Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 9

  • Venise, Venise, Venise : le pont des soupirs (IV)

    Venise, Venise, Venise : le pont des soupirs (IV)

    Savez vous ce qu’est le pont des soupirs ? En arrivant au D- i, tout près de l’hôtel, nous voyons un pont avec d’innombrables touristes qui en obstruent la voie de passage. Les appareils photos crépitent, les portables en font de même, les flashs fusent. Mais pourquoi donc un tel engouement pour un simple pont.

    La réponse nous est fournie par le maître d’hôtel du Harris bar, restaurant à la mode très prisée à Venise : les bagnards, en route vers la prison ou les condamnés à mort soupiraient en regardant ce dernier pont, conscients qu’ils ne reviendraient plus dans leur chère cité. D’où leurs soupirs.

    Aujourd’hui, on vous demande de faire un vœu quand vous le traversez, ce pont.

    Curieux comment la conscience humaine tente de dépasser les mauvais moments de son passé. Cela m’a fait penser au jeu de mots qui entoure la célèbre place de Marrakecj, Djama’ al-fna, en arabe le lieu de l’exécution capitale. Au lieu de dire al-fna on dit aujourd’hui al-fannane, qui veut dire les musiciens.

    En lieu et place des hurlements des condamnés à mort, décapités, on pose les sons mélodieux du ‘oud…

  • Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

    Venise, Venise, Venise : le vieux Ghetto (III)

    Dès notre arrivée, je trouve au D-i un message de mon grand ami véitien, le célèbre écrivain Ricardo Calimani, qui nous invite à visiter le palais vénitien où il habite. Quand nous arrivons chez lui, nous sommes éblouis par ces palais dont la façade n’et pas imposante et ne laisserait jamais deviner que de telles richesses se cachent derrière.

    Après la visite, D- qui a l’œil a tout, repère un petit restaurant juif où els tables sont posées près du canal. Nous nous approchons et découvrons qu’il s’agit bien d’un restaurant israélien mais qui est aussi cacher. Nous nous installons et une charmante jeune fille vient prendre la commande. Je note son accent en français qui n’est pas vraiment parisien mais dont la langue est châtiée.

    Quand elle revient avec les plats commandés, ma femme lui demande où elle a appris le français ; elle répond à Genève ! Je lui dis que j’ai enseigné à la faculté de lettres durant près de dix ans. Son visage s’illumine, elle dit qu’elle doit travailler pour financer ses études et qu’elle compte revenir dans la ville de Calvin pour devenir traductrice en polonais, français, espagnol et italien. Remarquable ! Le monde est si petit.

    Elle nous indique que le vieux Ghetto est très proche. Nous nous y redons et soudain je me souviens de mon auteur judéo-italien, Eliya Delmedigo (le Hellias Cretensis des Latins), le maître d’hébreu de Jean Pic comte de la Mirandole, le protégé du cardinal Frederico Grimani etc… Ce grand philosophe du début de la Renaissance, a vécu un certain temps à Venise. Il a arpenté les mêmes rues. J’avais traduit en 1992 son œuvre majeure, L’examen de la religion (Behinat ha-Dat), parue aux éditions du Cerf…

    Marcher sur les traces d’un tel homme illustre, mort à Candie en 1493, plus d’un demi millénaire après coup.

    Sur la grande place du vieux Ghetto, il y a une guérité occupée par une escouade de carabiniers lourdement armés. On aperçoit des jeunes hassidim de tendance habad (hochma, bina, da’at)

    Quel étrange peuple, chassé de partout mais revient toujours sur les lieux où il a vécu.

  • Venise, Venise, Venise :Murano (III)

    Venise, Venise, Venise :Murano (III)

    Quand vous vous trouvez à Venise, vous ne pouvez pas ne pas prendre le vaporetto pour vous rendre sur cette île de charme qu’est Murano où travaillent les fondeurs de verre, rendus célèbres par le grand film Don Giovanni.

    L’île est un havre de paix, un paradis écologique, un air d’une pureté incomparable. Vous déambulez à travers les ruelles, toujours bordées par les canaux, ce qui fait que si vous devez aller sur l’autre rive, il faut aller vers le prochain pont…

    Nos pas nous conduisent à suivre une petite allée latérale qui ne paie pas de mine. Au bout d’une vingtaine de mètres, D aperçoit une cage d’escaliers donnant sur des étages supérieurs, et en quelque secondes, c’est la révélation ; une usine de lustres de vases, de cristal de Venise. Nous sommes accueillis par un personnel stylé, poli et surtout parlant français sans la moindre faute. Je regarde tous ces trésors qui m’entourent, je me fais présenter quelques articles dont les prix m’affolent même s’ils sont absolument justifiés. Le directeur de l’entreprise se joint à nous et nous consent des rabais importants avec le choix d’emporter les objets ou de les faire livrer à Paris par la DHL. Grand est la tentation.

    Je vois des hanoukiyot en verre coloré, des plaques contenant les dix commandements en hébreu sur une feuille d’or, des vases et des poissons absolument sublimes… On nous conduit en bas pour voir le travail des fondeurs… Sublime, incroyable. Le directeur m’explique que la tradition de Murano remonte à l’an 1291 et que le cristal de Bohême n’est venu qu’après. Je me souviens de beaux objets de Prague, mais rien de comparable avec ce que je vois ici

    Cette Italie, c’est incroyable. Tous les germanistes savent que chaque esprit allemand bien fait, désireux de s’ouvrir au monde et à la culture, devait déjà au Moyen Age, entreprendre le fameux voyage en Italie (Die Reise nach Italien). Le fameux vers de Goethe : Kennst Du das Land, wo die Zitronen blühen ?

    Mais on oublie parfois que Jean Reuchlin, le diplomate et humaniste avait effectué une mission à Rome au début du XVIe siècle. Le fondateur des études hébraïques en Allemagne en profita pour se mettre à l’école du grand commentateur biblique judéo-italien Ovadia Sforno qui lui facilita l’accès à l’hébreu et à la culture juive