L’interview de Claude Guéant sur BFM TV
La guerre déclarée à la fraude
On le savait depuis un certain temps déjà et un grand quotidien national en avait même fait sa une : les fraudeurs en tous genres (de la sécurité sociale, des Assedic ou d’autres prestations) ne jouiront plus d’une certaine impunité en France. M. Claude Guéant vient de le rappeler avec force, au point de se demander pour quelles raisons cette «croisade» au profit du bien public n’a pas été entreprise plus tôt. Cette absence de réaction énergique, voire ce laxisme des autorités, a conduit un parti bien connu à en faire les mesures phares de son programme pour les élections présidentielles.
Certes, quelques observateurs peuvent se demander si les étrangers sont seuls responsables de ces dysfonctionnements qui ponctionnent indûment les caisses déjà presque vides d’un Etat tenu de mettre de l’ordre dans ses finances, faute de quoi il ne pourrait plus emprunter à des taux acceptables. Or, contrairement à ce parti d’extrême droite, Claude Guéant n’a jamais ostracisé qui que ce soit…
La France est un pays qui a une longue tradition d’accueil et d’intégration des étrangers ; elle a accueilli à bras ouverts les nouveaux venus, elle a même fait de ses immigrés méritants et désireux de s’intégrer pleinement, les meilleurs de ses fils : ouvrez un annuaire des professeurs au Collège de France, le sommet de notre hiérarchie universitaire et vous en serez convaincus. Les noms a consonance «étrangère» y figurent en majorité…
Pourtant, la moindre mesure conservatoire, la moindre réaction face à des abus provoque dans notre pays une véritable levée de boucliers… On peut se demander s’il ne s’agit pas là d’une sorte de «haine de soi» qui consiste à s’accabler soi-même, à s’auto-flageller quand il s’agit des droits des autres qui, empressons nous de le souligner, sont logés à la même enseigne que nous. Mais s’ils ont les mêmes droits, ils ont aussi les mêmes devoirs que les nationaux.
La fonction de ministre de l’intérieur a toujours été difficile et comporte des servitudes spécifiques. Il faut assurer la sécurité sans jamais enfreindre les règles du droit. A de très rares exceptions, ce fut toujours le cas en France. Je me souviens, j’étais alors tout jeune étudiant, et le ministre de l’intérieur s’appelait Raymond Marcellin. Il y eut des doutes sur la conduite inappropriée du ministre. La réaction du président Georges Pompidou fut immédiate : Jacques Chirac fut propulsé Place Beauvau et M. Marcellin se retrouva au ministère de l’agriculture. Ce qui, même dans un pays rural comme la France, n’était pas vraiment une promotion…
Or, s’il y a un homme que sa formation de préfet et ses convictions spirituelles conduisent tout naturellement à respecter le droit et à protéger tous les habitants de ce pays, étrangers compris, c’est bien Claude Guéant. Et, paraphrasant Ernest Renan, je signale que je ne sacrifie pas la critique à l’amitié puisque ce n’est pas la première fois que je prends fait et cause pour le ministre de l’intérieur. Un exemple est plus éloquent que tout autre argument : qui aurait pu, mieux que Claude Guéant, gérer les émeutes des banlieues en 2005, au cours desquelles les forces de l’ordre, pourtant soumises à rude épreuve, n’ont pas fait usage de leurs armes, évitant toute effusion de sang ?
La politique est un exercice souvent cruel et les politiciens excellent à ce jeu. Mais Claude Guéant a apporté avec lui Place Beauvau l’éthique du très grand commis de l’Etat
Maurice-Ruben, HAYOUN
In Tribune de Genève du 28 novembre (Vu de la Place Victor Hugo