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Vu de la place Victor-Hugo - Page 716

  • La doxa ou comment se fabrique l'opinion publique…

    La doxa ou comment se fabrique l’opinion publique…

     

    Cette petite réflexion m’a été inspirée ce matin par un bref, très bref, commentaire d’une grande chaîne de télévision au sujet du rôle joué par la presse en général, et notamment celle de la petite lucarne. Son effet est immense, qu’il soit dévastateur ou bénéfique, ce dernier cas étant nettement plus rare. Evidemment, les journalistes, à l’affût des nouvelles les plus fraîches et aux aguets de tout scoop, ont expédié l’affaire en dix seconde, évoquant à grande vitesse le cas du père divorcé de Nantes juché sur sa grue et les trois immolations qui se sont hélas déroulées dans le pays la semaine passée.

    Si la télévision n’en avait pas parlé, on n’en aurait rien su. Parfois, le paradoxe est très grand entre l’entrefilet paru dans la presse dite sérieuse et le long reportage diffusé à la télévision et qui, de ce fait même, atteint des millions de personnes…

    J’ai utilisé le terme paradoxe où figure justement le mot grec DOXA qui veut opinion généralement admise, préjugé communément accepté par une large partie de la population…  C’est un mot que l’on retrouve en français dans d’autres expression, par exemple : orthodoxe (conforme à la doxa), hétérodoxe (étranger ou opposé à la doxa) et aussi dans doxographe (esprit de second ordre qui se contente de classer les opinions des uns et des autres sans apporter la moindre idée originale.) La pire injure pour un philosophe est d’être traité de doxographe, un peu comme si Fr. Nietzsche parlait d’eunuque du savoir ou d’âne chargé de livres…

    Tout ceci pour dire que nous sommes nettement influencés par les compte-rendus d’une presse qui vole d’un sujet à l’autre, recourt à une terminologie peu appropriée (voyez l’hésitation entre démission du pape, ce qui est absurde et plus raisonnablement la renonciation, plus appropriée), bref toute cette fluidité terminologique qui peuple nos jours et nos veilles et obscurcit  notre perception du monde qui nous entoure.

    Reprenons le thème de la tromperie alimentaire : si la presse n’avait pas  opportunément sursaturé l’opinion de tant de détails, le fait serait passé inaperçu. Voyez le drame de ce sportif sud africain qui a tué son amie, on en parle tous les jours, alors qu’il ne s’agit que d’un fait divers… Je n’ose revenir sur le cas de DSK (auquel j’ai consacré tant d’articles par le passé) car cela ouvrirait sous nos pieds un gouffre dans lequel je ne souhaite plus m’aventurer.

    Tous ces faits, hâtivement traités et jetés en pâture à l’opinion, constituent notre opinio, l’opinion publique, parfois même l’opinion publique internationale.

    Pourtant la DOXA a eu une sœur jumelle l’épistémè (le savoir scientifique vérifiable)  qu’elle a laissée loin derrière elle dans cette course éperdue pour former l’esprit humain et sa vision de l’univers (Weltanschauung). Avoir une opinion, se faire une opinion, n’est pas connaître la vérité. L’un de mes collègues à l’Uni de Genève me disait récemment en allemand Information ist kein Wissen : l’information n’a pas le label de la science ni du savoir.

    Et pourtant, nous dépendons tous de la doxa et ne connaissons rien à l’épistémè. Chacun d’entre nous est, chaque matin que Dieu fait, submergé par une foule d’informations relayés par des hommes et des femmes de presse qui sont généralement très pressés et qui n’ont guère le temps d’approfondir. La plupart du temps ils utilisent une terminologie peu rigoureuse et rangent les nouvelles selon leur degré sensationnel.

    Oui,  c’est bien la doxa qui  nous gouverne et c’est elle qui nous dicte nos opinions. D’où cette notion d’opinion publique nationale ou mondiale autour desquelles se nouent des millions de malentendus.

    Quand je dis : je pense, je crois, cela ne veut rien dire.

    Freud avait raison : le Je n’est pas maître chez lui…

     

    Maurice-Ruben Hayoun

    In Tribune de Genève du 18 février 2012

  • Deux femmes pour la mairie de Paris…

    Deux femmes pour la mairie de Paris

    La France est hélas un pays toujours pris entre deux élections. Et aujourd’hui on en vient à se demander si dans plus de quatre ans (rendez vous compte : 4 ans) le président récemment battu va se représenter.. C’est dire combien les Français aiment les élections. Dans les débats télévisés, les journalistes exercent leur fine ingéniosité sur les petites phrases, les silences, les comportements… et généralement ils se trompent.

     

    Mais pour le poste de maire de Paris, il semble qu’on leur ait tendu une perche dont ils n’ont pas tardé à se saisir. Madame Hidalgo d’un côté, NKM de l’autre promettent de offrir aux Parisiens tout ce qu’ils souhaitent depuis toujours : moins d’impôts, moins de bruit, moins de voiture, bref la tarte à la crème…

     

    Il semble que les femmes aient le vent en poupe, il semble aussi qu’il n’y aura pas deux mais trois femmes, même si la troisième honorable ancienne ministre n’inspirera pas confiance aux Parisiens qui souhaiteront probablement élire une personne issue du corps traditionnel français, ce qui signifie quelqu’un comprenant leurs difficultés et leurs aspirations.

     

    Peut-on parer les dames de toutes les qualités de la terre ? Il semble, encore une fois, que les hommes ont sorti cette dernière carte pour continuer à tirer les ficelles. AU fond, la cause des femmes ne devrait pas être une mode, on élit une femme si elle a les qualités requises pour le poste en question. Jadis, en France, la fonction créait la compétence, aujourd’hui c’est l’appartenance sexuelle. Voyez le dernier renouvellement des sièges au Conseil Constitutionnel : tois sièges vacants, trois femmes nommées.

     

    Pas mal, non ?

  • L'Irak et la Syrie, satellite de l'Iran?

    L’Irak et la Syrie, satellites de l’Iran ?

     

    C’est la question que les chancelleries occidentales se posent depuis deux jours lorsque l’ancien premier ministre de Bachar el Assad a dit sur Al Arabiya que l’Iran occupait véritablement la Syrie, permettant au régime de subsister car ses propres forces ne suffiraient plus à assurer sa survie. Parallèlement à la Syrie, l’Irak voisin voit se développer des troubles dans la province de l’Anbar où les manifestations sont récurrentes et où les adversaires de l’actuel Premier Ministre Nouri Al Maliki  réclament sa démission lui reprochant son mode de gouvernement clanique, dictatorial et hors de tout contrôle..

     

    C’est l’arc chiite que si forme et que tous les régimes sunnites, de la Jordanie à l’Arabie, redoutent plus que tout. On sent bien que l’Iran livre un combat pour sa propre survie et celle de son régime. Menacé de frappes aériennes par les USA et Israël, isolé sur la scène internationale à la suite de son comportement illégal en matière de nucléaire militaire, en proie à de graves problèmes économiques dus aux sanctions de l’ONU, l’Iran a compris que la chute de Bachar entraînerait celle son allié libanais, le Hezbollah et signerait par là même son expulsion définitive de la région. Cela signifierait aussi son isolement prolongé et, à terme, la chute de ce régime des Mollahs  qui n’a toujours pas réussi à trouver sa place dans le concert des nations. C’est l’objectif à long terme poursuivi par l’Arabie saoudite et ses alliés dans la région.

     

    In tel régime ne peut subsister que s’il fait des petits et s’il a des alliés à l’étranger. Or, ce cas de figure a du mal à s’imposer, d’où l’emprise de plus en plus tentaculaire sur les deux pays cités, la Syrie et l’Irak.

     

    Que font les USA et leur CIA ? Il est clair que les Américains surveillent cette évolution en Irak comme le lait sur le feu. Il est même probable qu’ils ne sont pas totalement étrangers aux troubles et à la vague de mécontentement dans l’Anbar et en Irak en général où les attentats redoublent de violence. Ayant occupé ce pays pendant près d’une décennie, la CIA a eu le temps d’y installer des réseaux développés et de s’infiltrer dans les sites gouvernementaux les plus élevés. Il n’est donc pas exclu que des changements interviennent prochainement dans ce pays où la guerre de l’ombre entre Américains et Iraniens fait rage.

     

    Pour la Syrie, le dénouement, sans être imminent, ne fait pas l’ombre d’un doute. L’Iran défend une cause perdue d’avance : aucun régime ne peut se maintenir à l’encontre de la volonté de tout un peuple, dans un pays devenu un véritable champ de ruines et où les morts se comptent par centaines chaque semaine. Si rien ne change, on va vers les 100 000 morts, ce qui est une honte.

     

    On a souvent dit que les Etats sont des monstres froids. On en a la preuve chaque jour que Dieu fait