Etranges fruits du printemps arabe : l’Egypte, la Tunisie, etc…
Il arrive parfois que la potion soit plus amère que le mal. C’est ce qui risque de se vérifier tant en Egypte qu’en Tunisie. Dans le premier pays, il semble que les autorités, déjà bousculées et malmenées par la rue, soient tentées d’offrir la tête de l’ancien président Hosni Moubarak en guise de victime expiatoire tandis qu’en Tunisie, un président prétendument de gauche et que la France a si généreusement accueilli durant de longues années, reçoit avec des courbettes le chef du Hamas à Gaza, mouvement terroriste reconnu comme tel par l’ONU, les USA et l’UE.
Au fond, il y a des situations qui sont si conflictuelles que toute initiative pour y remédier se révèle vaine. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la décision du président Obama de faire maigrir son armée, de ne plus considérer l’Afghanistan et l’Irak, en somme tout le Proche Orient comme une priorité. C’est l’Asie qui concentre sur elle l’attention de l’hyperpuissance US et cela signifie en clair que Washington n’accorde plus aux Arabes et au conflit israélo-palestinien une importance majeure. On peut comprendre le choix de Barack Obama qui, comme tous les présidents US avant lui, se concentre sur l’alliance indestructible avec Israël, les autres pays recevant, pour les contenter, un peu d’aide américaine.
Pourquoi une telle action ? Les cas de l’Egypte et de la Tunisie nous donnent la réponse.
Au lieu de s’unir, de fêter ensemble le retour à une vie démocratique, de relancer l’économie et le tourisme, la rue égyptienne s’entête à vouloir dessaisir l’armée qui est le facteur politique et économique numéro 1 du pays. Et voici que l’on croit satisfaire tous les mécontents en leur faisant croire que le président Moubarak, véritable homme d’Etat malgré quelques défauts véniels de ces pays (corruption, clientélisme, passe-droits, etc), finira au bout d’une corde. Sauf un grand coup tordu (du style d’une crise cardiaque opportune) jamais l’armée ne permettra que son chef se balance au bout d’une corde. En revanche, le cas de l’ancien ministre de l’intérieur et de ses aides me semble plus compromis…
Avoir fait toute cette révolution pour en arriver là, alors que le tourisme qui est le poumon de l’Egypte, est à l’arrêt… Et cette rhétorique anti israélienne qui n’arrange pas les choses ; j’ai parlé avec des gens qui ne veulent plus aller en Egypte pour cette raison.
Ce qui m’amène en Tunisie où M. Marzouki que l’on croyait attaché aux valeurs démocratiques et à la paix, reçoit avec le sourire le chef du Hamas que le parti islamiste Annahda lui a imposé, car il occupe tous les ministères régaliens. Là aussi le pari est insensé : que vient faire la Tunisie dans cette galère ? Ce petit pays, qui vit du tourisme et des olives, va connaître des lendemains difficiles s’il continue dans cette voie… Il est vrai que dans ces pays ignorant le cartésianisme, le oui et le non n’en sont pas (contrairement à la belle parole des Evangiles : que votre oui soit un oui et votre non un non). On reçoit un homme compromettant mais après son départ on l’oublie…
Tant l’Egypte que la Tunisie ne se relèveront guère si elles persistent dans la voie du populisme : verrait-on l’UE, les USA et le monde libre aider des pays qui agissent de la sorte ? C’est peu probable. Au fond, Barack Obama a peut-être raison, mieux vaut se concentrer sur les problèmes de l’Europe et des USA.