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Vu de la place Victor-Hugo - Page 485

  • Religion et culture: vers une déchristianisation de l'Europe et de la France?

    Religion et culture; vers une déchristianisation de la France et de l’Europe? Ce n’est pas la tarte à la crème, ce n’est pas un thème éculé, usé jusqu’à la corde. Depuis des décennies, la vie sociale en Europe, mais aussi la vie politique, désapprend les valeurs qui gisent au fondement de nos sociétés européennes. Certes, le législateur, dans sa sagesse, a tenté de désamorcer la bombe que représente certains empiétements de la religion sur la vie sociale. Mais aujourd’hui, on réalise qu’on a peut-être commis quelques confusions et que l’on a méconnu la genèse religieuse du politique. Peut-être sommes nous allés trop loin. Dans l’histoire du développement de l’intellect humain, la religion, la magie, le charme de sorciers et des rebouteux a , et de loin, toujours précédé les formes scientifiques de ces mêmes phénomènes, tels que nous les vivons aujourd’hui. Il existe un danger à vouloir priver un pays ou un continent des valeurs spirituelles et religieuses qui ont généré sa culture. Or, de plus en plus d’indices montrent que l’inculture, la mémoire courte, la légèreté et tant d’autres éléments aussi peu recommandables, sont à l’œuvre pour déraciner des civilisations. Tout en me reconnaissant entièrement dans la laïcité, je pense que la tradition chrétienne ou judéo-chrétienne s’enracine dans un ensemble formé par les Ecritures, juives et chrétiennes, qui, au fond, malgré des désaccords théologiques profonds, disent la même chose, quand on s’en tient aux fins dernières, c’est-à-dire à l’eschatologie. Il arrive un moment où une vérité religieuse, même inadéquate au plan historique, finit par acquérir le statut d’une véritable Vérité (wahre Wahrheit). Dans la vie de tous les jours, le calendrier civil a beaucoup emprunté au calendrier rituel. Même les Européens les plus déchristianisés et les plus déjudaïsés, selon les cas, ne peuvent s’en priver. Qui accepterait qu’en Europe, le 25 décembre et le 1er janvier ne soient plus considérés comme des fêtes ? Une nation, comme disait Renan, c’est un lien spirituel, assez indéfinissable, avec lequel on vit mais quand il menace de disparaître, plus rien ne tourne rond. La France et l’Europe ont d’autres problèmes à régler . Et sans l’héritage judéo-chrétien, la France ne serait plus la France. Ni l’Europe l’Europe.

  • L'inexorable ascension de MArine Le Pen

    L’inexorable ascension du parti de Marine Le Pen

    Pour Marine Le Pen, les semaines se suivent et se ressemblent. Sans qu’elle s’exprime, sans qu’elle se manifeste plus que de raison, son parti grimpe dans les sondages : c’est presque un effet mécanique. Sans préconiser de mesures révolutionnaires et en se contentant de surfer, pour ainsi dire, sur les thèmes de prédilection du FN, elle avance. Et c’est reconnaître que les partis traditionnels de droite comme de gauche, sont en chute libre aux yeux de l’opinion qui leur reproche un discrédit sans appel. Il y a un seul point que le FN maintient contre vents et marées alors qu’il est intenable, voire stupide, c’est la sortie de l’Euro. Ce qui est absolument irréalisable mais auquel le FN se cramponne en sachant très bien qu’on pourra revoir la question en cas de victoire électorale significative. Après tout, dans l’autre camp, celui de l’extrême gauche grecque, on a fini par s’assagir et par s’adapter aux circonstances. Mais voilà, on est au pouvoir et on y reste.

    La désaffection qui frappe dans une égale mesure les deux grands partis représentés au parlement pourrait avoir de très graves conséquences. Les Français sont fatigués, lassés de voir que les promesses électorales ne sont pas tenues, que les hommes politiques ne rêvent que d’une chose, leur réélection, et que l’intérêt général est sans cesse relégué à l’arrière-plan.

    La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : comment faire pour stopper cette tendance qui semble très lourde ? Le FN va commencer par les départementales, ensuite les régionales, puis les législatives et enfin la présidentielle. Si l’UMP ne stoppe pas l’hémorragie, elle risque d’être éliminée. La même chose vaut du PS !

    Rendez vous compte : ces deux partis ne se battent plus pour la première mais pour la seconde place. Tant la première place, du moins au premier tour, est acquise au FN.

    Ce parti est il en mesure de gouverner le pays ? Franchement, j’en doute fortement. Aucun de ses leaders nationaux n’en a la capacité, pas même Marine qui n’a jamais été députée, tandis que son père, désormais trop vieux, l’a été.

    Il faut agir sur ces trois leviers dont le FN a fait sa galette : la lutte contre l’immigration, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre le chômage.

    C’est là qu’il faut porter le fer. Et le FN l’a très bien compris depuis fort longtemps.

  • Un meurtre politique dans la Russie de Vladimir Poutine?

     

    Un meurtre politique dans la Russie de Vladimir Poutine?

    L’assassinat d’un grand opposant politique à Poutine, Boris Nemtsov, est probablement la goutte d’eau (de sang ?) qui va faire déborder le vase des horreurs jalonnant le règne sans partage du maître du Kremlin. IL est vraiment trop tôt pour accuser qui que ce soit ou fulminer des anathèmes. Comme le disait un commentateur russe installé en France depuis bien longtemps, c’est la Russie de Poutine qui signe ainsi sa radicalisation, son état désespéré face aux sanctions occidentales qui affectent la vie quotidienne des gens, et qui est en guerre, notamment dans l’est de l’Ukraine. V. Poutine a déclenché un processus qui a commencé par le servir lui et les intérêts qu’il défend mais qui commence à se retourner contre lui et contre ce qu’il représente. Apparemment il ne le maîtrise plus.

    Aujourd’hui, un pas nouveau a été franchi. Les dirigeants des grandes puissances occidentales, en réagissant comme ils l’ont fait, montrent qu’il ne s’agit pas d’un simple fait divers : quand donc le président US exige-t- il un procès transparent dès qu’un homme ou une femme est assassiné sur la voie publique ? Il est clair que tous ces dirigeants, généralement bien informés, subodorent quelque chose qui n’est pas si simple… Poutine a réagi en parlant d’un acte de provocation visant à le placer lui-même dans une position hautement délicate. C’est possible, rien n’est à exclure. Mais lorsque vous écoutez les journalistes égrener la liste d’assassinats politiques ces dix dernières années tant à Moscou qu’ailleurs dans le monde, vous vous interrogez avec insistance : à qui donc profite le crime ? Et quel est le dénominateur commun de toutes ces victimes : elles étaient toutes des opposants politiques au régime russe actuel.

    De là à se servir de cette analogie pour accuser le régime actuel il n y a qu’un pas qu’on ne doit  franchir que s’il y a des preuves. Et pour le moment il n y en a pas.

    Un mot sur la conduite des affaires par V. Poutine : depuis un certain nombre d’années, la Russie, ancienne grande puissance mondiale, est gouvernée par deux personnes qui effectuent une sorte de rotation au sommet du pouvoir : un président, ancien premier ministre et un ancien premier ministre qui va redevenir président. On a l’impression qu’il s’agit d’un condominium bien établi qui se pare des oripeaux de la démocratie, ce que l’opposition sur place conteste avec force.

    Ce régime, autoritaire à l’intérieur, est très belliciste à l’extérieur : on l’a vu avec la Géorgie, on le voit aujourd’hui avec l’Ukraine. On se souvient des récentes demandes des républiques baltes, mais aussi de la Pologne, qui se sentent menacées par leur puissant voisine et ancien maître… En fait, ce régime ruse constitue une menace pour la paix mondiale. Et la mort violente d’un opposant notoire au régime tombe très mal pour lui.

    Une éruption sociale n’est plus à exclure sur place. V. Poutine finira bien par comprendre qu’il doit se modérer et atténuer le caractère dictatorial de son action. On l’a vu récemment en Ukraine où ses supplétifs séparatistes n’ont pas respecté l’accord de Minsk.

    Le problème le plus urgent qui nous fait face : que faire de la Russie ? Comment la gérer ? Surtout que doit faire l’UE face à la Russie, une ancienne grande puissance qui ne se résigne pas à son lent mais inexorable déclin ?