La Tunisie entre la ruine et le chaos
Lorsque l’on dit ici et là que le printemps arabe est une invention de l’esprit paresseux de quelques journalistes occidentaux pressés, on suscite parfois quelques sarcasmes. Hélas, l’assassinat politique, pas plus tard qu’hier, d’un grand leader politique et humaniste de Tunisie, le regretté Choukri Belaïd vient nous donner raison. Il apporte la preuve sanglante que le printemps arabe est en fait un hiver islamiste et que nous sommes fort loin de cette entreprise si ardemment souhaitée d’un retour à la normale dans tous ces pays.
Aussi loin que porte notre regard nous ne trouvons rien qui nous rassure. On se demande même si la stabilité qui prévalait jadis sous la coupe de tyrans vieillissants n’était pas meilleure que la ruine économique et le chaos politique d’aujourd’hui.
Ce qui se passe en Tunisie est instructif à plus d’un titre. On peut penser des Tunisiens ce que l’on voudra ; ils ont beau être de grands bonimenteurs, des Levantins à la langue bien pendue, ils n’en sont pas moins sympathiques, souriants et animés par une vieille tradition d’accueil et d’amitié avec les autres peuples et les autres religions. Et voici qu’à la faveur d’élections hâtivement organisées, c’est la frange la plus inquiétante de leur spectre politique qui prend chez eux le pouvoir… La suite vous la connaissez.
L’instabilité, la confusion politique, la chute dans le panarabisme et la haine d’Israël ont tenté de donner le change. Cela ne met pas de beurre dans les épinards. Cette pauvre petite Tunisie qui n’a rien d’autre à vendre que son soleil, ses plages au sable fin et ses olives, sombre dans la démagogie et l’extrémisme. Tant les USA que l’UE ne veulent pas d’une politique islamiste et donc refusent d’accorder des subsides à ce pays pour qu’il sorte du marasme. Le tourisme, jadis si florissant, surtout dans les milieux judéo-tunisiens tant de France que d’Israël, s’est tari : on ne comprend pas que ces gens tuent la poule aux œufs d’or… Mais qui va réussir à faire comprendre à tous ces gens qu’ils doivent en priorité s’occuper de l’économie et cesser de se mêler d’affaires internationales qui les dépassent ?
Tout à l’heure sur Canal plus j’ai vu un extrait d’un débat entre le regretté Belaïd et un islamiste, ministre de l’agriculture. Et voilà que l’islamiste traite l’opposant au régime de … sioniste !! Mais quel rapport ? Cet homme qui confond allégrement argument et invective veut placer Israël au cœur d’un débat où il n’a pas sa place…
Hélas, en Egypte aussi, les morts se comptent par dizaines, suite au mécontentement suscité par la politique islamiste, en Syrie c’est un carnage permanent, en Libye c’est le chaos et en Tunisie……