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  • Faire confiance à l'Iran?

    Peut on faire confiance à l'Iran?

    Il est difficile de se frayer un chemin vers la vérité dans ce maquis de réactions, de commentaires, de déceptions et de soupirs de soulagement. Un accord est bon après qu’l a été mis en application. Même le meilleur accord sur le papier est condamné à rester lettre morte s’il n’est que partiellement ou franchement mal appliqué. C’est pourquoi, avant toute chose et une fois les premières réactions émotives exprimées, on doit se concentrer sur l’avenir et voir quel meilleur parti on peut tirer de la situation nouvelle : je veux dire, en termes plus clairs, que l’Etat d’Israël qui a des craintes légitimes, doit aussi veiller à ne pas tomber dans l’isolement le plus total.

    Certes, qui, mieux que les dirigeants politiques et les généraux d’Israël, est à même d’apprécier de manière juste la gravité de la menace ? On comprend parfaitement les soucis de Benjamin Netanyahou qui se mobilise contre un accord qui lui paraît dangereux pour son pays.

    Mais, allons plus loin et détaillons quelques points positifs de cet accord qui constitue tout sauf une victoire pour Téhéran et le régime des Mollahs. Il faut en tout premier lieu comprendre la psychologie orientale : même quand on a dû céder sur tout ou presque, même si on a été contraint d’accepter l’inacceptable, il est vital de se préserver d’une chose, la pire de toutes : perdre la face ! D’où les scènes d liesse dans les rues de la capitale iranienne où, du reste, personne ne tient de discours vindicatif mais où chacun atteste du caractère insupportable des sanctions : le pays tout entier en est réduit au système D, les jeunes, surtout eux, rêvent de vivre à l’occidentale, de voyager, de s’amuser, de communiquer sur Face book etc…

    C’est du reste ce qui a guidé le président Obama dans sa recherche assidue d’un accord avec les Iraniens. La jeunesse qui représente un pourcentage non négligeable de la population n’adhère aux idéaux des Mollahs que du bout des lèvres. C’est bien ainsi qu’il faut interpréter la joie des Iraniens : ils pensent plus à la levée progressive des sanctions qu’à la grande stratégie de leur gouvernement : acquérir, grâce à l’arme nucléaire, une hégémonie incontestée dans la région, satelliser l’ensemble du Proche Orient arabo-islamique en intervenant partout où cela lui semblera nécessaire.

    Le président Obama le sait et n’a pas hésité à décevoir ses alliés traditionnels que sont les régimes arabes modérés et l’ami israélien (qui est très mécontent) en misant justement sur ce fait qui semble un pari risqué. On lui reproche même de faire plus de prospective que de la politique étrangère froide et calculatrice. De la Realpolitik.

    Les concessions faites par Téhéran qui est asphyxié par les sanctions sont loin d’être négligeables : acceptation de la levée très progressive des sanctions lesquelles seront rétablies en cas d’infidélité de Téhéran à ses engagements, restitution par tranches des sommes considérables bloquées depuis des années, maintien de l’embargo sur les armes pendant au moins cinq ans, réduction drastique du nombre des centrifugeuses de l’ancienne génération et mise à l’écart de celles de la nouvelle et, dernier mais non moindre, l’inspection de tous les sites, même militaires, jusques et y compris ceux qui, en apparence, n’ont rien à voir avec les recherches nucléaires.

    Les puissances occidentales, les USA en tête, spéculent (le terme n’est pas fort) sur les mutations sociologiques profondes que cette ouverture offerte à l’Iran va occasionner au sein de société civile de ce pays, si tant est qu’elle existe sous un tel régime. Depuis l’avènement de la république islamique, les Iraniens ont été coupés du reste du monde, il est donc normal qu’ils s’enflamment à l’idée de rejoindre enfin le concert des nations. Lorsque l’Iran retrouvera pleinement ses capacités économiques (vente libre de son gaz et de son pétrole) l’attraction des investisseurs sera irrésistible dans un pays qui manque de tout et où l’achat d’une pièce détachée pour une automobile relève d’un tour de force quotidien. Les Mollahs ont fini par comprendre qu’ils ne pourraient pas se maintenir éternellement au pouvoir dans de telles conditions : les frustrations de la population qui vit avec tant d’amertume l’érosion de sa monnaie, pouvaient donner lieu à des émeutes, voire même à une tentative de soulèvement populaire.

    Que va t il se passer désormais ? D’abord, il faudra bien que les Iraniens s’arment de patience car, dans le meilleur des cas et si le Congrès US avalise l’accord, ils devront attendre des mois avant de percevoir un léger mieux dans leur vie quotidienne.

    Peut-on miser, comme le fait Barack Obama, sur cette souhaitable évolution du régime iranien ? En d’autres termes, les Mollahs sont ils assez étourdis pour conclure un marché de dupes, un marché menant, à terme, à leur affaiblissement, voire à leur disparition pure et simple de la scène politique ? Il est difficile de répondre à ses questions.

    Mais une chose demeure certaine : l’application des clauses de cet accord va entraîner à Téhéran bien plus que des grincements dents. Peut-être même une confrontation feutrée entre le président Rouhani et le guide suprême Khamenei. Qui en sortira vainqueur ? La suite nous le dira.

  • Tsipras, chronique d'un désastre

    Tsipras : le commencement de la fin ? La chronique d’un désastre

    C’est ce que diront les historiens : aucun parti d’extrême gauche n’aura pu subsister en Europe . Pourquoi ? Parce que l’idéologie ni même la volonté populaire n’ont jamais pu faire reculer les faits qui sont têtus. C’est pourtant Lénine, un autre agitateur, quoique bien plus talentueux puisque son affaire a tout de même perduré sept décennies, qui l’a dit.

    C’est presque émouvant si ce n’était surtout tragique : un Premier Ministre qui entend faire plier les Européens, continuer à faire la fête aux frais des autres, qui se retrouve dans la situation peu enviable, d’un homme qui  doit signer un accord un pistolet collé à la tempe. Pourquoi ? Parce qu’il vient quémander quelques dizaines de milliards d’Euros pour que son pays ne soit pas asphyxié. Il est évident que dès que les choses se seront calmées, il sera chassé du gouvernement et même de la direction de son parti que les Grecs, épuisés et écœurés par la classe politique clientéliste et corrompue, ont choisi pour les diriger.

    Il faut d’abord faire le procès de l’extrême gauche : jamais elle ne pourra diriger un pays en respectant les thèmes promus lors de la campagne électorale. Sauf si elle agit comme Castro à Cuba, mais même là, je ne donne pas dix-huit mois à Raoul Castro pour disparaître, dès que les libertés seront rétablies, que les Cubains pourront rentrer et sortir de leur pays en toute liberté.

    Tsipras n’est pas Castro et la Grèce n’est pas Cuba.

    La zone Euro ne pourra pas garder la Grèce trop longtemps, chacun le sait mais on essaie de masquer une évidence. Ceux qui ont aidé Tsipras à avoir un peu d’argent et à rester ont des arrière-pensées politiques concernant leur propre situation intérieure ; si le grexit a vraiment lieu, alors leur tour viendra, mais si on se barricade et ont fait tout pour que la Grèce reste, alors on a une sorte d’auto-immunité, une assurance-vie pour une durée incertaine, mais tout de même.

    Dernier point : Tsipras a signé tout en sachant que même si son parlement donne son accord, le pays ne pourra pas honorer ses engagements, ni constituer ce fonds de 50. 000 000 000 € servant de garantie. Même si on ramassait l’or de toutes les églises orthodoxes du pays, on n’y arriverait pas. Même si toutes les femmes grecques remettaient leurs bijoux cela ne suffirait pas. Même si on vendait le port du Pirée, les aéroports, les usines, les bâtiments publics. Cela ne suffirait pas…

    Comment voulez vous que ce pays rembourse, dans de telles conditions, le FMI et la BCE ?

    La seule chose qu’on puisse faire, c’est organiser, accompagner le grexit.

    Si Tsipras veut se réfugier dans un monastère d’une île lointaine, pour supplier le Christ de lui accorder la rémission de ses innombrables péchés et mensonges, il faut lui faire grâce.

    Ezéchiel (chapitre XVIII) dit bien que Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais seulement son repentir…

  • L'accord avec la Grèce: un emplâtre sur une jambe de bois

    L’accord avec la Grèce : un emplâtre sur une jambe de bois

    Que la Grèce quitte la zone Euro, ce n’est pas la fin du monde ! Ceux qui ont mis tout leur poids dans la balance pour parvenir à un accord qui n’en est pas un, ont commis une lourde erreur : la Grèce, son économie, sa culture, son système, ne sont pas compatibles avec les règles de la zone Euro.

    Certes, nous sommes tous sensibles à la gêne subie par des êtres humains dans ce pays qui s’est lui-même asphyxié en votant pour un premier ministre irresponsable qui vient de se coucher devant ses créanciers alors qu’il avait débarqué à Bruxelles comme un conquérant. Le voila condamné à rentrer chez lui, la tête basse et après avoir fait droit à toutes les requêtes des Européens.

    Les Allemands ont parfaitement bien compris que Tsipras a une obsession : recevoir les milliards dont il a besoin pour faire tourner la boutique grecque. Les Allemands ont eu raison de refuser de donner un chèque en blanc à un premier ministre qui ne restera sûrement plus très longtemps à son poste, un dirigeant qui leur a menti, les a trompés, voire même injuriés. Comment ose t on cracher au visage de ceux qui vous prêtent de l’argent à fonds perdus ? Comment leur reprocher de s’assurer qu’ils seront un jour remboursés ?

    Tsipras ne pourra pas faire valider les décision du sommet européen par son parlement. Même les membres de son gouvernement ne vont pas le suivre. Je trouve très légitime la volonté allemande d’obtenir la constitution d’un fonds de garantie, susceptible de rembourser les créanciers : cela se fait chaque fois qu’un débiteur est soupçonné de ne pas vouloir honorer sa signature. Et ce fonds doit être placé sous un contrôle étranger et non point grec. Rappelez vous que les différents grecs ont payé des agences pour falsifier les comptes de leur nation. Du jamais vu ! Ici, c’est plus l’esprit d’Ulysse  que celui de Platon qui est l’œuvre…

    Mais le cas grec sera réglé dans les semaines suivantes. Ce n’est pas le problème, tout le monde sait que l’Euro en Grèce vit ses dernières semaines. Tôt ou tard, l’accord ne sera plus respecté : comment voulez vous redresser un pays qui en est à son troisième plan d’aide ? Et dont l’endettement couvre deux années pleines de PIB ? Et qui en plus n’a aucune structure étatique moderne, tant la corruption et le népotisme y règnent sans partage ?

    Le vrai problème c’est le relâchement du lien franco-allemand. On ne peut plus masquer la divorce entre les deux voies que l’Europe peut suivre : une voie allemande, fondée sur la rigueur et la fermeté, une voie franco-italo-lusitano-espagnole qui n’a pas de principes bien déterminés. Et qui parle vaguement de morale, de solidarité, d’aide, de compassion, etc…

    Le problème actuel de l’Europe est culturel bien plus qu’économique ou monétaire.

    Ce fut une erreur d’admettre la Grèce dans la zone Euro.

    Pour son bien, je le répète, elle doit en sortir. Les Allemands ont hélas raison.