l’Iran, Israël et la Syrie
Depuis quelques jours, et à la suite d’une conférence internationale qui s’est tenue à Herzliya, près de Tel Aviv, sur le thème de la sécurité régionale, les rumeurs vont bon train : Israël va annihiler les velléités nucléaires de l’Iran. Cette agitation cache quelque chose, notamment en raison de ce grand renfort de publicité qui n’est pas dans les habitudes des dirigeants israéliens : lorsqu’ils se préparent à faire une action militaire, ils n’en parlent pratiquement jamais, bien des mois avant l’attaque. Partant, aucune action ne sera entreprise dans l’immédiat.
En revanche, on se rend compte que derrière les événements syriens et les avertissements israéliens à l’égard de l’Iran il y a une lutte sourde entre le régime des Mollahs et l’Arabie Saoudite. C’est probablement la raison pour laquelle le discours de l’ambassadeur syrien à l’ONU, que j’ai suivi hier, était particulièrement dur à l’égard de la monarchie wahabite. L’ambassadeur, qui a parlé dans un silence de mort, s’est plaint de la guerre menée contre son pays et a raillé les Saoudiens qui utilisent encore, dit-il, le sabre, pour les exécutions de criminels, signant ainsi une régression de plus de mille ans… On le voit, ce ne sont pas des gracieusetés.
Pourquoi s’acharner sur la Sa Syrie ? Probablement, en plus des massacres, parce que c’est la meilleure façon de peser considérablement sur le régime iranien qui n’aura plus d’alliés forts dans la région, car la chute, imminente du régime d’el Assad, entraînera un affaiblissement considérable du Hezbollah libanais, privé de ses alliés inconditionnels. Il en sera de même du Hamas, livré à lui-même et contraint d’accepter les conditions de son frère ennemi, le Fatah : les sourires et les embrassades de Kahled Maschaal adressés à Mahmoud Abbas le prouvent.
L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis surveillent aussi la situation à Bahreïn comme on surveille le lait sur le feu. Il ne fait de doute pour personne que l’Iran tente par tous les moyens de s’imposer comme le leader régional incontesté. Or, cela est inacceptable pour les sunnites d’Arabie et du Golfe qui considèrent les Iraniens comme des impies, des déviationnistes dangereux… Il n’est pas impossible que ces pays permettent discrètement aux Israéliens d’enjamber leur espace aérien pour accomplir leur mission. Qu’ils le reconnaissent publiquement ou non, les régimes arabes modérés de la région sont des alliés d’Israël.
En fait, les Iraniens commencent tout juste à se rendre compte qu’ils se sont eux mêmes enfermés dans une impasse. Ils ont menacé de fermer le détroit d’Ormuz et ont intimé aux USA l’ordre d’évacuer la région. Mais lorsqu’ils virent arriver sur zone ce mastodonte qu’est le Lincoln, sous leurs fenêtres, ils se écrasés et faits tout petits… Qui pourrait envisager une confrontation entre un Iran armé artisanalement et l’hyperpuissance américaine ? Enfin, la crise économique en Iran va peut-être provoquer un soulèvement et favoriser l’émergence d’un régime enfin démocratique et surtout plus lucide…