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Vu de la place Victor-Hugo - Page 865

  • Le sauvetage de l’Euro, la victoire de la Grèce, le recul des banques

    Le sauvetage de l’Euro, la victoire de la Grèce, le recul des banques

    Les Grecs ont finalement gagné, ils ont fait un calcul injuste, malin, mais très efficace : ils ont compris qu’on ne les laisserait pas tomber et ont, en quelques mois, obtenu sans coup férir un provisionnement de leurs dettes à hauteur de 100 milliards. Les banques ont dû s’incliner sous la pression des Etats, notamment l’Allemagne et la France. Les malins ont gagné mais la morale n’y trouve pas son compte. Certes, les banques exagèrent souvent, nous faisant tout payer au prix fort, y compris les agendas du nouvel an alors il est juste que de temps en tempe elles perdent un peu d’argent. Mais rassurons nous pour elles : ce sont les clients qui vont payer, c’est-à-dire nous tous.

    L’Euro a été sauvé, mais à quel prix et pour combien de temps ? Et en outre, les autre Etats malades de la zone Euro vont vouloir imiter l’exemple grec, comme l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Ils se diront que l’on a fait grâce à leurs voisins méditerranéens de 100 milliards, pourquoi pas eux aussi ? On a donc créé un fâcheux précédent. Il fallait punir la Grèce et que cette punition fût exemplaire, de même que l’on parle de l’exemplarité des peines. Par ailleurs, on donne à ce pays plus de dix ans pour se redresser or nous savons que la culture de ses habitants sanctionne des siècles de laisser-aller. A ce rythme là, même les Turcs auraient raison de demander à rejoindre l’UE et je suis sûr qu’ils feront preuve d’une meilleure orthodoxie comptable.

    En fait, on a trouve des remèdes cosmétiques et apporté des rustines là où il eût fallu changer la chambre à air, voire tout le pneumatique. Il faut aussi comprendre les Etats et leurs gouvernements : on ne pouvait plus laisser les marchés profiter honteusement de la fébrilité de l’Euro et aggraver de cette manière la crise, déjà si forte.

    Il y a un autre aspect qui signe la décadence de ce continent et laisse mal augurer de la suite : ce sont des pays comme la Chine et la Russie, voire le Brésil qui vont mettre de l’argent dans la cagnotte pour garantir la solvabilité du vieux continent. Quel retournement de situation. Incroyable et pourtant vrai.

  • Pouvons nous encore parler d’un couple franco-allemand ?

    Pouvons nous encore parler d’un couple franco-allemand ?

    La crise de l’Euro, mais pas uniquement elle, a servi de révélateur de la disparité existant entre les deux locomotives supposées de la zone monétaire et de la construction européennes : la France et l’Allemagne, ou plutôt devrais-je inverser l’ordre tant l’apparente supériorité (politique, militaire) de la France ne fait plus illusion.

    Depuis près d’une semaine, on ne parle que de cela : les puissances européennes, les deux plus importantes, ne se quittent plus tant la profondeur de la crise n’a d’égale que celle de leurs divergences. Et dans cette lutte d’influence, mon cœur penche du côté allemand car nos voisins d’outre-Rhin -dont je connais bien la culture étant germaniste et ayant enseigné près de vingt-cinq à l’université de Heidelberg- ont vécu des drames historiques en raison, précisément, de crises économiques mémorables, dont la toute dernière avait provoqué l’arrivée au pouvoir du national-socialisme. Ils ont su tirer les leçons de l’Histoire.

    Je me souviens d’un fait qui m’avait marqué au début des années quatre-vingt: jeune professeur associé à la FU (Freie Universität) de Berlin, des années avant la chute du mur, les autorités avaient décrété un train de mesures d’économie pour quelques années. La décision fut si impitoyablement appliquée que le décanat nous fit savoir, en moins d’un an, qu’il fallait revenir à la normale, que les économies avaient été nettement supérieures à ce qui avait été prévu et qu’il fallait désormais revenir à la situation précédente, la situation ayant été assainie. Bref, tous les objectifs avaient été atteints. Pour le Français que je suis, c’était inimaginable. Un tel fait est resté gravé dans ma mémoire. Par ma naissance j’appartiens à ce côté ci du Rhin mais par ma culture et ma formation intellectuelle, je fais partie de l’autre côté

    Aujourd’hui, on ne peut plus parler de l’Allemagne comme d’un nain politique (politischer Zwerg) et d’un géant économique jouissant d’un miracle (deutsches Wirtschaftswunder). Désormais, l’Allemagne occupe toute la place qui lui revient, et tout ce que je souhaite c’est que ce ne soit pas au détriment de la France dont la crédibilité commence à s’effriter outre-Rhin… Ce matin, j’ai entendu sur France 24 une charmante députée du Bundestag dire, dans un excellent français, que l’attitude des Français lors des négociations sur la stabilité financière du continent, faisait planer des doutes sérieux sur notre fiabilité en tant que partenaire… On peut difficilement aller plus loin en termes diplomatiques !

    Alors, ce fameux couple franco-allemand existe-t-il encore ? Pouvons nous encore parler du moteur franco-allemand dans la construction européenne ? J’aimerais y croire. Qui se souvient aujourd’hui que cette disparité avait déjà été pointée du doigt par les autorités allemandes, dès l’élection de Georges Pompidou à l’Elysée : un gestionnaire, disaient-elles alors, a enfin succédé à un visionnaire… En termes plus directs, on voulait dire que la France revenait enfin sur terre et qu’elle prenait ses vraies dimensions. En somme, elle faisait enfin preuve de réalisme.

    Mais nous avons changé d’époque, la guerre froide a disparu, le bloc soviétique n’est qu’un mauvais souvenir et plus aucune menace ne pèse directement sur l’Allemagne, notamment depuis sa réunification. Mais les Français, eux, ne sont pas réveillés et ont continué à vivre comme auparavant, comme si rien n’avait changé autour d’eux… Pendant ce temps là, même un chancelier fédéral socialiste, Gerhard Schröder, réforma la sécurité sociale de son pays, équilibra les comptes publiques et réussit, par une série de mesures impopulaires mais tout de même acceptées, à assainir la situation économique. Certes, la dette allemande (Staatsschulden) est sensiblement équivalente à la nôtre, à cette différence près que nous, nous avons de graves déficits que nos voisins ont pu juguler. Et c’est là toute la différence qui nous a mis dans la situation que nous connaissons.

    Je me permets d’insister : l’Allemagne a raison d’exiger l’indépendance totale de la BCE, toute autre solution donnerait lieu à un laxisme que des politiciens ne manqueraient pas de mettre à profit par pur électoralisme.

    Il y a dans le livre du Deutéronome un certain nombre de lois dont une, en particulier, m’a toujours ému car elle revêt un indéniable caractère éthique : il est interdit de former un attelage à l’aide de deux bêtes de force très inégale, par exemple un bœuf et un ânon. Ce serait inhumain car cela exigerait un trop gros effort pour l’une de ces deux bêtes de somme. Cette image se passe de commentaire.

    Tout n’est pas perdu, si nos compatriotes acceptaient enfin de se remettre au travail, de cesser de vivre au-dessus de leurs moyens et de regarder l’avenir en face. Les Allemands appellent cela : fest in die Zukunft hineinblicken… Nous devrions en faire autant.

    Maurice-Ruben HAYOUN in

    TDG du 26 octobre 2011

  • Le spectre de l’islamisme plane sur la Méditerranée

    Le spectre de l’islamisme plane sur la Méditerranée

     

    Qu’avons nous fait en aidant puissamment la Libye à se débarasser d’un tyran sanguinaire ? Allons nous contribuer à remplacer une dictature par une autre, plus pernicieuse et plus dangereuse ? C’est la question que se posent les chancelleries et les diplomates d’Occident. On a même entendu Alain Juppé évoquer les dialogues interculturels et interreligieux, sans trop de conviction, il faut bien le reconnaître.

     

    On essayait tout juste de se remettre du choc des déclarations du nouveau dirigeant libien que les élections en Tunisie nous fournissaient un nouveau sujet d’iqnuiétude. Le parti islamiste En-nahda arrive en tête des élections de la constituante. Ce qui signifie, en clair, que l’avenir de ce sympathique petit pays méditerranéen, l’écriture de sa constitution, va reposer entre les mains de quelques islamistes qui vont compromettre durablement son avenir et remplacer, ici aussi, une dictature par une autre, celle de rites religieux que la Tunisie avait réussi à éviter jusqu’ici..

     

    Les islamistes ont utilisé dans l’ancienne Carthage les mêmes recettes qu’ailleurs : rechercher la proximité des électeurs en se portant au secours des plus démunis, en les nourrissant, en les convoyant gratuitemlent vers les lieux de vote, bref en monnayant leur soutien contre une adhésion à leur cause. En fait, en surfant sur le chômage, la déshérence soociale etc… C’est ce qui s’est passé en Algérie, au Marco, à Gaza et dans tous les pays arabo-musulmans ou berbéro-musulmans touchés par la crise.

     

    Tant en Tunisie qu’en Libye, c’est la communauté internationale qui a retiré son appui aux dictateurs déchus, compromettant définitivement leur chance de se maintenir au pouvoir. Pour la Libye, ce fut encore plus manifeste puisque ce sont des avions de l’Occident qui ont acquis la supériorité aérienne et des stratèges franco-britanniques qui ont permis la prise de Tripoli par la mer… Regardez ce qui s’est passé à Syrte et à Misrata : les rebelles ont mis des semaines et des mois afvant de les conquérir. Les avions de chasse occidentaux ne voulant pas mettre en péril vie des civils…

     

    Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Le dirigeant libyen, le fameux juge coranique a mis un bémol à ses précédentes déclarations arguant que sa charia était modérée. Mis on est islamiste ou on ne l’est pas ! C’est comme la fameuse ministre soviétique de la culture qui disait qu’une femme n’est jamais UN PEU enceinte : elle l’est ou ne l’est pas.

     

    C’est hélas, la même chose en politique autour de cette chère Méditerranée. Ce qui nous frappe, c’est la propension de certains peuples à voir les clefs de leur salut dans un passé qu’on veut illustre au lieu de s’ouvrir à l’avenir qui peut être réellement radieux. C’est cela le salafisme : privilégier le passé, ou plutôt l’idée qu’on s’en fait au lieu d’affronter l’avenir qui n’est encore écrit nulle part. Et que l’on peut façonner.

     

    Mais pour y arriver il faut avoir des convictions et se mobiliser pour les défendre. L’Occident, en a-t-il ?