L’UMP, le débat sur l’islam et Jean-François Copé
Lu dans le journal Le Monde de cette semaine : une réunion de responsables associatifs musulmans qui contestent sous la houlette d’un conseiller de l’Elysée la tenue d’un vaste débat sur l’islam, prévu le 5 avril.
D’emblée, on peut dire que l’on comprend l’inquiétude de ces gens qui redoutent d’être au centre d’un débat qui risque (je dis bien que ce n’est qu’un risque) de les isoler, de les désigner comme une sorte de brebis galeuse, à la vindicte populaire. Bref, de les ostraciser. Cette crainte est légitime mais il faut aussi voir comment on en est arrivé là.
M. Copé, nouveau secrétaire général de l’UMP, concentre sur lui les critiques du conseiller élyséen qui prend soin de dissocier le président de la république de cette critique acerbe. Il va jusqu’à envisager que les adhérents musulmans de ce parti majoritaire quittent ses rangs…
Mais recentrons le débat et voyons donc comment nous en sommes arrivés là : pour les partisans de la clarification, les adeptes de l’islam n’ont pas joué le jeu, ils n’ont pas voulu s’intégrer à la socio-culture française qui est d’essence judéo-chrétienne. Au lieu d’enrichir la France, de se montrer reconnaissants d’être accueillis dans ce grand pays de tradition laïque et républicaine, certains activistes et extrémistes ont voulu changer la France au lieu de changer eux mêmes. Je résume ici l’argumentation de ceux qui font des reproches à nos compatriotes musulmans ou aux résidents non français, adeptes de cette même religion. Et, poursuivent-ils, à force d’insister sur leurs différences inassimilables avec nos mœurs (refus de la critique textuelle, refus de l’égalité homme/femme, refus de la tolérance religieuse, etc…) ils ont réussi à se présenter comme un corps étranger, entre parenthèses dans la société française. On a vu apparaître des revendications étranges : voile islamique, burka, refus de la mixité dans les soins médicaux, etc…
Mais la situation est encore sous contrôle, si, toutefois, on mettait en sourdine certaines choses incompatibles avec les mœurs de notre pays.
Reconnaissons aussi, pour être juste, que l’insistance du Front National et son envolée dans les sondages ont bousculé l’UMP au point de lui dicter une partie de son agenda politique. Mais voilà, lorsqu’un électeur sur cinq vous dit quelles sont ses préoccupations, comment ne pas en tenir compte lorsque vous tenez les rênes du pouvoir ? Les sciences politiques, ce n’est pas la théologie, ce n’est pas la loi et les prophètes…
Même les autorités religieuses ne sont pas loin de dresser le même constat : le cardinal Barbarin, né dans un pays musulman, a donné une interview au journal Le Monde dans laquelle il a eu cette formule sibylline : l’islma est compatible avec le christianisme si les musulmans le veulent bien…
Faisons une exégèse de cette phrase : on sent ici une légère mise en opposition de l’islam et des musulmans. Entendez par là : une religion est ce que ses adeptes veulent bien en faire. Et le cardinal sait de quoi il parle. Le Coran contient de fortes critiques de certaines doctrines chrétiennes, notamment la divinité trine qui demeure, rappelons le, au cœur de l’enseignement de l’Eglise.
Et c’est normal, la France est un pays chrétien où l’on consomme certaines boissons et certaines viandes, même si moi-même je n’en consomme point.