Agée de cinquante-deux ans, cette femme qui demandait qu'on l'aide à abréger ses effroyables souffrances, s'en est enfin allée vers l'éternité. Elle a été retrouvée morte tôt ce matin dans les environs de la ville de Dijon. La question est simple et pourtant la réponse à lui apporter ne l'est guère: nous donnons la vie -et c'est même le premier commandement du livre de la Genèse qui exhorte: croissez et multipliez vous!- mais pourrions nous, un jour, être habilité à donner la mort?
On se rend bien compte que la question n'a plus qu'un seul aspect judiciaire ou politique, bien au contraire, on se retrouve, qu'on le veuille ou non, dans le domaine, certes mouvant, mais O combien plus compliqué de l'éthique, de la philosophie et de la religion.
Car, si un grand nombre de gens optent pour le refus d'une injection léthale, il en est d'autres qui arguent de l'aspect insupportable des souffrances endurées pour dire, que tout au contraire, donner la mort, dans des cas précis, c'est être éthique, c'est abréger des souffrances aussi terribles qu'inutiles! En une phrase, c'est un traitement, un comportement humain, au vrai sens du terme.
Nous sommes pris dans un paradoxe car si c'est à l'Etat de légiférer, et nul ne songerait à lui contester ce droit, cette obligation, comment imposer une loi politique , civile à des citoyens qui ne professent pas tous les mêmes valeurs?
En qualité de philosophe, passionné par les problèmes de philosophie religieuse et les questions éthiques, j'avoue mon irrésolution et mon désarroi. On ne peut pas laisser la décision aux seuls médecins car la science ne saurait tenir lieu de morale; on ne peut pas non plus laisser faire le législateur car sa loi, à elle seule, serait critiquable et imparfaite. Et dans ce domaine, nul droit à l'erreur… Alors, que faire? Surtout lorsque, dans les pays voisins, la situation est plus claire…