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Vu de la place Victor-Hugo - Page 776

  • Le monde peut-il tolérer encore longtemps ce qui se passe en Syrie ?

     

    Le monde peut-il tolérer encore longtemps ce qui se passe en Syrie ?

     

    Comme un vent de folie s’était emparé hier soir de la chaîne de télévision al-Jazeera. Je me rendis compte de quelque chose d’affreux s’était produit en Syrie car le mot arabe pour désigner une boucherie, un massacre revenait sans cesse da ns la bouche des journalistes et de leurs invités.

     

    Dans un village de l’ouest de la Syrie, les troupes régulières ont procédé à un encerclement suivi d’un bombardement intensif afin de bloquer les habitants chez eux. Après cette effroyable préparation d’artillerie, ils ont laissé passer les miliciens d’al chabihah qui ont massacré d’une balle dans la nuque ou à l’arme blanche près de deux cents victimes, y compris des femmes et des enfants.

     

    J’ai rarement vu sur une télévision des échanges aussi vifs entre les journalistes de la chaîne et les représentants des autorités syriennes, lesquelles attribuent les massacres à des terroristes. Oui, effectivement, mais alors il faut reconnaître les milices du régime agissent comme et sont des terroristes. Le représentant de l’assemblée nationale syrienne était bien embarrassé lorsqu’il s’est agit d’expliquer ce qui s’était passé.

     

    Combien de temps encore le monde civilisé va-t-il laisser faire ? Les Russes et les Chinois portent une lourde responsabilité dans cette affaire. Certes, les Occidentaux ont un plan concernant l’après Bachar. Le proche orient sera débarrassé d’un régime terroristes qui appuie une organisation de même nature, le Hezbollah et du cou, l’Iran sera expulsé de la région où il sème le trouble et la zizanie. Le peuple syrien aura alors recouvré la liberté et le Liban sa souveraineté pleine et entière.

     

    Et personne ne regrettera le régime syrien actuel. Mais quand ?

  • Qui est responsable des suicides d’employés de France Telecom ?

    Qui est responsable des suicides d’employés de France Telecom ?

     

    Hier soir, sur une chaîne de télévision française, j’ai suivi un émouvant débat concernant des mises en examen d’un groupe de dirigeants d’une grande entreprise, France Télécom, dont 38 salariés se sont suicidés en raison de conditions de travail littéralement écrasantes. Il convient d’être prudent et de peser chaque terme, chaque mot car il y eut, c’est hélas le cas de le dire, mort d’hommes.

     

    Le débat fut digne. Le problème était le suivant : comment une telle entreprise de près de 100.000 salariés a-t-elle pu être dirigée par une troïka qui demeura insensible (dit-on) aux souffrances de plus en plus insupportables, subies par les femmes et les hommes dont le seul tort fut d’être des salariés ? Replaçons les choses dans leur contexte socio-économique : depuis des années, France-Télécom accumulait des milliards de déficit, ce qui menaçait la pérennité de l’entreprise. Il fut décidé de stopper cette hémorragie en licenciant des milliers de salariés et en mutant à d’autres postes un nombre encore plus important. De telles mesures, dont on ne conteste pas le bien-fondé mais qui furent appliqués sans discernement ont provoqué de graves tourments qui ont dû se surajouter à des vies déjà fragilisées ou compromises par d’autres souffrances qui ne concernaient nullement l’action de l‘entreprise..

     

    Il n’est pas question pour moi de trancher et je ne voudrais pas être à la place des juges qui auront à le faire : mais il me semble que ce qui a fait défaut dans ce monde concurrentiel sans pitié (où les gros avalent tout crus les petits), c’est une notion humaine, l’humanisme patronal. Au fond, nous n’existons plus aujourd’hui que par notre travail. Questionnez un chômeur ou un salarié qui s’attend à perdre son emploi, c’est une lente agonie, une exclusion vécue au jour le jour.

     

    Regardons aussi ce grave problème du côté des chefs d’entreprise, car eux aussi se suicident parfois lorsqu’ils sont confrontes à des difficultés jugées insurmontables si ce qu’’ils ont bâti au cours de toute une vie menace de sombrer.

     

    Mais fallait-il muter à tout va tant d’hommes et de femmes ? Certes, il y avait jadis en France une mentalité dite de fonctionnaires, invirables, qui se considéraient mal payés et qui travaillaient peu. Dans les conditions actuelles, une telle mentalité n’existe plus. Aujourd’hui, quelqu’un qui ferait semblant de travailler car son patron fait semblant de le payer (le paye mal) serait remercié sur le champ.

     

    Mais que dire de ces hommes et de ces femmes qui ont mis fin à leurs jours en invoquant d’insupportables conditions de travail ? Leur sort est tragique mais on ne peut pas imputer aux dirigeants de l’entreprise une culpabilité à 100%. Certes, ils n’ont pas brillé par leur humanisme mais, au fond, dans une entreprise on ne gère pas les humeurs ni le malvivre des salariés. Et pourtant, on devrait, cela aurait épargné des vies.

     

    L’un des participants a bien résumé de telles mœurs : on te casse pour que tu te casses ! C’est-à-dire on vous accable de travail, on vous harcèle sans cesse, en exigeant toujours plus et à la fin soit vous craquez et vous partez, soit, si vous restez, vous mourrez.

     

    De telles pratiques, de telles mœurs sont inacceptables. On n’est plus au XIXe siècle dans les mines du Pays de Galles où l’on faisait travailler les enfants et où la longévité ne dépassait pas 40 ans.

     

    On ne peut plus rien faire pour ces pauvres êtres qui mirent fin à leurs jours. Sinon les réhabiliter et dédommager leurs proches.

     

    Mais de telles choses ne doivent plus se reproduire ici.

  • Les origines religieuses ou les sources bibliques de la mixité sociale

    Les origines religieuses ou les sources bibliques de la mixité sociale

     

    La Bible est le livre le plus réédité de l’humanité. Pas forcément le plus lu, ni le mieux compris. Pourtant la plupart de ses recommandations ont été traduites dans nos sociétés et dans nos législations, notamment sociales.

     

    Un conservateur allemand, partisan d’une révolution conservatrice, autrement dit, Carl Schmitt avait au début du XXe siècle prononcé quatre conférences qu’il réunit dans un ouvrage intitulé Politische Theologie (Théologie politique). Il y expliquait que la plupart des idéaux civils et politiques étaient de provenance religieuse ou théologique et avaient été laïcisés sous forme de législations sociales. En somme, Carl Schmitt fut l’un des premiers à admettre la genèse religieuse du politique. Il a certes commis des erreurs, notamment en se rapprochant des nazis, ce qui lui valut l’interdiction d’enseigner après la guerre (Lehrverbot).

     

    Prenons quelques exemples, notamment en ce qui concerne la mixité sociale. C’est une loi, éminemment éthique, qui fait obligation d’admettre chez soi ou dans son voisinage immédiat des ilots peuplés de gens qui ne sont pas nécessairement du même niveau social. Même si certaines municipalités renâclent à s’y soumettre, la loi parvient à fissurer ce monolithisme granitique social qui conduirait à une sclérose où les mêmes se transmettraient les mêmes postes de génération en génération.

     

    On serait étonné de découvrir que dans des traditions exégétiques fort anciennes (Ve-VIe siècles) il est reproche au patriarche Abraham de ne pas avoir invité un contingent de pauvres lorsqu’il fêta le sevrage de son fils Isaac. N’est ce pas là une magnifique illustration de cette mixité sociale où les riches ne restent plus exclusivement entre eux et où les pauvres ne sont plus confinés dans leur misère ?

     

    Cet équilibre social est maintes fois défendu dans la littérature prophétique : les vieux prophètes hébraïques comme Amos, Isaïe et Jérémie mettent en garde contre la spéculation immobilière, en milieu urbain comme en milieu rural, dénoncent ceux qui accumulent les champs et les domaines, privant leurs frères de tout moyen de subsistance.

     

    Jacob Kaplan, ancien doyen d’âge de l’Institut, avait jadis prononcé une conférence devant l’Académie des Sciences Morales et Politiques, au cours de laquelle il montrait l’origine biblique des grandes lois sociales contre l’esclavage, pour le respect de la dignité humaine et la solidarité entre les différences couches sociales. Il faut, écrivait l’ancien grand rabbin de France, que les hommes puissent vivre ensemble de la façon la plus harmonieuse possible. Il paraphrasait ainsi le verset biblique des Nombres : pour que ton frère puisse vivre avec toi (wa-hay ahikha immakh)

     

    Même si un débiteur se révèle durablement insolvable, il ne saurait être condamné à tout perdre. Il peut louer sa force de travail pour rembourser ses dettes mais jamais plus de sept ans. Et au terme de son engagement, il ne doit pas partir les mains vides, il faudra lui remettre un petit pécule lui permettant d’affronter sa nouvelle situation dans de bonnes conditions. Et même durant ses années de travail, on lui épargnera un dur labeur car il demeure un être humain à part entière. Sa dignité d’homme libre doit être respectée et préservée.

     

    Notre culture française nous a fait oublier une telle genèse religieuse du politique, ce qui n’est pas le cas de nos voisins allemands qui adorent deux Bibles : celle de Luther bien évidemment et le Wilhelm Meister de Goethe, grand roman de formation (Bildungsroman). Outre-Rhin, la Bible fait partie d’une authentique culture et l’enseignement de la religion est considéré comme une authentique matière académique.

     

    Comme les Arabes, les Allemands ont du mal à trouver un terme qui corresponde en tout point à notre concept de laïcité. Comme les Arabes , ils opposent l’en-deçà à l’au delà, les choses mondaines aux choses divines. En fait, la ligne de partage est une fois de plus la Bible, le comportement face à l’héritage religieux. On se souvient de l’opposition française à évoquer l’héritage spirituel de l’Europe, das geistig-religiöse Erbe.

     

    Les puissantes mutations sociologiques qui traversent nos sociétés vont nous contraindre à réviser nos attitudes et nos modes de pensée. On peut lire la Bible comme un monument littéraire et pas nécessairement comme un texte exclusivement religieux.