La traque des anciens Nazis et le jugement de Klaus Barbie, hier soir sur France2
C’était inimaginable, quand on y pense ! Tous ces criminerls nazis qui ont tenté de fuir leurs responsabilités qui, à l’exception du Feldmarschall Keitel, ont tenté de s’esquiver et d’échapper à un juste châtiment, la mort par pendaison, ordonnée par les juges du tribunal de Nuremberg.
Chaque fois que je suis un tel programme, je me demande comment cela a pu être possible. Et surtout dans le cas de Klaus Barbie, le chef des tortionnaires de la Gestapo de Lyon, un homme qui a pu bénéficier de quarante années de vie paisible avec sa famille, loin de cette Europe où il avait commis tant de crimes contre l’humanité. Nous adressons des félicitations, posthumes , hélas, car il est mort il y a un mois, au journaliste Ladislas de Hoyos, le premier à avoir interviewé Barbie à La Paz et à l’avoir piégé. C’était incroyable : on voit comment le journaliste fait parler en français un allemand naturalisé bolivien, alors que ce dernier prétend n’avoir jamais mis les pieds en France, ni même à Lyon.
L’Amérique du sud s’est hélas illustrée dans cet hébergement des anciens Nazis (mais elle ne fut pas la seule, les pays arabes du Proche Orient, la Syrie, notamment, et l’Egypte l’ont fait aussi), et ces derniers, comme Klaus Barbie, ont pu accéder aux plus hautes positions. Ce qui renforça leur impunité, par exemple le général Banzer de Bolivie ne répondant pas à la demande d’extradition présentée par le président Georges Pompidou…
Je connais l’un des résistants juifs torturés par Barbie, il s’agit de M. Marcel Stourdzé dont le propre frère le rabbin Samuel Stourdzé fut fusillé par les Nazis. Marcel m’a souvent raconté comment Barbie lui parlait. Sie sind ein Terrorist und obendrein ein Jude ! (Vous êtes un terroriste et par dessus le marché, un juif). A ce moment là, Marcel portait un monocle qui vola en éclats sous les coups et les gifles du tortionnaire.
Mais le témoignage le plus poignant et le plus insupportable fut celui d’une vieille dame juive d’origine allemande dont Barbie avait tué deux de ses enfants : à la barre des témoins, elle hurla sa douleur et ne cacha pas son indignation en voyant que le tortionnaire de ses enfants martyrisés était encore en vie…
C’est au tristement célèbre maître Vergès qu’échut le douteux privilège de défendre l’indéfendable. Songez, il osa même demander à Marcel comment il pouvait être sûr qu’il s’agissait bien de Barbie… Parfois, la fonction d’avocat suscite en moi des sentiments plutôt mêlés… Barbie dit quelques phrases affreuses du genre : c’était la guerre, j’ai combattu durement les résistants que je respecte, mais c’était la guerre et la guerre, dit-il avec un cynisme consommé, est finie… Comme si cela pouvait passer l’éponge sur de tels actes innommables !
Ce fut la première fois que la France jugeait un criminel pour crimes contre l’humanité lesquels sont, comme vous savez, imprescriptibles.
La seconde émission parlait de la traque des Nazis et tourna à la gloire des époux Klarsfeld qui se sont acquis un indiscutable mérite dans cette affaire. Mais l’homme qui a vraiment changé le cours des choses fut le viennois Simon Wiesenthal qui fut moins médiatisé mais redoutablement plus efficace. N’y voyez aucune restriction ni sous entendu, mais simplement un fait historique, absolument vérifiable.
En somme, il fallait voir ces deux émissions, ce fut presque un devoir de piété historique.