Germanisme et hellénisme II
Ce que redoutaient les diplomates allemands les plus avisés ainsi que la chancellerie de Berlin a fini par se produire : on renvoie au visage de la nouvelle Allemagne, une Allemagne réunifiée, démocratique, respectueuse des doits de l’homme les horribles crimes du régime hitlérien qu’elle a toujours condamnés. Comme l’Allemagne est le plus gros contributeur à la caisse commune d’une Europe malade et bientôt presque ruinée, les Grecs, encore eux, s’en prennent au gouvernement de Madame Merkel et rappellent le coût de l’occupation allemande de leur pays durant la seconde guerre mondiale.
Ceux qui me connaissent et me lisent régulièrement savent que je n’ai aucune, mais alors aucune sympathie pour le régime nazi ni pour ses doctrines racistes et inhumaines. Je suis donc très sensible aux souffrance endurées par tous les peuples d’Europe, jadis martyrisés par le règne violent national-socialiste. Mais de là à exhumer opportunément je ne sais quelle facture (près de deux cents milliards d’Euros !), maquillée en dommages et réparations de guerre, aujourd’hui, il fallait vraiment y penser ! AU passahge, on relève que cela reviendrait à alléger la dette grecque de plus de 60%. Joli coup !
Vous savez à quoi cela me fait penser ? Il y a quelques années, la Pologne a protesté lors de la pondération des voix au sein du parlement européen. Les Polonais n’étaient pas satisfaits du nombre échu de députés européens… Savez vous ce qu’ils ont dit ? Eh bien qu’ils seraient bien plus nombreux et donc auraient eu plus de députés, n’étaient la guerre et les massacres qui s’en suivirent J’accepte cette idée au plan moral mais rejette son instrumentalisation.
Parfois, je m’interroge sur l’esprit de ceux qui conseillent les gouvernements, mais le nôtre…
Les quelques députés ou hommes politiques qui ont cette idée de réparations allemandes ont, certes, réussi un coup médiatique, mais il n’aideront pas d’un centime leur pays à se relever. C’est une instrumentalisation assez inattendue d’un drame dont personne ne conteste la réalité. Mais cela n’aidera pas à effacer des années de laxisme et d’incurie des finances de ce pays à la dérive, la Grèce.
Comme M. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, réitérait avec raison ses doutes sur la solvabilité grecque et sur le sérieux du gouvernement d’Athènes, ces députés grecs ont sorti de leur chapeau cette affaire des réparations. C’est un pur argument de plaidoirie, comme disent les avocats. Et puis, l’occasion était trop belle, il nous la faut saisir, comme disait un auteur célèbre. Puisque les Allemands nous houspillent à longueur de journées, eh bien on va leur renvoyer notre cinglante réponse à la figure…
Il n’est pas du tout sûr que cela marche. En outre, les Allemands de la nouvelle génération ne supportent plus qu’on leur prête de noires arrière-pensées qu’ils n’ont pas.
Relisez le chapitre 18 du livre d’Ezéchiel : les fils ne paieront pas pour les péchés des pères, seuls l’âme pécheresse rendra des comptes.
Que les Grecs d’aujourd’hui dont nous comprenons les souffrances d’hier et d’avant hier s’appliquent à assainir enfin leurs finances pour demain et après-demain. Au lieu de poursuivre des chimères.