A Jérusalem, même le ramassage des ordures est de nature politique.
Vu samedi matin sur Arte : les équipes de nettoyage de la vieille ville ont été interrogées par cette chaîne et ce qu’apprend ne manque pas d’intérêt : même le ramassage des orudres est une affaire fort délicate dans la ville sainte. Si j’étaisironique, je dirais qu’à Jérusalem tout est sacré et saint, jusques et y compris les ordures ménagères. C’est que la moindre entorse, le moindre faux pas peut être mal interprété et conduire à d’incalculables conséquences et répercussions.
Quelques exemple pour montrer qu’à Jérusalem, les éboueurs sont à la fois des diplomates et des philosophes ! Ils ne doivent pas déranger les gens qui prient, ne doivent pas pénétrer dans des lieux saints qui ne sont pas les leurs. Exemple : le chef juif des éboueurs ne va jamais dans l’esplanade des mosquées afin de ne pas heurter les Arabes qui lui prêteraient des noires arrières pensées qu’il n’a pas forcément.. Pour le mur des lamentations, c’est un peu la même chose, même si les juifs, tenant la ville sous leur souveraineté regroupée, n’ont pas les mêmes appréhensions puisqu’ils sont chez eux.
Les éboueurs sont à l’œuvre entre 6 heures et 9 heures du matin. Il dispose d’une dizaine de tracteurs qui sont des dimensions réduites en raison de la topographie des lieux. Mais surtout ils doivent attendre que les Grecs Orthodoxes aient achevé leur procession afin de ne pas interrompre l’exercice de leur culte. Les éboueurs font donc preuve de diplomatie et vont nettoyer ailleurs, le temps que les prêtres aient regagné leur église.
Comme je le notais plus haut, le cas des juifs est spécifique : il y a 25000 musulmans dans la vieille ville, 3000 chrétiens et 3000 juifs. Après la reprise de Jérusalem en juin 1967, l’Etat d’Israël a réaménage tout le secteur du mur du temple. Toutefois, la vieille ville demeure habitée par les musulmans. Les quertiers sont nettement délimités. On a vu le cas d’un Arabe qui a vu arriver, à sa grande surprise, un voisin juif. Sans manifester d’hostilité ouverte, l’homme a souligné qu’il ne recevrait jamais ce voisin lequel n’a pas d’ailleurs l’intention de l’honorer d’une visite, étant un juif ultra orthodoxe. Selon le commentateur d’Arte, les Israéliens achètent à prix d’or de vieilles demeures arabes grâce à des fonds de richissimes juifs américains. Mais les Arabes qui vendent leurs biens quittent immédiatement le pays par crainte de sanglantes représailles.
On a aussi entendu dans le reportage des Arabes se plaindre des restrictions apportées selon eux à la visite de la mosquée le vendredi. Les autorités israéliennes imposent une condition d’âge, la quarantaine, afin de ne pas laisser des jeunes provoquer des émeutes après la prière. Ce n’est pas l’idéal mais la sécurité prime sur tout le reste, dans cette cité la plus sécurisée au monde.
A la fin de ce reportage, se rapprochant de l’objectivité sans jamais l’atteindre vraiment, j’ai pensé à tous ces poètes juifs, ces philosophes juifs, ces liturgistes juifs qui, du fond de leur exil séculaire, aspiraient de toutes les fibres de leur être à rejoindre le berceau historique de leur foi et de leur nation. ET pednant deux millénaires, les juifs n’ont jamais pu venir prier en toute liberté à Jérusalem.
Mais soyons comme ces éboueurs-philosophes, ne faisons pas de politique avec le secret espoir qu’un jour, que nous souhaitons prochain, Dieu fera émaner sa grâce sur le cœur des hommes, de tous les hommes. Et ce jour là, même les authentiques philosophes se feront les éboueurs des idées fausses de haine et d’esclsuion
Maurice-Ruben HAYOUN
In Tribune de Genève du 5 août 2012