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Vu de la place Victor-Hugo - Page 985

  • Les réseaux sociaux (Face Book, Twitter, etc) et les dictatures

    Les réseaux sociaux (Face Book, Twitter, etc) et les dictatures

     

    Entendu, vu ce matin sur BFM TV : les réseaux sociaux ont grandement participé à la chute et à la fuite du dictateur tunisien en dépit d’un contrôle très serré des organes de presse, écrite et parlée. On a l’impression qu’à travers les ondes, mais de manière absolument irrépressible, les nouvelles, les communications entre internautes ont défié le pouvoir en place, provoquant sa chute quasi-immédiate et sa fuite éperdue à l’étranger.

    Mais cette télévision française ne s’en est pas tenue à cela. Elle a présenté un tableau de contagiosité des autres régimes arabes dictatoriaux et a fait état de ceux qui seraient susceptibles de s’effondrer comme des châteaux de cartes. Et, à ma grande surprise, celui que les internautes arabes visent, celui qu’ils placent immédiatement sur la liste est le régime syrien de Bachar el Assad. J’avoue ma surprise, non point que ce régime brille par son respect scrupuleux de la démocratie mais parce que les internautes arabes ont établi un parallélisme entre la nature des deux dictatures : un volet politique qui fruste les habitants de toutes les libertés, mais aussi un volet économique qui révèle des similitudes frappantes avec le désossement de l’économie syrienne…

    La télévision exposait aussi le contenu des messages échangés entre les internautes de tous ces pays qui voient s’ouvrir devant eux des perspectives inespérées, voilà tout juste quelques semaines…

    Il est indéniable que si un régime enfin démocratique voyait le jour à Damas, plusieurs gouvernements et plusieurs pays, dont le pauvre Liban, pourraient pousser un soupir de soulagement. Cela changerait tant de choses.

    Le malheur est que la comparaison entre la Tunisie et la Syrie n’est pas parfaite. Il y a même une différence de taille qui change entièrement la donne : l’armée tunisienne, réduite et constituée d’hommes du peuple, non fanatisés par des doctrines politiques extrémistes, n’a pas voulu tirer sur le peuple alors que l’armée syrienne, sur le pied de guerre avec Israël depuis des décennies risque de réserver des surprises, non point aux gouvernants mais au peuple manifestant.

    Souvenons nous de ce qui s’était passé à Hamma il y a plusieurs décennies : une révolte avait occis des dizaines de jeunes cadets militaires. Le pouvoir en place a pratiquement rasé les poches de résistance, même lorsque les insurgés se sont retranchés dans des lieux du culte. Ils furent pulvérisés par l’artillerie lourde.

    Enfin, ce Proche Orient ! Un seul pays n’a pas souci à se faire de ce point de vue, car c’est une démocratie parlementaire absolue : Israël.

  • les dictatures arabes menacées par la contagion tunisienne ?

    les dictatures arabes menacées par la contagion tunisienne ?

     

    Il faut le redouter. Mais d’un autre côté, si c’est l’unique manière d e faire rentrer tous ces pays dans les vertus démocratiques, eh bien, que les peuples opprimés se mettent au travail.

    J’ai écouté hier et avant hier sur les télévisions arabes des reportages faisant état d’au moins un ou deux cas d’hommes qui se seraient immolés par le feu, pour suivre l’exmple tragique de ce pauvre jeune homme de Sidi Bouzid, l’homme dont le sang a permis à la Tunisie de prendre enfin le sentier de la liberté. Il s’agit d’un Egyptien, d’une part, et d’un Algérien, d’autre part, qui se serait immolé à Tébessa, loin d’Alger.

    Le problème est que les désordres subséquents aux révolutions pourraient dégénérer et les islamistes, généralement mieux organisés, tenter de tirer les marrons du feu.

    On lit dans le Figaro d’avant-hier que des affiches et des pancartes islamistes commencent à faire leur apparition. Mais, d’autres manifestants ont intimé le silence à ces personnes qui tentaient de les frustrer de leur victoire.

    Pour ce qui est des régimes menacés au premier chef, on parle surtout de l’Algérie, du Yémen et de la Syrie. Des pays qui gagneraient à assouplir leur régime. Le feront-ils ? Auront-il la sagesse et le courage de se réformer ? Ce serait bien et cela éviterait à leurs peuples respectifs des souffrances dont ils n’ont été que trop abreuvés depuis si longtemps.

  • La situation en Tunisie : la France a-t-elle fait fausse route ?

    La situation en Tunisie : la France a-t-elle fait fausse route ?

     

    Décidemment, le lien, le cordon ombilical, pourrait-on dire, entre la France, ancienne puissance tutélaire et son protectorat, en l’occurrence, la Tunisie, a du mal à se distendre ou simplement à s’estomper. Alors que la révolution dite du jasmin (on oublie que ce terme provient de la l’arabe yasmine, comme d’ailleurs couffin ou toubib ou encore mousseline qui vient de la ville de Moussoul)) est en passe de s’affirmer malgré des troubles somme toute prévisibles, certains, en France, entendent instruire le procès de l’incompétence ou de l’impéritie de notre diplomatie : pourquoi n’a-t-on rien vu venir ?

    En fait, on ne peut pas faire ce reproche aux seuls diplomates, même si tous nos chefs de poste à l’étranger sont nos yeux et nos oreilles. Ce sont les ambassades qui renseignent et conseillent le gouvernement, lequel est seul à décider de la marche à suivre. Dans ce cas d’espèce, la Tunisie, avec tout le respect dû aux plus hautes autorités de l’Etat, il y a eu maldonne, et singulièrement les réactions étranges de certains ministres proposant d’aider, de manière insolite, il faut bien le reconnaître, un dictateur à rétablir l’ordre dans son pays.

    Mais il ne faut pas instruire à charge, exclusivement. Les choses sont allées trop vite. Ce qui donne à titre posthume encore une fois raison à la phrase de Clausewitz ( De la guerre) : Les conflits ne naissent pas de la volonté des hommes, mais de la rupture d’équilibres…

    Les trois prestations télévisions de l’ancien chef d’Etat tunisien tendaient à faire croire qu’il avait repris les choses en main et qu’il était aguerri par un quart de siècle de règne sans partage. Les Etats étant ce qu’ils sont, nul ne doit s’étonner de ce qui est arrivé. Après tout, je me souviens de ce que Henry Kissinger, monstre sacré de la politique internationale, disait de l’ancien dictateur de Panama, qui purge actuellement une peine de prison dans l’Hexagone : c’est un fils de p…, mais le problème, c’est que c’est bien NOTRE fils de p…

    Je ne transfère pas une telle appellation au président tunisien déchu, mais il faut bien reconnaître que nul ne songeait à s’en prendre à lui, pas même les USA, ni l’ONU, qui organisa chez lui, il y a peu, une manifestation internationale. Cet homme passait pour l’unique rempart contre l’islamisme. Et je ne suis pas loin de penser qu’il serait encore là s’il n’avait pas cédé à cette dérive mafieuse qui le conduisit à laisser ses proches mettre son pays au pillage.

    Mais revenons au sujet : la France a-t-elle fait fausse route ? Oui, c’est probable, même s’il eut été difficile de rapprocher l’immolation du jeune diplômé de Sidi Bouzid de l’immolation de Jan Palach, jadis en Prague, après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Et qui déclencha un mouvement d’une ampleur insoupçonnée.

    Mais au-delà des réactions compassées de quelques diplomates de l’ancienne école, qui craignent d’aller à l’encontre de la pensée unique et de freiner ainsi leur carrière, il y a un véritable effort à faire, dans le domaine du renseignement.

    Que nous arriverait-il si d’autres jeunes gens s’immolaient dans les deux autres pays d’Afrique du nord, dans lesquels nous avons, jadis, exercé notre autorité ? Pour l’instant, le peuple tunisien, descendant des Carthaginois, n’est pas encore secoué par un ressentiment anti-français. Mais prenons garde et surveillons l’évolution de la situation, sur place comme dans les deux autres pays voisins, comme on surveille le lait sur le feu. Ainsi, nous n’aurons pas de mauvaises surprises.

    Enfin, la France a tout de même bien redressé la situation, et suffisamment vite : d’une part, en faisant savoir qu’il ne fut jamais question d’accueillir le fuyard chez nous et d’autre part en plaçant ses avoirs et ceux de ses proches sous séquestre.

    Et enfin, en proclamant notre solidarité avec le peuple tunisien en lutte pour recouvrer sa liberté.

    C’est le retour de la France des droits de l’homme…