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Vu de la place Victor-Hugo - Page 945

  • Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

    Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

    Dès notre arrivée, je trouve au D-i un message de mon grand ami véitien, le célèbre écrivain Ricardo Calimani, qui nous invite à visiter le palais vénitien où il habite. Quand nous arrivons chez lui, nous sommes éblouis par ces palais dont la façade n’et pas imposante et ne laisserait jamais deviner que de telles richesses se cachent derrière.

    Après la visite, D- qui a l’œil a tout, repère un petit restaurant juif où els tables sont posées près du canal. Nous nous approchons et découvrons qu’il s’agit bien d’un restaurant israélien mais qui est aussi cacher. Nous nous installons et une charmante jeune fille vient prendre la commande. Je note son accent en français qui n’est pas vraiment parisien mais dont la langue est châtiée.

    Quand elle revient avec les plats commandés, ma femme lui demande où elle a appris le français ; elle répond à Genève ! Je lui dis que j’ai enseigné à la faculté de lettres durant près de dix ans. Son visage s’illumine, elle dit qu’elle doit travailler pour financer ses études et qu’elle compte revenir dans la ville de Calvin pour devenir traductrice en polonais, français, espagnol et italien. Remarquable ! Le monde est si petit.

    Elle nous indique que le vieux Ghetto est très proche. Nous nous y redons et soudain je me souviens de mon auteur judéo-italien, Eliya Delmedigo (le Hellias Cretensis des Latins), le maître d’hébreu de Jean Pic comte de la Mirandole, le protégé du cardinal Frederico Grimani etc… Ce grand philosophe du début de la Renaissance, a vécu un certain temps à Venise. Il a arpenté les mêmes rues. J’avais traduit en 1992 son œuvre majeure, L’examen de la religion (Behinat ha-Dat), parue aux éditions du Cerf…

    Marcher sur les traces d’un tel homme illustre, mort à Candie en 1493, plus d’un demi millénaire après coup.

    Sur la grande place du vieux Ghetto, il y a une guérité occupée par une escouade de carabiniers lourdement armés. On aperçoit des jeunes hassidim de tendance habad (hochma, bina, da’at)

    Quel étrange peuple, chassé de partout mais revient toujours sur les lieux où il a vécu.

  • Venise, Venise, Venise :Murano (III)

    Venise, Venise, Venise :Murano (III)

    Quand vous vous trouvez à Venise, vous ne pouvez pas ne pas prendre le vaporetto pour vous rendre sur cette île de charme qu’est Murano où travaillent les fondeurs de verre, rendus célèbres par le grand film Don Giovanni.

    L’île est un havre de paix, un paradis écologique, un air d’une pureté incomparable. Vous déambulez à travers les ruelles, toujours bordées par les canaux, ce qui fait que si vous devez aller sur l’autre rive, il faut aller vers le prochain pont…

    Nos pas nous conduisent à suivre une petite allée latérale qui ne paie pas de mine. Au bout d’une vingtaine de mètres, D aperçoit une cage d’escaliers donnant sur des étages supérieurs, et en quelque secondes, c’est la révélation ; une usine de lustres de vases, de cristal de Venise. Nous sommes accueillis par un personnel stylé, poli et surtout parlant français sans la moindre faute. Je regarde tous ces trésors qui m’entourent, je me fais présenter quelques articles dont les prix m’affolent même s’ils sont absolument justifiés. Le directeur de l’entreprise se joint à nous et nous consent des rabais importants avec le choix d’emporter les objets ou de les faire livrer à Paris par la DHL. Grand est la tentation.

    Je vois des hanoukiyot en verre coloré, des plaques contenant les dix commandements en hébreu sur une feuille d’or, des vases et des poissons absolument sublimes… On nous conduit en bas pour voir le travail des fondeurs… Sublime, incroyable. Le directeur m’explique que la tradition de Murano remonte à l’an 1291 et que le cristal de Bohême n’est venu qu’après. Je me souviens de beaux objets de Prague, mais rien de comparable avec ce que je vois ici

    Cette Italie, c’est incroyable. Tous les germanistes savent que chaque esprit allemand bien fait, désireux de s’ouvrir au monde et à la culture, devait déjà au Moyen Age, entreprendre le fameux voyage en Italie (Die Reise nach Italien). Le fameux vers de Goethe : Kennst Du das Land, wo die Zitronen blühen ?

    Mais on oublie parfois que Jean Reuchlin, le diplomate et humaniste avait effectué une mission à Rome au début du XVIe siècle. Le fondateur des études hébraïques en Allemagne en profita pour se mettre à l’école du grand commentateur biblique judéo-italien Ovadia Sforno qui lui facilita l’accès à l’hébreu et à la culture juive

  • Venise, Venise, Venise (III) : le bellini de l’hôtel Grand canal et Monaco

    Venise, Venise, Venise (III) : le bellini de l’hôtel Grand canal et Monaco

    Cette boisson est un must qui n’est pas snobe. Certes, ce n’est pas encore vraiment la saison, mais les grands établissements savent y remédier. Il faut du jus de pêche, du vermouth et d’autres ingrédients pour faire un bon bellini. Le tout vous est proposé avec des olives vertes, des amandes grillées salées et fumées. Uu vrai régal !

    Quand vous sirotez ce breuvage si original, vous ne pensez plus ni à l’université ni aux jaloux ni aux méchants, ni même aux envieux, responsables de tant de dissentiment et de tristesse.

    Les gens sont assis sur place Saint Marc aux terrasses des grands cafés, écoutant des concerts de musique classique, servis par des maîtres d’hôtel en livrée immaculée et parlant toujours au moins le français et l’anglais.

    Ah, si je m’étais donné un peu plus de mal à parler l’italien, certes, pas comme je parle l’allemand, je profiterai plus de ce lieu où l’on parle une langue si chantante.

    Mais revenons au bellini : si l’on me demandait de qualifier la boisson la plus caractéristique des régions de France, je penserai au pastis pour Marseille, mais pour Paris ou Genève que dirais-je ? J’avoue ne pas savoir.

    Cette générosité italienne, cet art et cette joie de vivre apparaissent aussi dans l’accueil d’Africains qui font mine de détaler dès qu’une patrouille de police est en vue… Mais voilà, les carabinieri ont, comme par hasard, les yeux ailleurs. L’italien n’oserait pas arrêter, ainsi, devant tout le monde, de pauvres réfugiés quittant leur pays, faut de pouvoir y vivre dignement. Il y a un savoir-faire italien, Comme pour le bellini…