Comment lutter contre l’Etat Islamique ? C’est la question que devra traiter la conférence de Paris qui se tient ce jour dans la capitale française, en l’absence d’un membre important, le plus important peut-être, le secrétaire d’Etat John Kerry, victime d’une grave chute de vélo à la frontière franco-suisse. La chose est tellement grave qu’on parle de son remplacement car il risque d’être immobilisé durant près de six mois. Certains se sont sentis intrigués par ce qu’ils nomment une sorte d’activisme de la diplomatie française et cherchent à l’expliquer par l’axe Paris-Ryad-Emirats arabes unis. L’achat d’avions rafale, la promesse de nombreux investissements dans l’industrie française expliqueraient cet empressement de Paris. Cela est peut-être fondé si l’on passe en revue le nombre de gestes intervenus ces dernières semaines. Mais ce rapprochement franco-arabe s’explique aussi par la défiance croissante que les monarchies pétrolières et même des régimes arabes modérés comme l’Egypte, ressentent à l’égard de l’Amérique d’Obama qui mise tout sur l’Asie et avance à marche forcée vers un accord avec l’Iran sur le nucléaire. Les Arabes du Proche Orient se sont donc cherchés une autre puissance susceptible non point de remplacer l’hyperpuissance US mais au moins de sauver les apparences. Deux faits sont à considérer : le ministre Fabius qui signale que la France sera très vigilante et qu’elle exige le droit de visiter les sites militaires iraniens de suite, et non au terme de 24 jours… Et enfin, les appels du président français à l’action contre l’Etat Islamique. Et nous en arrivons à la conférence de Paris. Que faire sans les USA ? Pas grand chose, or tant que le locataire de la Maison Blanche s’appelle Obama, il n y aura pas de troupes US au sol. Cette décision est si incompréhensible que même le chef de la division iranienne al-Qods s’en est alarmé et a déclaré publiquement que les Américains n’ont rien fait pour empêcher l’avancée de l’E.I.… C’est dire ! Pourtant, certains mouvements se dessinent qui laissent augurer un changement des Russes à l’égard de Bachar dont l’armée commence à s’essouffler sérieusement : cela fait quatre ans qu’elle se bat sur plusieurs fronts. Le roi Salman d’Arabie Saoudite fait l’analyse suivante : l’Iran, en raison de son ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins, doit être chassé du Proche Orient. Pour le faire, il faut que l’armée des ayatollahs subisse un cuisant revers en Syrie. Si l’on déroule les conséquences de proche en proche, c’est le Hezbollah qui sera, à terme, condamné, un autre suppôt des Iraniens sur place. Et ainsi, selon les Saoudiens, leur propre régime ne sera plus menacé. Car, il faut bien le reconnaître, c’est la grande stratégie iranienne, ses pions avancent lentement mais inexorablement. Qui a raison ? Je l’ignore mais ce que je relève une nouvelle fois, c’est que la paix et le calme ne sont pas prêts de s’installer dans cette région du monde. Toujours la même…
Vu de la place Victor-Hugo - Page 461
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Comment lutter contre l'Etat Islamique?
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Le dernier succès électoral de Marine Le Pen
le tout dernier succès électoral de Marine Le Pen
Les médias et les partis politiques devront bien en tenir compte et dessiner leur stratégie anti FN à l’aune de ce qui s’est passé hier dans une petite ville du Vaucluse : le FN dont l’élu avait été invalidé a été réélu dès le premier avec un score incontestable, pas très loin des 60%. Bien entendu, le parti va étendre ce succès aux dimensions d’un test national : rien d’étonnant à cela, les Français aimant vivre constamment entre deux élections.
Dans ce pays, la paix ou le cessez-le-feu électoral ne règne jamais. Chaque fois qu’un parti perd, il se met en campagne et espère gagner au prochain coup. Mais dans l’intervalle, comment va le pays ? Qui le gère ? Sauf à le gouverner contre l’autre partie, on ne peut rien faire : c’est une partie de la France qui gouverne le pays contre l’autre partie. Et c’est ainsi depuis des décennies. Cela ne changera jamais : vous ne ferez pas des Français des Suisses. Bien que voisins, les deux peuples tranchent nettement l’un par rapport à l’autre.
Mais revenons au cas d’hier et de ses résultats. Aucun gouvernement, de droite comme de gauche, n’a voulu saisir à bras le corps les problèmes auxquels sont confrontés les Français dans leur vie quotidienne. Pourtant, les préfets de la République savent de quoi il retourne. Ils savent que la population française, surtout dans ces régions ensoleillées, ne supportent plus de ne plus être chez elle,, ne reconnaissent plus la France tant certains quartiers allogènes (à leurs yeux) sont devenus criminogènes.. Certains sont même allés jusqu’à parler de zones de non-droit…Ces récriminations sont telles, elles ont pris une telle dimension qu’on en vient aujourd’hui à contester le principe même du regroupement familial (selon le FN les Africains en ont considérablement abusé) et le droit du sol. Il y a seulement quelques années, nul n’aurait osé imaginer pareille chose !
Les exemples sont nombreux. Et le FN a, au plan européen, un allié de poids mais très inattendu, le Premier Ministre David Cameron qui dit tout haut ce que des millions de gens pensent tout bas : non au tourisme social, suppression des pompes aspirantes, baisse généralisée des prestations sociales, bref la fin de l’Etat-Providence (Welfare State).
En gros, si d’ici décembre, date des élections régionales, on n’a pas pris les mesures que des millions de Français attendent, il y aura de nouveau une victoire du FN.
Rendez vous compte : un important parti de droite qui vient tout juste de changer de nom, a décidé, avant toute autre chose, et toutes affaires cessantes de parler dans un grand débat national, d’un thème, d’un seul, l’islam ! On se serait attendu au chômage, au pouvoir d’achat, à l’immigration, à l’Europe… Non, c’est l’islam, comme si cela était le point nodal de tous les problèmes de l’époque.
Le gouvernement actuel, comme tous les précédents, a des mérites et des défauts. Et nul ne peut prouver que d’autres auraient fait mieux. Mais la question sérieuse qui se pose est la suivante : pourquoi ne prend il pas des mesures pour inverser ce penchant du pays vers la lepenisation ?
Il faut se reporter à l’excellent article de Robert Badinter sur ce même thème, paru dans un grand quotidien du soir, il y a quelques années… Il y parlait d’une lepinisation des esprits en marche.
Nous y sommes.
Maurice-Ruben HAYOUN in TDG du 1er juin 2015
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Si les Grecs veulent quitter l'Europe, nul ne les retiendra
Favoriser le bien vivre ensemble :
Sources communes, valeurs communes ?
Depuis un certain nombre d’années, les sociétés européennes ont perdu leur homogénéité, en partie ou en totalité. Alors que les religions dérivées du christianisme ou du judéo-christianisme, régnaient en maîtresses absolues sur la spiritualité et la culture de notre continent, il faut désormais compter avec un nouveau venu, l’islam dont une frange grandissante hélas donne de cette religion une interprétation qui s’avère incompatible avec les valeurs républicaines des démocraties européennes.
Une cohabitation est elle possible ? Elle est souhaitable si l’on veut préserver la paix civile et éloigner le spectre de la guerre des cultures, voire même des religions.
Notre propos n’est pas de juger de la valeur de telle ou telle culture religieuse. Nous cherchons simplement à montrer que les fondements de la culture islamique sont, à l’origine, les mêmes que celles des deux autres monothéismes, le christianisme et le judaïsme. Certes, chacune de ces grandes cultures religieuses peut, à juste titre, revendiquer pour soi une originalité certaine et une spécificité propre.. Aucune n’est réductible à quelque chose d’autre qu’elle-même. Aucune n’acceptera d’être considérée comme le sous produit de celle qui l’a précédée.
Quelles sont les relations entre la culture et la religion ? Il est difficile, pour des sensibilités non-européennes, de tracer très distinctement une ligne-frontière entre ces deux notions ; souvent, des catégories religieuses gisent au fondement de la culture proprement dite. Mais dans l’histoire de la culture européenne, ces notions, à l oriigine indivisibles, se sont éloignées les unes des autres au point de ressortir à des catégories opposées. C’est là le point nodal du problème.
Telle est la nature de la grave dissonance séparant une certaine forme d’islam, l’islamisme, des autres religions de ce continent. Or, une cohabitation pacifique, voire même harmonieuse, est indispensable pour un bon vivre ensemble. Vouloir changer les équilibres est chose malaisée, mais elle peut surtout s’avérer risquée, c’est-à-dire dangereuse pour ses éventuels promoteurs, aucun pays n’acceptant de se voir dépouiller de ses traditions culturelles, culinaires et vestimentaires millénaires.
Les lois sociales, les prérogatives du législateur sont sacrées et intangibles dans des sociétés laïques, même si ce terme n’existait pas dans la langue et la mentalité arabo-musulmanes, voire même dans cette culture. Ce sont des chrétiens maronites qui l’y ont introduit en formant un nouveau vocable sur le terme arabe qui signifie monde, de ce monde ou mondanité (alam, alamiya ou almaniya).
Pourtant, le Coran, source de la religion et de la spiritualité musulmanes, fait fond lui aussi sur les mêmes valeurs que la Bible hébraïque et les Evangiles ou le Nouveau Testament.
Ce qui fait problème, ce ne sont pas les sources religieuses en soi, mais bien l’interprétation qu’on veut bien en donner. Au cours du Moyen Âge, des penseurs musulmans de premier plan, Ibn Badja, Ibn Tufayl et Averroès ont montré qu’il existait une certaine compatibilité entre l’identité musulmane et la culture européenne. Au point même d’être devenus aussi des maîtres spirituels du continent.
Dans nos sociétés civiles, ce n’est pas Dieu, ce n’est pas la Révélation qui donnent le ton, c’est la loi civile que l’on distingue très soigneusement des prescriptions religieuses, faute de quoi la société aurait à souffrir de l’exclusivisme religieux. La loi des hommes a, certes, un fondement éthique, elle ne s’oppose pas à la loi de Dieu, bien qu’elle en diffère. Les guerres de religion font partie d’un très lointain passé en Europe, et n’est pas souhaitable de les voir réapparaître.
Prenons le cas du Décalogue, véritable charte éthique de l’humanité civilisée : on y découvre toutes les règles de la vie en société, lesquelles s’imposent à tout être doté de raison.
Ce qui sépare la loi religieuse de la règle éthique, c’est la notion d’universalité. Sous toutes les latitudes, il est interdit de tuer, de voler, de mentir, de tromper, etc… On peut parler de l’universalité de la loi morale mais pas nécessairement de la loi religieuse. Un exemple parmi tant d’autres : on doit préserver la vie de tout être, on doit tenir compte de la dignité de tout être, mais on n’est pas tenu d’être circoncis ni de s’abstenir de consommer de la viande de porc ni même soumis au jeûne du mois de ramadan.
Les tenants éclairés des trois grands monothéismes doivent donc livrer le même combat contre les idées fausses. Ils doivent être convaincus du bien-fondé de leur cause. Et comprendre que l’exclusivisme religieux dessert leur idéal.