Un régime islamiste en Libye ? Avons nous été dupes?
J’ai écouté le discours du président du CNT libyen hier soir sur CNN directement en arabe. Et l’impression que j’en ai retirée est plus floue qu’autre chose. L’homme, Moustafa B. n’est visiblement pas un bon orateur. C’est un homme sans envergure véritable, un leader de transition qui ne laissera pas de traces profondes dans l’histoire de son pays, sinon celle d’avoir servi de fil conducteur vers le changement de régime. Et d’avoir donné à l’Occident une image (faussement ?) rassurante…
Il m’a semblé suivre le disocurs d’un juge coranique, qui remercie D- à tout bout de champ et rend maintes fois grâce à la divine Providence qui a guidé les pas des révolutionnaires et a couronné de succès leurs entreprise risquée. Pas un mot pour la France ni pour la Grande Bretagne, juste une rapide évocation de l’ONU et de l’OTAN qui méritaient tout de même un peu plus qu’une simple mention. Sans les Occidentaux, la Libye ne serait pas libre aujourd’hui. Mais je peux comprendre que l’homme, rompu à l’art de la taqiya, la dialectique islamique, n’ait pas voulu donner l’impression que les révolutionnaires étaient arrivés dans les fourgons de l’étranger, bottés et casqués, bref qu’ils devaient la victoire aux peuples chrétiens de l’Europe et de l’Amérique. Ce serait donc une sorte de discours à consommation intérieure.
Mais ce qui est plus grave, ce sont les gages donnés aux islamistes. ESt-ce un écran de fumée qui se dissipera rapidement ? Franchement, je ne le pense pas et il semble que certaines démissions au sein même du CNT laissent augurer un changement de centre de gravité plutôt inquiétant. Ainsi le juge coranique a dit que le nouveau principe juridique du pays ser fondé sur la charia ; toute loi qui y contreviendrait est désormais nulle et non avnue. Les femmes sont les premières victimes de cette inflexion : plus de mongamie dictée par la loi et interdiction du divorce ! C’est une gifle en plein visage pour la Tunisie voisine qui a été à la pointe du combat pour la condition féminine. Il est vrai que le juge corainque n’est pas à une contradiction près lorsqu’il rend, dans le même souffle, hommage à l’abnégation et à l’esprit de sacrifice de ces mêmes femmes dont il nie aujourd’hui les droits fondamentaux. On sent ici que l’orateur marche sur des œufs.
Avons nous été dupes ? Nous a-t-on instrumentalisés pour instaurer à la place du tyran déchu un régime qui sera pire dans qlelques années ? Je ne le crois pas car nous disposons de maints leviers pour faire échouer une telle évolution.
Par ailleurs, une analyse talmudique du discours (décousu, mal préparé, mal récité, sans transitions claires et dépourvu d’un principe archtitectonqiue, d’une ligne directrice) permet de penser que les concessions faites aux islamistes ne sont que de façade : dire que la chaira est la source de la législation ne veut pas dire que la république sera islamique mais queun pays musulman ne saurait être gouverné par des lois qui entreraient en collision avec les principes de cette religion d’Etat qu’est l’islam.
Enfin, les hommages rendus aux martyrs, aux pays arabes amis, les messages de soutieadressés aux révolutionnaires de Syrie et du Yémen montrent que ce disocurs est un véritable patchwork qui ne permet pas de préjuger de quoi que ce soit mais laisse peut-être (je dis bien peut-être) assez mal augurer de l’avenir.
Comprendrons nous un jour ce monde arabo-musulman resté, durant de si longues années, en bordure de l’évolution générale ? Quand on discute avec certains de nos ambassadeurs en poste dans ces pays, on se demande si on rêve : aurai-je la cruaauté de rappeler la cécité de notre ancien ambassadeur en Tunisie qui, pour donner une réponse à notre gouvernement sur ce qui se passait vraiment sur place, a téléphoné au ministre de l’intérieur qui l’a mené en bâteau… Le pire, c’est son excellence l’a cru et a transmis à Paris, avec les conséquences que l’on connaît.
Un sérieux et profond travail d’adaptation et d’assainissement s’immpose : les élites frnaçaise d’aujourd’hui ne peuvent pas continuer d’œvrer avec une formation d’hier et d’avant-hier… L’essence même de nos interlocuteurs rend nécessaire ce changement. Sans plus attendre.