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Vu de la place Victor-Hugo - Page 947

  • la résurrection dans le judaïsme Tehiyyat ha-Métim

    Conférence devant êprononcée à l'abbaye de FONTEVRAULT le vendredi 22 avril à 18 heures (D- voulant)

     

    la résurrection dans le judaïsme

    Tehiyyat ha-Métim

     

    Remarques préliminaires :

    La résurrection des morts est une doctrine cardinale du judaïsme biblique et rabbinique, même si on en a sévèrement restreint l’application par la suite, en raison, principalement en raison des contestations judéo-chrétiennes axées autour de la Résurrection de Jésus.

     

    Dans la Bible :

     

    Deut. 32 ; 39 : je fais mourir et je fais vivre (mémit u-mehayyé). D- apparaît comme le seul qui ait le pouvoir de faire revivre après avoir fait mourir. C’est donc bien de résurrection qu’il s’agit ici.

    I Rois 17 : Elie ressuscite le fils de la veuve de Sidon

    II Rois 4 : Elisée ressuscite le fils de la Shounamite… Mais là se pose un problème de taille : comment un cohen et le prophète en était un, a-t-il pu se rendre volontairement impur au contact d’un cadavre ? Conclusion, l’enfant n’était pas vraiment mort…

    Isaïe 26 ; 19 : Tes morts revivront, comme mon cadavre ils se lèveront. Réveillez vous er chantez vous, vous qui vivez dans la poussière.

     

    Mais c’est dans le livre de Daniel, modèle de toute apocalypse juive classique, que se trouve la référence la plus claire : 12 ; 2 : Et beaucoup de ceux qui gisent dans la poussière se réveilleront… Bizarrement, ce livre de Daniel est classé parmi les Hagiographes et point parmi les prophètes.

     

    En fait, la résurrection est presque toujours reliée à l’ide de justice et d’éthique universelles. Ce qui ouvre la porte à un processus de spiritualisation…

     

    On peut encore citer un verset des Psaumes : we-hu yenahgué al mot (ou mawet) Il conduira par dessus ou par delà la mort. Mais s’agit-il du substantif MORT ou d’u mot d’une divinité païenne ?

     

    LE PROBLÈME DE LA RÉSURRECTION DES CORPS

    C’est un phénomène plus complexe car il succède au passage dans le tombeau. Les Sages répondent que D- a pu créer l’univers et l’homme à partir du néant, a fortiori pourra-t-il le faire à partir d’une matière déjà existante, même à l’état inanimé…

    Saadia Gaon (882-942) expliquait dans son Livre des croyances et des opinions (Sefer Emounot we-dé’ot) que même une personne, à moitié dévoré par un fauve pourrait ressusciter dans son intégrité première puisque D- a pu le créer à partir de rien. A fortiori à partir d’un corps même mutilé ou amputé…

     

    LE RÉSURRECTION FACE À L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME :

    Excellent passage métaphorique du traité Sanhédrin 91a-b (allégorie de l’aveugle et du cul de jatte) : symboles respectifs de l’âme qu’on ne voit pas et du corps qui ne peut pas bouger… Le juge suprême les met l’un sur l’autre et les juges comme une entité unique. C’est un non dogmatique à la dichotomie grecque du corps et de l’âme, de la matière et de l’esprit.

    A elle seule, l’âme ne suffit pas et le corps contribue lui aussi à l’identité de l’homme.

    Donc rejet de la vision grecque la personnalité humaine… Disons aussi que pour les Grecs la Résurrection est une pure vue de l’esprit…

     

    La résurrection, une expérience vécue :

    Berachot 58b : si je ne revois pas un ami pendant 30 jours, je dis la bénédiction suivante en le rencontrant : Shé héhéyanou (qui nous a fait revivre, et après 12 mois : mehayyé ha-métim (résurrecteur des morts)

    ET DANS CE CAS, IL FAUT COMPRENDRE NON PAS DES MORTS MAIS DES MORTELS. Ce qui change entièrement la perspective.

     

    Dans la liturgie : omniprésence de l’idée de résurrection

     

    Dans la prière matinale, il est question de celui qui restitue l’âme à des corps inanimés (ha-mahazir neshamot li fegarim métim.)

    Une légende talmudique enseigne que durant notre sommeil nocturne nous sommes inanimés, comme morts. Et au lever D- nous a redonné vie… en nous rendant notre âme.

     

    Intéressante dialectique entre MORTS ET MORTELS

     

    Ce qui sert de réminiscence scripturaire à cette idée n’est autre qu’un verset du rouleau des Lamentations (3 ;23) : hadashim la-beqarim (Nouveaux ou renouvelés au matin)

    Beréchit rabbi 78 ;1 : Rabbi Simon ben Abba : parce que tu nous renouvelles chaque matin, nous pouvons te faire confiance pour faire revivre les morts pour nous

     

    UNE RÉSURRECTION SPIRITUALISÉE : LA THÉOPHANIE DU SINA

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  • Les révolutions arabes : le cas spécifique de la Syrie

    Les révolutions arabes : le cas spécifique de la Syrie

     

    Suivi hier sur LCI lors de l’émission de Michel Field qui avait invité quelques spécialistes du monde arabo-musulman pour évoquer les suites de la révolution en Egypte, l’éventuel procès de Hosni Moubarak et les développements inquiétants en Syrie.

    Commençons par le pays des Pharaons dont on a déjà parlé ici même : les généraux ne rendront pas le pouvoir et ne peuvent pas lutter efficacement contre le système qu’ils entendent dénoncer puisqu’ils ont contribué puissamment à le mettre en place et à le maintenir en vie. Ils commettent une erreur fatale en offrant à la populace quelques têtes pour, provisoirement, sauver la leur, mais s’ils persistent dans cette voie glissante, leur tour viendra. Enfin, au plan de la démocratie, on n’a jamais vu des militaires arabes rendre gentiment le pouvoir aux civils d’autant que l’oligarchie en Egypte est, avant tout, constituée des chefs des forces armées, le Djich étant la seule force organisée du pays… Traduire en justice les hauts dignitaires de l’ancien régime, aujourd’hui déchu, est, je le répète, une erreur.

    La Syrie, elle, constitue un cas à part et son régime ne s’effondrera pas comme cela fut le cas en Egypte ou en Tunisie : ici, les forces de sécurité et l’armée ont derrière elles une longue tradition de féroces répressions : on l’a vu lorsque Bachar el-Assad est intervenu devant le parlement comme un pantin hilare qui n’avait pas pris la mesure du changement. Et voilà qu’après des centaines de morts et des jours entiers de troubles et de manifestations, il est contraint de lever l’état d’urgence… Ce qui ne plaît pas à tout le monde dans son entourage immédiat. On sent que le front gouvernemental se lézarde et que les durs du régime tiennent encore la corde… Espérons pour eux qu’elle ne servira pas plus tard comme instrument de potence.

    Les USA et l’Arabie Saoudite, deux ennemis de la Syrie baassiste, ne cherchent pas, dans l’immédiat, la chute du régime d’el-Assad car si ce régime tombait brusquement, c’est toute la région qui se déstabiliserait, voire sombrerait dans le chaos. Même Israël observe la situation avec une certaine inquiétude car le régime actuel , pour sanguinaire qu’il soit, préserve le calme à la frontière, même si, par derrière, il arme deux ennemis jurés d’Israël, le Hamas et le Hezbollah.

    L’Arabie Saoudite est engagée dans une terrible guerre de succession : le roi actuel est âgé et peine à se rétablir d’une longue maladie qui le tint éloigné des affaires. Or, les Saoudiens ont été effarés de voir avec quelle insistance les USA ont réclamé le départ d’un homme, Hosni Moubarak, qui a tout fait pour eux au Proche Orient, voire même réclame sa tête sans bouger le petit doigt… Ils ne veulent donc pas subir le même sort et c’est ainsi qu’ils bravé l’interdit US en envoyant des blindés à Bahreïn… C’est dire si la confiance règne. Pour leur part, les USA expliquent à qui veut les entednre qu’ils ne permettront jamais l’émergence d’un nouvel Iran…

    Enfin, restent le pétrole et les sources d’approvisionnement des USA et de l’Europe pour lesquels les nations sont souvent partis en guerre… Les Américains jouent leur petit jeu perso en dialoguant avec toutes les parties, y compris les Frères Musulmans, qu’ils essaient d’amadouer en leur promettant de ne pas les contrer s’ils ne franchissent pas certaines lignes rouges : la sécurité d’Israël et l’approvisionnement en pétrole. C’est de bonne guerre, mais tout de même.

    Et quand on voit que M. Obama est en retrait en Libye uniquement pour favoriser sa réélection, on se demande à qui on a à faire…

    Ceci conduit à penser que les USA tiennent en réserve toutes les options possibles sur le cas syrien : pour le moment, ils ne soufflent pas sur les braises et observent, mais dès qu’ils repéreront un homme ou un parti susceptible de l’emporter, ils tenteront d’avoir barre sur lui, à la seule condition qu’il s’engage à respecter les deux points signalés supra

    Et pendant ce temps, les Syriens se font tirer dessus et les civils à Misrata comptent plus de mille morts. Qui dit mieux…

  • La semaine sainte: Pâques et Pessah

    De la sortie d’Egypte à la Résurrection…

    Comment sommes nous passés d’une célébration consacrée à la sortie d’Egypte à un événement de tout autre nature, la Résurrection de Jésus? Juifs et chrétiens célèbrent, qui la semaine sainte, qui Pessah ; cette fête a débuté lundi soir et durera sept jours, au cours desquels on ne mange que du pain azyme, la matsa. Comme toutes les fêtes religieuses, cette célébration trouve son origine dans la ronde des saisons, en l’occurrence, le printemps. A l’origine, il y avait deux célébrations, très proches l’une de l’autre, et qui finirent par fusionner : celle du pain azyme et celle de l’agneau pascal. Bergers et cultivateurs se réunissait pour un grand repas au cours duquel on immolaiait un agneau ; cette réunion fusionna ensuite avec la fête du pain azyme qui marque l’Exode d’Egypte lequel constitue le premier événement national des hébreux en tant que peuple.

    L’Exode relété par la Bible hébraïque, et la Résurrection de Jésus, lue dans les Evangiles, sont des événements majeurs de l’Histoire sainte. de «mythes fondateurs» qui gisent au fondement même de la foi.

    Alors que la fête de Pâque renvoie à un épisode biblique unique, sa commémoration diverge profondément selon qu’il s’agit de la tradition juive ou de la tradition chrétienne. Chacune voit dans cette célébration pascale un épisode crucial de son vécu religieux..

    Le nom de la fête de Pessah, la Pâque juive, provient, selon l’étymologie biblique d’une verbe signifiant passer, enjamber. Ce serait donc un rituel de passage d’un état à un autre, de l’esclavage à la liberté, en l’occurrence.

    Après la Passion, l’Eglise primitive revisita son histoire dans laquelle elle projeta son vécu religieux immédiat. L’Eglise, encore juive, pouvait puiser dans son nouveau terreau un autre événement, tout aussi important aux yeux du judaïsme ancien, la Résurrection. Vu la proximité de Pessah et la terrible déception qui s’était abattue sur les Apôtres, la fête prenait une autre dimension et devenait celle de la Résurrection et Jésus, l’agneau pascal, l’objet même du sacrifice.

    Un passage très expressif du prophète Osée (6 ;2) contient tous les ingrédients de la Résurrection, telle qu’elle se lit dans les Evangiles: «Il nous fera revivre après deux jours ; au troisième jour il nous ressuscitera et nous revivrons devant lui…» Comme la communauté de Jérusalem baignait dans un environnement exclusivement juif et que des hommes tels que Jacques étaient de fins lettrés, est-il concevable que ces juifs aient ignoré un tel verset prophétique ? Or ce verset commence par évoquer les blessures subies et que Dieu vient justement guérir…

    Dans le sillage de Philon d’Alexandrie, l’exégèse patristique est allée dans la même direction en allégorisant la prescription majeure de la fête pascale : la consommation de pain azyme qu’elle interprète comme une exhortation à la modestie et à l’humilité alors que le pain levé, couramment consommé, évoque un cœur humain gonflé d’orgueil. Quant à l’Egypte ancienne prétendument esclavagiste, Philon d’Alexandrie n’y voit que l’allégorie d’un espace dénué de spiritualité et d’amour du prochain. Ne devrait-on pas s’inspirer d’un si haut exemple ?