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Vu de la place Victor-Hugo - Page 715

  • La Tunisie, que va t il se passer?

    La Tunisie, que va t il se passer ?

     

    Au fond, les extrémistes islamistes portent en eux même leurs propres gênes autodestructeurs, un peu comme le ver est dans le fruit : quand ils prennent le pouvoir, il se trouve toujours quelqu’un parmi eux pour crier casse cou lorsqu’il est effleuré par une toute petite lueur de lucidité… C’est exactement ce qui vient de se passer en Tunisie, cet ancien charmant petit pays où les Européens aux revenus modestes étaient assurés d’en avoir pour leur argent et d’être bien accueillis par ceux qui furent les descendants des Carthaginois..

     

    Que s’est-il passé ? Arrivés au pouvoir grâce au ras le bol d’une population asservie, armés uniquement de leur idéologie islamiste et de leur foi en le Seigneur (ce qui, hélas, ne se mange pas dans une assiette ni ne met de beurre dans les épinards), ils se sont mis à faire des additions joyeuses, des discours interminables, confondant allégrement la parole et l’action, ce qui les a mis dans la situation économique catastrophique actuelle, ce dont personne ne saurait se réjouir puisque la Tunisie classique et éternelle n’a que des amis.

     

    Mais les islamistes n’ont pas compris comment on dirige un pays, sauf le premier ministre démissionnaire qui, étant aux commandes et voyant que le pays ne fonctionnait pas normalement, a proposé de prendre le taureau par les cornes. Cet homme qui avait croupi dans les geôles du président Ben Ali pendant seize ans a fini par comprendre que le pays n’était pas sur la bonne voie. Il a proposé de se priver du pouvoir temporairement et de nommer des technocrates apolitiques.

     

    Même si l’on ne sait pas ce que recouvre une telle expression, on ne peut méconnaître la nature de ce geste de bonne volonté. Et voilà le ver dans le fruit : le président de son propre parti al Nahda, refuse de se laisser déposséder du pouvoir et a presque contraint le Premier Ministre, issu de ses rangs, à la démission. C’est ainsi qu’on arrive à une situation ubuesque : le président du parti qui s’aheurte à son propre numéro 2 !

     

    Que va-t-il se passer ? C’est une crise politique profonde que va traverser le pays si l’actuel parti au pouvoir (al hazb al hakem) ne comprend pas et ne tire pas les leçons qui conviennent. Pourtant, certains faits s’imposent d’eux-mêmes : plus de tourisme, très peu d’exportations, plus d’investissements étrangers et un peuple désabusé. Et ce ne sont pas les rodomontades sur le plan de la politique étrangère (cf le Proche Orient) qui vont maintenir le moral des citoyens au beau fixe. Ni des attaques déplacées contre la France.

     

    Pour bien gouverner un pays, il faut une bonne économie, pas une idéologie, même si les deux vocables riment ensemble.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève de ce 21 février 2013

     

  • Vers un affaiblissement prolongé de la France?

    Vers un affaiblissement prolongé de la France ?

    Les problèmes, aimait à dire Jacques Chirac, volent en escadrille. Ce qui signifie en termes plus mesurés qu’un malheur n’arrive jamais seul. Les zones de turbulence se multiplient pour le pays : plans sociaux à la chaîne, enlèvement de Français en Afrique noire, victimes militaires au Mali, remise en cause violente de notre système social par le patron de Titan qui refuse de reprendre Goodyear, impossibilité de respecter les 3% requis par l’Union Européenne… Et ce n’est pas tout, puisque chaque jour qui passe apporte son lot de dissentiments et d’insatisfactions.

     

    Cette avalanche de mauvaises nouvelles ne fera pas douter de leur mission les hommes qui sont à la barre et qui savent naviguer même par gros temps. Mais il ne faut pas manquer d’en tirer les enseignements. Commençons par la lettre du patron de Titan : je reconnais qu’elle contient des propos vexants, voire insultants pour le pays, sa mentalité et ses classes laborieuses. Mais elle invite à une réflexion : il faut en finir avec cette idée selon laquelle la France, ce si beau pays où l’on mange bien, où les femmes sont belles et accueillantes, le vin comparable à un nectar et les pays bucoliques… Il faut comprendre que l’étranger qui regarde la France débattre de la retraite à 60 ans n’en croit pas ses yeux, alors que se pose le problème du maintien des retraits tout court… L’étranger ne comprend pas non plus la pause déjeuner accordée du haut et jusqu’en bas de l’échelle sociale: vous avez vu dans les séries américaines que tous les employés mangent devant leur ordinateur dans leur bureau… un monde sépare ces deux univers…

     

    La France a-t-elle vieilli ? A-t-elle manqué ses rendez vous avec le monde de demain ? Quand sera-t-elle enfin de retour ? Quand il était ministre dans le gouvernement de Michel Rocard, Roger Fauroux, un homme que je connais personnellement et admire, avait déjà dénoncé le nombrilisme franco-français. Comme on vivait jadis encore dans l’insouciance dans ce pays, la remarque n’avait pas plu, elle n’avait même provoqué une discussion salutaire, un retour sur soi, ce que les Allemands nomment Selbstbesinnung, un examen de conscience.

     

    Et aujourd’hui, la France intervient courageusement au Mali. Ses troupes victorieuses ont bouté hors des villes les islamistes et les pourchassent jusque dans leurs derniers retranchements afin de les neutraliser complétement. Même le rapt d’une famille avec des enfants en bas âge (quelle mentalité, quelle inhumanité, quelle cruauté !) ne fera pas reculer la France qui a affiché sa détermination. Mais cela ne suffit pas à montrer à tous ceux qui défient ce pays qu’il est encore en mesure de se faire respecter.

     

    Il faut dire que la crise économique qui étend son ombre menaçante depuis des années a tout détruit et on n’en voit toujours pas la fin. Le gouvernement actuel (et je me demande si un autre aurait mieux fait) est à la recherche de plusieurs milliards, il a dû revoir son indice de croissance à la baisse (de 0,8 à 0,3-2) probablement, et le chômage croît de jour en jour… Le premier président de la cour des comptes a même proposé de fiscaliser les allocations familiales.

     

    Les mesures sociales, voilà le nœud du problème mais l’écrasante majorité des Français ne veut pas en entendre parler. C’est un sentiment humain et parfaitement compréhensible. Mais peut-on continuer à vivre dans la crise comme on vivait avant la crise ?

     

    N’oublions pas qu’en Allemagne ce fut un gouvernement socialiste de Gerhard Schröder qui a impose les lois Harz 1 à 4, rendant possible le redressement spectaculaire du pays. Mais voilà, il ne fut pas réélu…  Et la France n’est pas l’Allemagne !

     

    A méditer. Si l’on veut pouvoir dire un jour qu’on espère prochain : la France est de retour…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 20 février 2013

  • La société duale et la paupérisation de nos pays

    La société duale ou la paupérisation de nos pays

     

    La vision qui fut celle de Valérie Giscard d’Estaing se confirme : nous allons vers une société duale. Si vous écoutez les informations, on ne parle que de crise, de stagnation, de croissance nulle et de paupérisation, relative, pour le moment mais qui est devenue quasi absolue en Grèce.

    Ce matin, un signe qui ne trompe pas sur le changement de monde que nous vivons : la SNCF qui est attentive au plan commercial au marché et au comportement des clients vient d’aménager un train low cost, à 25 € le voyage en direction de Marseille, mais à des conditions assez incroyables : vous allez jusqu’à Marne la Vallée, à 45 minutes de Paris, classe unique et un seul bagage par personne et pas de voiture bar. Bientôt, on fera même payer l’usage des cabinets de toilettes…

    Si cela continue on fera comme à Bombay ou à Calcutta, on voyagera sur les toits des trains, dans les couloirs ou sur les fenêtres. C’est absolument incroyable.

    Qui fustigera l’incurie de nos prévisionnistes et l’insouciance de nos politiques, plus enclins à se faire réélire qu’à dire la vérité sur la situation économique de leurs pays respectifs…

    Je ne sais si vous l’avez déjà remarqué mais la pauvreté s’installe même dans les supermarchés où les conditionnements des produits changent progressivement : on vend de l’essuie-tout à taille réduite, on vend des packs de bière ou de limonade à trois bouteilles au lieu de six, des mouchoirs en papier en nombre réduit afin de demander des prix moindres, etc…

    Comment faire ? Comment nier la réalité ? Les ministres de tous les pays d’Europe n’ont plus qu’un mot à la bouche : la rigueur ou l’austérité. On parle même de fiscaliser les allocations familiales. Mais où donc nous  arrêter ?

    Certains, situés à un point déterminé du spectre politique, prétendent que les dépenses de santé et de justice sont dues à une population non française qui profite indûment de l’argent du pays et de ses allocations chômage, maladie, familiales etc… Ce serait terrible mais cela risque d’arriver si l’on n y prend garde : il faut simplement stopper l’immigration et renvoyer chez eux, mais de manière humaine, ceux qui n’ont rien à faire en Europe.

    La situation sera réexaminée en cas de retour à meilleure fortune.