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Vu de la place Victor-Hugo - Page 402

  • Remise de peine partielle n’est pas grâce présidentielle

     

     

    Remise de peine partielle n’est pas grâce présidentielle

    François Hollande a su se tirer d’affaire en faisant le moins de vagues possible. Il faut le féliciter sincèrement d’avoir répondu aux demandes légitimes de filles d’une accusée-condamnée sans heurter frontalement qui que ce soit : il était pris entre le marteau et l’enclume. Il a su ménager la chèvre et le chou. Il a bien fait, on lui en saura gré. Et surtout il a rendu sa décision très vite. Bravo Monsieur le Président !

    Cela permet au philosophe de tirer quelques enseignements sur la justice, son rôle et son essence dans nos sociétés modernes. Ces deux points ont revendiqué l’attention des penseurs depuis l’Antiquité biblique, la sagesse grecque jusqu’à nos jours.

    A quoi sert la justice et pourquoi occupe t elle dans une démocraties une place à part ? Depuis la séparation des pouvoirs dans les sociétés démocratiques, l’indépendance dans la justice est intangible, inaliénable. Le marqueur des régimes tyranniques ou anti-démocratiques est justement celui-là : tout pays qui n’a pas de justice indépendante n’est pas fréquentable et ses citoyens ne sont pas libres.

    Mais peut on imaginer dans une société humaine, donc faillible et amendable, une institution, un principe, un idéal, échappant à l’évolution historique des sociétés ? D’où donc la justice tire t elle sa force sinon d’un principe qui la dépasse, à savoir la souveraineté populaire ? Peut-elle prononcer des verdicts au nom du peuple français, en l’occurrence, sans avoir à lui rendre des comptes ? Et à obéir parfois à un principe qui la dépasse parce qu’il gît justement à son fondement ?

    Dans ses Principes de la philosophie du droit, Hegel prend ses distances par rapport à la transcendantalité de Kant et à l’absolu de Fichte qui considère le droit comme une science. Mais la question demeure entière : comment agir selon le droit, comment agir selon la morale ?

    Kant, dans son traité intitulé De la paix éternelle (Zum ewigen Frieden), n’a pas pu résoudre cette aporie au motif qu’elle est simplement insoluble. En outre, il se lance dans des développements abstraits qui le conduisent à parler des fondements métaphysiques du droit. Et dans ce cas, on peut faire remarquer qu’il centre ses développements autour d’une autre matière, d’autre chose : ce n’est plus de la justice qu’il parle mais du droit, notion nettement plus abstraite. En somme, même si lo monde n’existait pas, même si nous n’étions plus là, le droit conserverait sa légitimité : c’est trop ! Cela fait penser à la répartie de Charles Péguy : le kantisme à les mains pures, mais il n’a pas de mains

    Le vieux principe romain de Fiat justitia et pereat mundus se traduit ainsi : que la justice soit, le monde dût- il en périr ! Hegel n’est pas d’accord et il a bien raison. La justice est là pour permettre aux hommes de vivre dans l’harmonie. Elle doit leur permettre d’être heureux en respectant les règles de la justice humaine. Elle ne doit pas les broyer à la seule fin de sauver un principe abstrait.

    Et pour le cas de Madame Jacqueline Sauvage, il ne s’agit pas d’accorder à certaines femmes le droit de tuer. Je partage pleinement l’émoi des juges dans de telles circonstances. Mais les juges auraient dû réfléchir avant de condamner un être humain à deux reprises à une si lourde peine alors que cette personne, en l’occurrence une mère de famille, a vécu un véritable calvaire, battue, violentée depuis près d’un demi siècle et ses filles victimes d’un père incestueux. Malgré tout, je n’ose pas dire que ce bourreau d’enfants méritait la mort mais puisqu’elle lui a été donnée, on ne saurait considérer ce geste comme un acte purement criminel : il fallait le relier au contexte qui a conduit la victime de ces traitement inhumain à une réaction éminemment coupable dans l’absolu.

    Mais les juges que nous avons, souvent jeunes et mal formés, peuvent il dire qu’ils vivent dans l’absolu ? Existe t-il un dogme de l’infaillibilité judiciaire ? Qui oserait le prétendre au vu de tant d’erreurs judiciaires et de mauvais jugements ? Mais c’est une vieille affaire : les premier verset du Livre d es Juges dans la Bible est éclairant à ce sujet : Et il advint du temps de la judicature des Juges… On l’interprète aussi de la manière suivante : et il advint du temps où l’on jugeait les Juges , où ils devaient (eux-mêmes) comparaitre devant les tribunaux…

    C’est pourquoi je trouve que le droit de grâce est une institution des plus honorables. Il faut qu’existe une autorité capable de décider en son âme et conscience qu’il faut apporter un correctif à une décision, même émanant d’un tribunal des assises : les juges sont des hommes et des femmes comme les autres !

    Le président de la République a fait honneur à sa fonction suprême. Il n’existe pas, au dessus de lui, d’autre autorité, étant entendu qu’il ne viole aucun principe. En agissant comme il vient de le faire, il a simplement aménagé la peine de cette dame, il est resté dans le cadre de la loi. Et j’espère qu’aucun petit juge ne cherchera à se médiatiser en refusant d’examiner favorablement la demande de remise en liberté conditionnelle de Madame Jacqueline Sauvage. Et s’il le faisait, eh bien, il assumera sa décision et en rendra compte devant sa conscience. Après tout, les magistrats rendent leur verdict en notre nom, nous le peuple français.

    Le président François Hollande a très bien agi. Cette fois-ci, on sent que l’affaire lui tenait à cœur : pas de jugement à la Salomon, pas de tentative de synthèse boiteuse à la Premier secrétaire du PS, mais une belle décision humaine, humaniste, équilibrée et courageuse.

    Cela n’a pas dû être facile, prendre une telle décision en moins de quarante-huit heures. L’Histoire retiendra, quelle que soit l’issue en mai 2017, que le président de la République François Hollande a agi ; et qu’il a agi vite et bien.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 1er février 2016

  • Le bilan désastreux des années Obama

    Le bilan désastreux des années Obama

    C’est désormais chose faite ; les Démocrates US n’attendent même plus le départ du locataire actuel de la Maison Blanche pour le clamer sur les toits : le bilan de leur ancien champion est désastreux. Et surtout, ce bilan calamiteux, tant au plan intérieur qu’extérieur, a donné beaucoup de force à Donald Trump qui ne fait plus figure de bouffon électoral puisqu’il écrase tous les autres candidats et plafonne à plus de 40%.

    Madame Clinton ne se gêne même plus de dire qu’elle sera une meilleure présidente ; meilleure que qui ? Qu’Obama, évidemment. Il faut ajouter, sans offenser cette grande dame, que cela ne sera pas une insurmontable difficulté ! On n’a jamais vu une politique extérieure aussi timorée, on n’a jamais vu un président US brader à ce point les intérêts de son pays, face à l’Iran des Mollahs qui menace non seulement Israël mais même l’Arabie et les monarchies du Golfe.

    J’ai lu dans un journal qu’Obama se prépare à traquer l’EI en Libye mais il fallait le faire depuis le début, au moment où les djihadistes se sont installés dans ce pays livré à lui-même. Voilà un pompier qui arrive sur les lieux lorsque tout est déjà consumé.

    Obama s’est aliéné l’opinion publique israélienne, il a essayé de cofinancer la campagne électorale contre Netanyahou. Et pour ce faire, il a pu compter sur la naïveté de jeunes Juifs démocrates qui ont sillonné les USA en long et en large pour convaincre jusques et y compris leurs grands parents de voter pour le sénateur de l’Illinois… Avec les résultats désolants que l’on sait.

    Les alliés traditionnels des USA, les régimes arabes modérés de la région et surtout Israël attendent impatiemment que ce peuple US si versatile renvoie cet homme chez lui et envoie à la Maison Blanche un homme qui a le format requis…

  • En Syrie, la résurrection du régime de Bachar

     

    En Syrie, la résurrection du régime de Bachar

    On le disait à bout de souffle, fini et proche de l’effondrement, abandonné par ses généraux et voilà que Bachar a réussi un spectaculaire redressement qui ne semble pas être de courte durée. Son armée, fortement épaulée par l’armée russe, a repris des positions stratégiques dans le réduit alaouite de Lattaquié, elle recrute à nouveau, son armement a été remplacé et modernisé. Bref, on assiste à un total renversement de situation.

    Tout ceci est dû aux Russes et à l’intelligence de Bachar qui a su tenir bon, garder autour de lui ses fidèles et faire le bon choix. Et le bon choix fut cet appel au secours à Vladimir Poutine qui a compris que son seul point d’appui dans cette région du monde n’était et ne pouvait être que la Syrie. Permettre aux sunnites insurgés de la conquérir, c’était enterrer tout espoir de présence russe au Proche Orient.

    Comment s’explique ce revirement ? Et comment s’explique le fait que les USA et leurs alliés n’ont pas pu remporter autant de victoires sur Daesh ? Tout ceci s’explique par la détermination des Russes qui n’y sont pas allés de main morte, ont concentré leurs attaques sur toutes les forces anti-Bachar, y compris celles que l’on appelle l’opposition modérée. Certes, ils n’épargnent pas Daesh mais leur objectif prioritaire est de desserrer l’étau qui risquait d’étouffer Damas et de paralyser les centres de commandement syrien.

    Sur le terrain, cela se vérifie et l’espoir de reconquête a changé de camp : d’ici quelques semaines, Daesh sera entièrement sur la défensive en Syrie. Et si les deux coalitions unissaient leurs efforts, la disparition des islamistes serait une affaire de quelques semaines. On sait que Daesh a désormais des problèmes d’argent et d’approvisionnement. Ses voies de communication ne sont plus assurées, ses rentrées d’argent fortement diminuées en raison des bombardements des sites pétroliers et ailleurs, en Irak, la bataille de Mossoul se prépare fébrilement : Daesh ne pourra pas contenir un assaut frontal sur la seconde ville d’Irak.

    Même Raqqa est menacée, elle qui passe pour la capitale des islamistes.. Chaque jour les alliés la bombardent, au point que les chefs islamistes évacuent leurs familles vers des lieux épargnés pour le moment par les frappes occidentales.

    Mais la grande inconnue demeure celle-ci : quand donc une offensive terrestre sera t elle enfin décidée ? Les contingents arabes ne parviendront jamais à réussir cette bataille décisive, il faut des troupes occidentales, aguerries, disciplinées et bien équipées. Or, les chancelleries occidentales hésitent, elles rechignent à envoyer des troupes au sol, de crainte d’essuyer des pertes sévères. Elles prennent pour exemple les pertes considérables essuyées par les Iraniens et le Hezbollah sur le terrain.

    On retiendra une chose : ceux qui, dans leur stupidité, exigeaient avant tout le départ de Bachar se sont trompés. Certes, ce sinistre personnage est coresponsable de la mort d’un quart de million de personne et de l’exil de plusieurs de millions d’autres… Mais que faire ? Il est le seul à avoir une véritable armée sur place.

    Et il n’est pas du tout sûr qu’il ne puisse pas se maintenir, une fois que la paix sera revenue…