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Vu de la place Victor-Hugo - Page 984

  • LES ETATS UNIS, L’EGYPTE ET ISRAËL

    C'est effectivement une trilogie qui est à l'œuvre dans l'épreuve que traverse l'Egypte. Ou plus exactement la haute hiérarchie militaire égyptienne dont le chef d'Etat-Major est précipitamment rentré de Washington où l'avaient conduit des mises au point entre alliés. Car, depuis fort longtemps, les USA sont implantés en Egypte dont ils soutiennent le régime et équipent l'armée.

    Durant la nuit, le président Moubarak a pris la parole et il y a fort à parier que les USA ont co-écrit son discours. Cela n'a rien d'étonnant car les USA ne peuvent se permettre de perdre l'Egypte, pivot de leur politique au Proche Orient, aux côtés, évidemment, de l'Arabie Saoudite.

    Une petite remarque avant de poursuivre : l'actuel locataire de la Maison Blanche a enfin compris, à la suite de tant de crises, combien il était difficile de traiter avec de tels gouvernements, imprévisibles, anti-démocratiques et généralement corompus, ne faisant pas le départ entre le bien public et leurs intérêts personnels. En d'autres termes, des clans fermés qui gouvernent sans se soucier de la vie des peuples. M. Obama a enfin compris la situation, ce qui explique probablement qu'il ait définitivement renoncé à exercer la moindre pression sur son fidèle allié israélien, état démocratique, bien formé et disposant d'une puissante armée. Donc à l'abri de mauvaises surprises.

    Partant, l'aventure égyptienne se joue à trois : la principale intéressée, l'Egypte, mais aussi son puissant protecteur les USA et enfin, le partenaire incontournable, Israël. Le pays des Pharaons est le plus puissant et le plus prestigieux des pays arabes. Sous la fardeau de la dette et de maigres moyens, ce pays a enfin compris, après de tentatives infructueuses, qu'il fallait mettre un terme à l'état de belligérance avec l'Etat juif. Il a donc signé une paix un peu froide, mais une paix tout de même, avec son voisin. Enfin, en guise de récompense, il a reçu de l'armement et de nombreux avantages. En Egypte, depuis la révolution des officiers libres, c'est l'armée qui dirige. Et les USA ont obtenu d'elle qu'elle ne lâche pas le président Moubarak, issu de ses rangs, trop brutalement. Mais il est évident que c'est elle qui veillera à ce que le pays ne tombe pas en de mauvaises mains. Car toute la crédibilité des USA dans la région serait en cause : que penseraient les gouvernements de la Jordanie, de l'Arabie et de l'Irak, si les USA ne surveillaient pas la situation et ne parvenaient pas à imposer leurs vues en Egypte alors qu'ils disposent de tant d'atouts dans ce pays ?

    C'est le message que l'ambassadrice des USA au Caire a transmis à Mohammed Al-Barradei qui s'apprêtait à tirer les marrons du feu et se voyait déjà à la place du président Husni Moubarak. Du traitement de ce dernier par les USA dépendra l'avenir de leurs relations avec le monde arabe. Si les USA se révèlent être un allié peu stable, qui pourrait continuer à leur faire confiance ? Le spectre de Jimmy Carter tournant le dos au Chah d'Iran, une semaine après l'avoir rencontré à Téhéran, hante les esprits. Il y a des limites à la Realpolitik.

    Car l'Iran veille et souhaite ardemment que les autres pays islamiques fassent défection et le rejoignent. M. Obama n'a probablement pas lu le Général de Gaulle qui écrivait justement, vers l'Orient compliqué, je voguais avec des idées simples. Désabusé, il constate avec amertume que le discours prononcé au Caire n'a eu aucune retombée positive. Dommage.

     

  • L'armée lâche Husni Moubarak

    V

     

     

    L’imminent départ du président Hosni Moubarak

     

    Etant à Genève pour assurer mes obligations, je n’ai pu alimenter le blog, ce dont vous voudrez bien m’excuser. La situation en Egypte que j’ai pu suivre depuis Genève sur Al-Djazira et Al-Arabya évolue toujours dans le même sens. Mais les Egyptiens éduqués et cultivés savent agir dans la nuance : ainsi l’armée égyptienne a affirmé solennellement par la voix de son porte parole qu’elle ne tirerait jamais sur les manifestants dont les revendications lui semblent légitimes : c’est que l’armée, tout en ne condamnant pas le régime de Moubarak qui l’a choyée, prend ses distances. En fait, l’armée pense déjà à l’après Moubarak.

    Les historiens et les sociologues disserteront sûrement à perte de vue sur ce qui s’est passé, en réalité. Ce fut un ras le bol généralisé, le raïs étant malade, trop vieux et usé par trois décennies de pouvoir absolu. L’armée avait déjà décroché lorsqu’elle fit savoir qu’elle n’accepterait pas le fils Gamal Moubarak. Le raïs avait tenté de la contourner et voilà le résultat.

    Ce qui pose problème à présent, c’est ce qui va se passer après le départ de Moubarak. L’armée ne permettra jamais aux Frères Musulmans de venir imposer leur dictature anti-démocratique et fanatique… Allez demander aux Coptes (près de huit millions en Egypte) ce qu’ils pensent des Frères musulmans…

    Il y a une réaction des Iraniens qui brille par son incroyable cynisme : alors que le régime des Mollahs n’a pas hésité à faire tirer sur la foule des manifestants, son ministre des affaires étrangères se félicite des événements en Egypte où l’armée, précisément, ne tire pas et respecte les droits civiques des citoyens. Ce que la république islamique ne fait pas.

    Mais les Egyptiens sont un peuple mature qui sait où se trouvent ses vrais amis. Il ne choisira pas l’aventure, ce qui ramènerait l’Egypte trente ans en arrière et la ruinerait encore plus, si elle quittait le camp des USA et cherchait noise à son puissant voisin.

    Souhaitons que la transition se fasse en bon ordre.

  • Clint EASTWOOD

    AU DELA, LE FILM DE CLINT EASTWOOD

    Hier soir, à Deauville, nous avons vu le film de Clint Eastwood qui parle des relations entre le monde des vivants et celui des ombres, des morts. Etonnant de la part d’un homme comme Eastwood, mais peut-être pouvons nous ramener cet intérêt pour l’au-delà à l’âge du célèbre acteur.
    L’intrigue est bien nouée, bien qu’elle soit triple : autour d’un petit garçon qui a perdu son frère jumeau, autour d’un homme médium qui peut faire parler les morts, une sorte de nécromancien mais sympathique et enfin, une séduisante jeune femme qui échappe à un tsunami et qu’on lui crut mort, mais qui, par miracle, a survécu.

    Mais voilà, personne ne la prend au sérieux lorsqu’elle entreprend de raconter ses sentiments, elle qui fut dans le vestibule de la mort. Arrive alors ce garçon qui brûle d’envie de parler à son frère arraché par la mort…

    La suite, vous la devinez, la superbe jeune femme (Claire de France) renoue avec l’amour et le succès…

    Mais au-delà de ce happy end, c’est toute une problématique métaphysique qui est abordée : la vie dans l’au-delà, pouvons nous communiquer avec le monde des ombres ? Les morts s’intéressent-ils à nous qui sommes encore dans cette vallée des larmes ? Peuvent-ils exercer une sorte d’influence tutélaire, nous protéger ? Il faut relire l’Ecclésiaste mais la réponse de Clint Eastwood me semble plus optimiste et plus romantique. Mais est elle plus véridique ?