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Vu de la place Victor-Hugo - Page 710

  • Les meurtres de Mohammend Merah, un an déjà…

    Les meurtres de Mohammed Méra, un an déjà…

     

    Ce matin, je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour faire un choix dans la moisson de nouvelles d’actualité. Ce sera le souvenir des victimes de l’assassin de Toulouse, cet œuf du serpent que la France, bonne mère, a inconsciemment réchauffé en son sein. J’ai été très ému (et le mot n’est pas assez fort) en écoutant sur I Télé le témoignage poignant et digne d’une jeune femme, Caroline qui devait épouser son fiancé, Abel Chenouf, soldat de l’armée française, lâchement assassiné par Mérah au motif qu’un musulman qui porte les armes de la France mérite la mort… Cette jeune femme a mis au monde un petit garçon, Eden, qui portera le nom d’un père qu’il ne connaître jamais à cause de la mentalité sanguinaire d’un être barbare qui ne méritait pas d’être né et d’avoir été élevé dans ce pays.  Ni dans cette bonne ville de Toulouse où il a semé la destruction et la mort.

     

    Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les questions posées par une enquête inaboutie et des attitudes qui ne s’expliquent guère, même un an après les faits. Je ne prétends pas dire aux professionnels ce qu’ils doivent faire mais c’est tout un pays qui constate ce qu’ils n’auraient jamais faire, ni laisser faire : comment ne pas avoir arrêter un individu si dangereux dont la propre mère a dit dans une interview à la télévision qu’il souffrait d’une sorte de dédoublement de la personnalité (maman, lui disait-il, il y a quelqu’un d’autre dans ma tête)……

     

    Mais bien au-delà, tant de zones d’ombre subsistent : d’où venait l’argent dont disposait l’assassin ? Comment faisait-il pour s’absenter si longtemps dans des pays étrangers ? Pourquoi tant d’appels sur son portable venus de tant de pays étrangers, toujours les mêmes d’ailleurs ? Comment a-t-il pu acheter tant d’armes de guerre et tant de munitions sans éveiller le moindre soupçon ?

     

    Et dans ce contexte on se défend mal de l’impression suivante : certains ont cru pouvoir recruter ce tueur fou et en faire leur agent au sein de la mouvance djihadiste. Et finalement, c’est lui qui a manipulé tout le monde. Dans une émission diffusée au début de la semaine dernière, le gardien de l’immeuble où résidait le tueur relate qu’à la demande des policiers, il s’était subrepticement approché de la porte du domicile de Mérah. Il précisait qu’il n’avait fait aucun bruit et pourtant Mérah ouvrit soudainement la porte pour lui demander ce qu’il voulait… Il faut avoir été entraîné pour cela et la thèse du loup solitaire ne tient pas. Un autre détail fourni par l’un des «officiers traitants» de l’assassin : il savait déjouer les filatures, démarrer en trombe, changer de direction inopinément pour semer d’éventuels poursuivants, savait faire le mort comme il le fit dans son appartement le soir de l’assaut…

     

    On doit la vérité à la mémoire des victimes et à leurs familles et visiblement  cela n’a pas été fait.

     

  • Les insurgés syriens vont -ils gagner contre Bachar?

    Les insurgés syriens gagneront ils la partie contre Bachar el Assad ?

     

    La question commence à se poser et même le ministre français des affaires étrangères qui promettait moult défections dans le haut commandement syrien et des départs du gouvernement semble avoir surestimé la situation. Or, depuis quelques jours, le pouvoir n’hésite même plus à lâcher des scuds sur des zones habitées par des civils afin de terroriser la population er montrer que la phraséologie des insurgés ne convainc personne et qu’en tout état de cause elle ne correspond pas au rapport de forces sur le terrain.

     

    Depuis quelques jours déjà, on sent une résurgences des forces syriennes qui combattent la rébellion comme si Bachar avait repris confiance en lui-même et ne doutait plus de la victoire finale. Certains commentateurs attribuent cette vivacité à la poursuite de l’aide des Russes et des Iraniens, ces derniers ayant même été surpris à combattre sur le terrain et aidant les forces du pouvoir (kuwwat al-niddam) à avoir un réseau de communications protégées.

     

    Quant aux Russes, ils continuent à fournir armes et munitions tout en faisant semblant de tenter d’apporter une issue pacifique à la crise. Or on dépasse le 70.000 morts sans compter les disparus, les blessés et les prisonniers…

     

    En fait l’opposition n’est pas unifiée. ON raconte même que des bandes de délinquants auraient vendu leur équipement militaire au plus offrant, parfois même aux forces du régime. Grande question : comment Bachar paie t il ses armes et surtout ses soldats ? On dit qu’il a exfiltré de grandes quantités d’argent vers des paradis fiscaux (Dubaï et autres)… Mais cela reste un mystère.

     

    En tout état de cause, depuis quelques jours on se demande si les insurgés vont avoir raison de Bachar dont les troupes regagnent du terrain. On comprend aussi les Occidentaux qui se refusent à fournir des armes sophistiquées craignant qu’elle n’aboutissent  en de très mauvaises mains..

  • Stéphane Hessel, un personnage controversé

    Stéphane Hessel, un personnage controversé.

     

    Lorsqu’on a reçu une éducation éthico-religieuse dès son plus jeune âge, et que cet enseignement nous a été rappelé chaque jour que D- fait, une fois qu’on a atteint l’âge de raison, on ne peut plus s’en défaire ni, simplement se refaire. J’ai donc longuement pesé le pour et le contre avant de prendre la plume pour parler d’un homme qui n’est plus et qui a autant d’admirateurs inconditionnels que d’implacables censeurs.

    Les règles biblico-talmudiques concernant la manière de parler d’un défunt sont très claires : deux péricopes lues le samedi matin à la synagogue sont parfois réunies et connaissent une lecture continue alors qu’en principes, les deux textes en question sont lus successivement. La première péricope commence par les mots Aharé mot (après la mort) et la seconde par Qedoshim (saints). Comme il n y a pas de copule en hébreu, on lit ainsi la phrase obtenue : aharé mot qedoshim : une fois qu’on est mort on est saint, c’est-à-dire on devient intouchable, quels que soient les controverses et les agissements de sa vie terrestre…

    Or, Stéphane Hessel est, comme chacun sait, né dans une famille juive originaire d’Allemagne. Raison de plus pour lui appliquer la règle, même s’il n’a pas toujours fait preuve d’un grand discernement et d’une certaine mesure dans ses jugements à l’emporte-pièce et ses condamnations péremptoires dans certains sujets. nous pensons notamment à Israël qu’il accablait de ses critiques tout en couvrant d’éloges les Palestiniens. Certes, je ne suis pas de ceux qui accablent les uns et trouvent toujours des excuses aux autres, et je pense que comme tout pays, Israël peut être critiqué, à condition, toutefois, de tenir la balance égale entre les deux parties.

    Pour rester fidèle aux principes évoqués plus haut, je n’en dirai guère plus et entends me concentrer sur le livret qui a fait son quart d’heure de gloire, le fameux pamphlet Indignez vous. Tout le monde en a parlé, même un de mes amis, un éminent représentant du corps diplomatique allemand a jugé bon d’attirer mon attention sur ce texte de 32 pages qui a fait le tour du monde.

    Et que dit l’auteur dans ce texte ? Pas grand chose, en vérité, il rappelle dans une langue sobre et accessible à tous que les êtres humains que nous sommes ne devraient pas tout accepter ni abdiquer devant des forces apparemment imbattables et indéfrisables.  Ce fut surtout un formidable déploiement de la communication stratégique qui a fait vendre ce livret comme des petits pains… Il est intéressant de voir si l’on se souviendra du livre et de son auteur dans moins d’un an.

    Le seul hommage à rendre à la mémoire de cet homme doit l’être au résistant qu’il fut.

    Pour le reste, comme le recommande un principe talmudique, on ne débat pas avec un lion mort. Pour quelle raison ? Mais parce qu’il ne peut plus se défendre et que la mort conduit à l’extinction de toutes les critiques. Même les plus fondées.

     

    Maurice-Ruben Hayoun

    In Tribune de Genève du  8 mars 2013