Mais qui gouverne en Egypte ?
Après le décret inconstitutionnel du président Moursi en vue de rétablir le parlement dissous par l’autorité judicaire suprême, les positions semblent se durcir puisque cette même cour constitutionnelle a de nouveau réagi en suspendant le décret présidentiel. Mais pour le moment, il n’y aura pas de confrontation armée car les généraux qui ont jusqu’ici agi en fins diplomates savent être patients et ont le droit de leur côté. Le problème est que cette situation ne saurait perdurer et risque de mener à la paralysie des institutions. La question est donc : que vont faire les Frères musulmans ? Que va faire le nouvel élu ? Va-t-il se libérer d’une pesante tutelle et suivre sa propre voie ou restera-t-il soumis aux mouvements de foules et aux revendications de ses militants ?
Si l’on pousse le système dans ses ultimes conséquences, il faudra bien procéder à de nouvelles élections législatives afin de donner au pays un nouvel organe législatif. Il y a fort à parier que les Egyptiens auront médité la leçon et qu’ils enverront au parlement une autre majorité. M. Moursi le sait et c’est pour cette raison qu’il a tenté ce petit coup de force. Mais il connaît aussi l’étroitesse de sa marge de manœuvre. Il suffit de voir due sur toutes les photos officielles, le président islamiste est solidement encadré par les généraux et la maréchal Tantaoui . C’est bien plus qu’une simple formalité protocolaire.
En fait, les Egyptiens se sont fait plaisir, si je puis dire, en optant pour un changement radical, un peu comme un jeune couple s’adonne aux embrassades passionnées sans limite. Avec le temps, la réalité reprend ses droits : les mêmes difficultés, les mêmes attentes, les mêmes frustrations. Mais les Egyptiens ont voulu tourner le dos une fois pour toutes à l’ère Moubarak. C’est légitime et compréhensible, mais guère sage.
Il faudra élire une nouvelle assemblée, plus modérée et plus équilibrée, qui saura écrire une constitution digne de ce grand pays, non encore démocratique, qu’est l’Egypte.