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Vu de la place Victor-Hugo - Page 778

  • Que ne ferait pas Kofi Anan pour qu’on continue de parler de lui…

    Que ne ferait pas Kofi Anan pour qu’on continue de parler de lui…

     

    Il est très difficile pour des hommes qui eurent leur heure ou leur quart d’heure de gloire de rester chez eux, d’écrire leur mémoires et de voir d’autres leur succéder.. C’est exactement ce que fait M. Kofi Anan. Alors que son mission est mort-née, alors que les morts continuer de se compter par centaines chaque semaine, notre homme veut y croire : il rencontre Bachar el Assad, se rend à Téhéran alors que l’opposition armée réaffirme son opposition totale cet dirigeant sanguinaire, d’une part, et que, d’autre part, les Occidentaux ne veulent pas de l’Iran dans ce conflit et souhaitent l’évincer. M. Anan, lui, pense pouvoir offrir un rôle au pays des Mollahs.

     

    Que faire pour que M. Anan comprenne enfin ? Probablement voter une résolution de l’ONU lui retirant sa mission. Je l’ai vu hier tout sourires avec Bachar, parler de modération, de changement, d’entente alors que les insurgés qui ont eu plusieurs de morts ont une exigence non négligeable : le départ de Bachar. Je ne vois pas un seul parti d’opposition accepter de parler ou de siéger avec le bourreau de son peuple. Alors que des généraux de haut rang quittent le régime, M. Anan veut le ranimer et prolonger son agonie. La vieillesse, disait le général de Gaulle, est un naufrage…

     

    Hier, en regardant al-Jazeera, j’ai entendu Bachar évoquer, devant une télévision allemande, le sort réservé à Muammar Khaddafi. Il évoquait le lynchage du leader déchu et le qualifiant de sauvage (wahshi). C’est vrai et il est vrai que ces images n’étaient pas à la gloire de l’humanité. Mais Bachar devrait comprendre que c’est le même sort qui l’attend s’il persiste à rester à Damas au lieu de prendre le premier avion pour Moscou. Même s’il y avait un accord signé, il ne sera pas respecté. La société syrienne est profondément divisée et nul ne pourra recoller les morceaux.

     

    Tout le monde s’en est rendu compte, sauf M. Anan

  • La Syrie, la défection du général Tlass, fer de lance de l’armée d’Assad.

    La Syrie, la défection du général Tlass, fer de lance de l’armée d’Assad.

     

    C’est une très mauvaise surprise pour Bachar el assad que la défection de son général, Tlass, un véritable ami d’enfance avec lequel il a grandi et joué quand il était enfant et adolescent. Il faut rappeler brièvement qui est ce général et pourquoi sa défection marque le début de la fin pour le régime syrien.

     

    Cet homme est le fils du général Mustapha Tlass, ancien chef d’Etat major de l’armée syrienne du temps de Hafez el Assad, puis l’inamovible ministre de la défense de ce même président au service duquel il nettoya férocement la ville de Hama (près de 30.000 morts) où les Frères musulmans avaient osé se soulever et tuer près d’une centaine de jeune cadets de l’armée. La répression fut sans précédent, à l’poque il n’y avait ni ONG, ni téléphone portable ni internet, pas un seul réseau social. Hafez el Assad et Moustapha Tlass avaient pu massacrer en silence et en toute tranquillité.

     

    Pourquoi donc le fils de Moustapha a-t-il déserté ? D’après certaines informations, il aurait compris que la répression aveugle n’aboutirait à rien et il optait, sans le dire vraiment, pour une sorte de consensus, de dialogue national qui marquerait l’arrêt des massacres qui semblent l(‘avoir révulsé. Il n’est pas exclu qu’on l’y ait aidé. Vous vous souvenez sûrement de ce qui s’était passé en Irak, lors de l’invasion des troupes américaines : la CIA avait acheté tout le haut commandement irakien dont on avait préalablement exfiltré les familles et les proches vers le Koweit voisin afin de les mettre à l’abri d’une éventuelle vengeance de Saddam Hussein. La CIA et les Israéliens qui tiennent leurs fiches à jour, observent depuis fort longtemps les moindres mouvements de cette armée qui est toujours menaçante, s’est faite l’alliée de l’Iran et aide le Hezbollah.

     

    Ce qui vient d’arriver à la tête du commandement syrien, même si Bachar feint de minimiser cette défection. Qui sera immanquablement suivie de beaucoup d’autres. J’ai été étonné de l’assurance de certains dirigeants français dans leurs discours lors de la réunion de Paris : au plus haut niveau, on prévoyait la chute du régime syrien. Evidemment, ces responsables avaient des informations confidentielles et avaient été prévenus de la défection du général Tlass qui est peut-être déjà dans l’Hexagone. Le réfugié doit être entre les mains des services qui le débriefent.

     

    Et un tel homme a beaucoup de choses à raconter. Bachar ne passera pas l’été à Damas.

  • La Syrie, la France et la Turquie

     

    La Syrie, la France et la Turquie

     

    On le relève peu, et pourtant c’est l’un des rares effets positifs de la crise syrienne : elle a permis un net rapprochement entre la France et la Turquie, ce pays qui avait osé critiquer violemment la politique française à la suite de l’adoption d’une loi condamnant le génocide arménien. Il est vrai que le conseil constitutionnel avait émis un avis défavorable Mais les Turcs avaient réagi avec l’outrance qu’on leur connaît, dictée par leur sourcilleux nationalisme.

     

    Aujourd’hui, cette affaire de brouille entre les deux pays est oubliée, les mesures anti-françaises imprudemment prises ont été annulées. Il ne pouvait pas en être autrement, depuis que la Turquie se trouve confrontée à un grave problème avec son voisin syrien ! Une frontière d’un peu moins de 1000 km, avec des hostilités qui s’en rapprochent toujours un peu plus, et même un avion patrouilleur, probablement un avion espion, abattu par la défense sol air du régime d’El Assad.

     

    Eu égard à la réaction énergique de la France au sujet de cette crise, la Turquie ne pouvait plus faire preuve d’indifférence à l’égard de Paris. Le rapprochement fut à la mesure des défis. Paris et Ankara veulent le départ de Bachar. La France a mis à la disposition des rebelles des moyens de communications plutôt sophistiqués afin de leur permettre de mieux coordonner leurs actions. Quant à la Turquie, elle accueille sur son territoire des centaines, voire de soldats déserteurs, et depuis peu des escouades de généraux et de colonels qui font défection, écœurés par les exactions dont sont victimes les insurgés et aussi les populations civiles.

     

    La réunion qui se tient ce jour à Paris sou l’égide de la France et de la Turquie, rassemble plus de cent pays. Certes, des membres aussi importants que la Chine et la Russie seront absents, mais le ministre Laurent Fabius a trouvé les arguments qui vont leur donner à réfléchir. Si ces deux puissances veulent conserver leur influence en Syrie, elles devront changer d’attitude à l’égard d’un peuple martyrisé. Faute de quoi, lorsque celui-ci se sera débarrassé de son tyran, il ne voudra plus entendre parler de pays qui ont largement concouru à ses souffrances…

     

    La voix de la raison sera-t-elle enfin entendue par ces grands animaux au sang froid ? Il faut l’espérer. Quand ce ne serait que pour abréger les souffrances de tout un peuple.