiaire.
Le récit final, celui de l’exécution, est sobrement résumé par l’auteur américain : Eichmann demande qu’on le laisse prier quelques instants, fume toutes ses cigarettes, boit plusieurs verres de vin rouge, menace ses ravisseurs (Messieurs ! A bientôt, nous ne tarderons pas à nous revoir…) et rend hommage aux trois pays qu’il a aimés : l’Allemagne, l’Autriche et l’Argentine…
Après sa pendaison effectuée par la justice des hommes le 31 mai 1962, les cendres d’Eichmann furent dispersées en haute mer. L’Etat hébreu ne souhaitait pas que subsistât sur terre, surtout sur la sienne, la moindre trace d’un tel monstre.
La suite ne regarde plus que la justice de D-…