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Vu de la place Victor-Hugo - Page 777

  • Mais qui gouverne en Egypte ?

    Mais qui gouverne en Egypte ?

     

    Après le décret inconstitutionnel du président Moursi en vue de rétablir le parlement dissous par l’autorité judicaire suprême, les positions semblent se durcir puisque cette même cour constitutionnelle a de nouveau réagi en suspendant le décret présidentiel. Mais pour le moment, il n’y aura pas de confrontation armée car les généraux qui ont jusqu’ici agi en fins diplomates savent être patients et ont le droit de leur côté. Le problème est que cette situation ne saurait perdurer et risque de mener à la paralysie des institutions. La question est donc : que vont faire les Frères musulmans ? Que va faire le nouvel élu ? Va-t-il se libérer d’une pesante tutelle et suivre sa propre voie ou restera-t-il soumis aux mouvements de foules et aux revendications de ses militants ?

     

    Si l’on pousse le système dans ses ultimes conséquences, il faudra bien procéder à de nouvelles élections législatives afin de donner au pays un nouvel organe législatif. Il y a fort à parier que les Egyptiens auront médité la leçon et qu’ils enverront au parlement une autre majorité. M. Moursi le sait et c’est pour cette raison qu’il a tenté ce petit coup de force. Mais il connaît aussi l’étroitesse de sa marge de manœuvre. Il suffit de voir due sur toutes les photos officielles, le président islamiste est solidement encadré par les généraux et la maréchal Tantaoui . C’est bien plus qu’une simple formalité protocolaire.

     

    En fait, les Egyptiens se sont fait plaisir, si je puis dire, en optant pour un changement radical, un peu comme un jeune couple s’adonne aux embrassades passionnées sans limite. Avec le temps, la réalité reprend ses droits : les mêmes difficultés, les mêmes attentes, les mêmes frustrations. Mais les Egyptiens ont voulu tourner le dos une fois pour toutes à l’ère Moubarak. C’est légitime et compréhensible, mais guère sage.

     

    Il faudra élire une nouvelle assemblée, plus modérée et plus équilibrée, qui saura écrire une constitution digne de ce grand pays, non encore démocratique, qu’est l’Egypte.

  • les conversation de Mohammed Mera avec le Raid

    Il ne fallait pas diffuser à la télévision les conversation de Mohammed Mera avec le Raid

     

    Un violent débat secoue le monde audiovisuel français à la suite de la diffusion des paroles de l’assassin M. Méra. Les familles des victimes ont été, à juste titre, révulsées, par cet avantage post mortem donné à un assassin multirécidiviste (sept victimes), alors que les victimes ne pourront plus, à tout jamais, faire entendre leur voix. On comprend l’émoi, voire l’indignation de leurs familles.

     

    Les journalistes, ou bien ceux qui se font passer pour tels, reprennent le vieil argument usé jusqu’à la corde du devoir d’informer. Mais en réalité, ce qui les motive ‘est autre que la recherche du scoop et de l’audimat en hausse. Que l’on me comprenne bien : je ne cherche pas à dévaloriser le métier de journaliste (que je ne suis pas mais que j’exerce indirectement ici même depuis des années), je veux simplement montrer que l’on ne saurait permettre à quelques personnes de décider de plonger tout un pays, voire le monde entier, dans la stupeur et la consternation.

     

    Et je laisse de côté les délits qui accompagnent cette grave transgression. Ces enregistrements étaient sous scellés, les juges avaient promis que ce secret de l’instruction ne serait jamais violée et voilà qu’une grand chaine de télévision passe outre et diffuse une sorte de résumé qu’elle s’est elle-même arrogée de confectionner… Depuis quand des journalistes se transforment-ils en juges, en greffiers ou en maîtres de l’éthique ?

     

    Ceux qui me lisent régulièrement savent bien que je n’ai pas l’indignation facile. Je voudrais simplement dire que l’information n’est pas un droit qui surclasserait tous les autres. En fait, cette abstraction ne veut rien dire. Ce n’est pas l’information qu’on voit circuler ou défiler sur les écrans de télévision, mais des hommes et des femmes qui se veulent des journalistes mais qui, pour certains, devraient se soumettre au jugement de la conscience.

     

    Est ce à de simples journalistes de décider si les services spéciaux ont été bernés ? Est-ce à eux de régler le tempo de cette horrible affaire ? Non point. Mais ils ont gagné, sont parvenus à leur but puisqu’on parle tous d’eux. Difficile dans ces conditions de réagir comme il convient car on fait alors de la publicité à ce que l’on veut combattre…

  • Le président islamiste d’Egypte révèle sa vraie nature

    Le président islamiste d’Egypte révèle sa vraie nature

     

    Sommes nous ce que nous faisons ou faisons nous ce que nous sommes ? La réponse à cette aporie philosophique ne semble pas avoir longtemps préoccupé le nouveau pharaon d’Egypte, M. Mohammed Moursi. Le nouvel élu vient de prendre un décret bafouant la décision de la cour constitutionnel, celle là même qui avait, il y a peu, proclamé sa victoire aux élections présidentielles, de dissoudre pour vice forme le parlement égyptien. Que fit M. Moursi ? Il décida de passer outre, ouvrant la voie à une confrontation violente avec l’armée, garante de l’ordre constitutionnel en Egypte… Que va-t-il se passer ? L’armée ne va pas manquer de réagir puisqu’une autre juridiction a confirmé l’arrêté de la cour constitutionnel, laquelle a rappelé qu’elle était l’organe suprême et que sont décisions s’imposaient à tous. Y compris le président.

     

    M. Moursi a donc invité le parlement dissous à se réunir ce matin au Caire. Il va falloir surveiller de près la réaction des forces de l’ordre : vont-elles empêcher les anciens députés de pénétrer dans l’enceinte du parlement ? Vont-elles les laisser occuper les lieux, sachant que toutes leurs décisions seront frappées de caducité ? Le monde entier attend, les yeux fixés sur le Caire.

     

    La confrontation entre les généraux et le nouveau pouvoir était inéluctable. On découvre aussi que la phraséologie des classes politiques arabes est toujours la même. On fait des discours, on s’appelle frères et amis et ensuite on prend des décisions qui vont à l’encontre de cet unanimisme de façade.

     

    Un pays comme l’Egypte a quelques priorités qui sont vitales : l’économie, le tourisme, la stabilité intérieure et la paix à ses frontières. Or, les islamistes veulent détourner le mandat donné par le peuple. Regardez ces jeunes gens qui manifestent sur cette place Tahrir, que veulent ils ? Du travail, uns situation dignitaire, en un mot un avenir. Que veulent leur donner les islamistes ? Des illusions, l’aspiration à un univers onirique qui n’existe que dans leur imagination surexcitée..

     

    Que va-t-il se passer ? Probablement un retour en arrière, une emprise plus forte, voire violente de l’armée sur le pays. Si le président chargé de faire respecter la constitution la viole à des fins partisanes, comment voulez vous que les généraux restent inertes ? On l’avait déjà dit : conquérir le pouvoir est une chose, l’exercer avec intelligence en est une autre…