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Vu de la place Victor-Hugo - Page 839

  • Etranges fruits du printemps arabe : l’Egypte, la Tunisie, etc…

    Etranges fruits du printemps arabe : l’Egypte, la Tunisie, etc…

    Il arrive parfois que la potion soit plus amère que le mal. C’est ce qui risque de se vérifier tant en Egypte qu’en Tunisie. Dans le premier pays, il semble que les autorités, déjà bousculées et malmenées par la rue, soient tentées d’offrir la tête de l’ancien président Hosni Moubarak en guise de victime expiatoire tandis qu’en Tunisie, un président prétendument de gauche et que la France a si généreusement accueilli durant de longues années, reçoit avec des courbettes le chef du Hamas à Gaza, mouvement terroriste reconnu comme tel par l’ONU, les USA et l’UE.

    Au fond, il y a des situations qui sont si conflictuelles que toute initiative pour y remédier se révèle vaine. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la décision du président Obama de faire maigrir son armée, de ne plus considérer l’Afghanistan et l’Irak, en somme tout le Proche Orient comme une priorité. C’est l’Asie qui concentre sur elle l’attention de l’hyperpuissance US et cela signifie en clair que Washington n’accorde plus aux Arabes et au conflit israélo-palestinien une importance majeure. On peut comprendre le choix de Barack Obama qui, comme tous les présidents US avant lui, se concentre sur l’alliance indestructible avec Israël, les autres pays recevant, pour les contenter, un peu d’aide américaine.

    Pourquoi une telle action ? Les cas de l’Egypte et de la Tunisie nous donnent la réponse.

    Au lieu de s’unir, de fêter ensemble le retour à une vie démocratique, de relancer l’économie et le tourisme, la rue égyptienne s’entête à vouloir dessaisir l’armée qui est le facteur politique et économique numéro 1 du pays. Et voici que l’on croit satisfaire tous les mécontents en leur faisant croire que le président Moubarak, véritable homme d’Etat malgré quelques défauts véniels de ces pays (corruption, clientélisme, passe-droits, etc), finira au bout d’une corde. Sauf un grand coup tordu (du style d’une crise cardiaque opportune) jamais l’armée ne permettra que son chef se balance au bout d’une corde. En revanche, le cas de l’ancien ministre de l’intérieur et de ses aides me semble plus compromis…

    Avoir fait toute cette révolution pour en arriver là, alors que le tourisme qui est le poumon de l’Egypte, est à l’arrêt… Et cette rhétorique anti israélienne qui n’arrange pas les choses ; j’ai parlé avec des gens qui ne veulent plus aller en Egypte pour cette raison.

    Ce qui m’amène en Tunisie où M. Marzouki que l’on croyait attaché aux valeurs démocratiques et à la paix, reçoit avec le sourire le chef du Hamas que le parti islamiste Annahda lui a imposé, car il occupe tous les ministères régaliens. Là aussi le pari est insensé : que vient faire la Tunisie dans cette galère ? Ce petit pays, qui vit du tourisme et des olives, va connaître des lendemains difficiles s’il continue dans cette voie… Il est vrai que dans ces pays ignorant le cartésianisme, le oui et le non n’en sont pas (contrairement à la belle parole des Evangiles : que votre oui soit un oui et votre non un non). On reçoit un homme compromettant mais après son départ on l’oublie…

    Tant l’Egypte que la Tunisie ne se relèveront guère si elles persistent dans la voie du populisme : verrait-on l’UE, les USA et le monde libre aider des pays qui agissent de la sorte ? C’est peu probable. Au fond, Barack Obama a peut-être raison, mieux vaut se concentrer sur les problèmes de l’Europe et des USA.

  • Qui était vraiment Maître Eckhart ? A propos de l’ouvrage de Kurt Flash : D’Averroès à Maître Eckhart

    Qui était vraiment Maître Eckhart ?

    A propos de l’ouvrage de Kurt Flash : D’Averroès à Maître Eckhart

    Dans cet ouvrage qui remet en question bien des idées reçues, il convient d’accorder une certaine attention au sous-titre figurant sur la couverture (Les sources arabes de la «mystique» allemande) sans omettre le complément du titre en première page, la naissance de la «mystique » allemande de l’esprit de la philosophie arabe. Et dans ces deux occurrences, le terme mystique est soigneusement entouré de guillemets.

    La raison en est simple et saute aux yeux de quiconque considère les toutes premières pages avec l’attention requise : l’auteur ne considère pas le maître allemand du XIVe siècle comme un mystique, purement et simplement. Pour ce faire, il se fonde avec raison sur des déclarations spécifiques de maître Eckhart dont la moins étonnante n’est pas celle où il déclare que l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et Aristote (interprété par Averroès et Albert le grand) enseignent «la même chose».

    Alors qu’était maître Eckhart ? Un commentateur biblique ? Et dans ce cas il nous faut rechercher les ressorts profonds de son exégèse biblique… Etait-il un théologien puisqu’il portait le titre de maître en théologie et dans ce cas aussi, il faut savoir comment lui-même entendait ce vocable et comment le pratiquait-il ? Ou était-il un philosophe, un peu comme Maimonide que l’auteur allemand du XIV avait étudié à partir d’une traduction latine ? On a laissé le titre de mystique pour la fin car Kurt Flash émet les plus sérieuses réserves quant à l’attribution d’une telle qualité aux œuvres (latines) du maître allemand du XIVe siècle.

    On se souvient que Maître Eckhart doit à une mort prématurée en 1327/28 le bonheur d’avoir été condamné, à titre posthume, par le pape Jean XXII pour hérésie, tout juste un après sa disparition. Si la condamnation s’était produite du vivant de l’auteur, c’eût été l’infâmie du pain de la tribulation et de l’eau de l’angoisse… Les autorités ecclésiastiques avaient subodoré l’hérésie dans tous ces emprunts contractés auprès de l’Averroès latin dont la plupart des thèses avaient été condamnées, même si le maître ne les avait pas toutes reprises à son compte (éternité de l’univers, unité de l’intellect, etc). Aux yeux d’Eckhart, la philosophie recouvrait les grands écrits d’Aristote : logique, physique, métaphysique, éthique…

    Dès les premières pages de son livre, Kurt Flash annonce son intention de mettre en lumière ce qui lui paraît être les véritables sources de la pensée eckhartienne. Mais il faut lire ce livre en ayant présente à l’esprit la grande controverse qui a agité les esprits après la parution d’un récent ouvrage sur les sources gréco-latines de l’Europe chrétienne dont l’objectif affiché était de repousser l’influence judéo-arabe (Avicenne, Averroès et Maimonide) et de lui substituer une prégnance chrétienne et latine. Or, Kurt Flash milite principalement contre cela, tout en cherchant à montrer que les historiens de la philosophie allemande du XIXe siècle, responsables de la dévolution du titre de mystique à Maître Eckhart, ne connaissaient pas encore l’imposant corpus latin de leur auteur. S’ils l’avaient pris en considération, ils auraient immanquablement découvert la grande influence averroïste subie par l’auteur.

    Il est vrai que cette méprise est excusable quand on se limite à l’un des deux corpus : pour qui lit l’un des deux, Maître Eckhart n’a été que ceci ou cela. Si on se plonge dans les sermons allemands, on se défendra mal de l’impression que leur auteur n’est pas insensible à une certaine forme de pensée mystique. Mais si l’on considère exclusivement les textes philosophiques, portant l’empreinte indéniable d’Averroès, on penchera vers d’autres qualificatifs. Au fond, on pourrait presque, comme dans le cas de Moïse Maimonide, s’interroger sur l’unité ou la dualité de la pensée d’Eckhar

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  • Un nouveau Premier Ministre pour la France ? Grave erreur…

    Un nouveau Premier Ministre pour la France ? Grave erreur…

     

    Rentré d’une longue semaine de repos en Normandie, je reprends un à un les exemplaires du journal Le Monde que je n’ai pas pu lire durant le temps écoulé et mon regard tombe sur une tribune libre de Lionel Stoléru, ancien secrétaire d’Etat à la formation professionnelle de Valéry Giscard d’Estaing qui recommande de changer de Premier Ministre (Le Monde daté du 30 décembre, page 19)

    Franchement, je ne crois pas que ce soit une bonne idée et l’auteur se sent lui-même tenu de rappeler quelques solides qualités de François Fillon qui ont d’ailleurs soutenu –et largement justifié- son exceptionnelle longévité à Matignon. Mais dans l’énoncé des motifs, censés justifier un tel changement de pied, l’auteur de l’article souligne, je ne le cite qu’en substance, le peu d’autonomie dont dispose l’hôte de Matignon, vis-à-vis de l’Elysée. L’hôte de l’Elysée se voit lui aussi reprocher de ne pas être bien entouré… Soit.

    Mais qui nous garantit qu’un éventuel successeur de M. François Fillon disposera, quant à lui, d’une plus grande liberté de manœuvre, qu’il sera plus écouté et plus suivi ? Au premier coup d’œil, l’observateur attentif (et M. Stoléru en est évidemment un) découvre que ce n’est pas un problème d’homme, mais de système, la présidence de la République étant la clef de voûte de nos institutions… Vous voyez ce que je veux dire : il faut un exécutif fort mais il doit être aussi plus équilibré et les pouvoirs mieux répartis.

    Mais M. Stoléru ne s’arrête pas là. Ayant dessiné ce qui lui paraît être le profil idéal du nouveau Premier Ministre, il jette son dévolu son le caractère et le style d’un Raymond Barre (éminent chef de gouvernement de VGE) et va jusqu’à donner des noms de candidats putatifs dont celui de M. Jean-Claude Trichet… Comme si le président de la République qui a souvent critiqué en termes assez forts la politique de la BCE allait confier les rênes de son gouvernement à l’ancien président de cette institution européenne… M. Stoléru nous avait habitués à des regards plus profonds et plus fouillés.

    Je n’ai encore jamais eu l’honneur de rencontrer M. François Fillon, mais je connais un peu son entourage immédiat. Je puis donc dire et redire que jamais on ne trouvera un homme aussi compétent, ni aussi fidèle, ni aussi loyal que lui.

    Changer d’attelage au milieu du gué alors que le Président ne compte se déclarer candidat à sa propre succession que dans plusieurs semaines serait un geste inconsidéré.

    Et l’intelligence politique nous dit qu’il ne le fera pas.

    François Fillon est très bien à son poste.