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  • LA FIANCÉE VENDUE, OPÉRA DE BEDRICH SMETANA…

     

     

    LA FIANCÉE VENDUE, OPÉRA DE BEDRICH SMETANA…
        Je rentre de l’Opéra Garnier après avoir vu et savouré l’opéra la Fiancée vendue de Bedrich Smetana. Somptueux, magnifique. La perfection en acte.

        Même si l’écueil de la langue m’epêchait de tout comprendre instantanément, alors que je ressens nullement cette difficultés avec les opéras en allemand, ce fut un pur délice, une pure merveille. Comme disent les Allemands ein reiner Genuß…

        Curieuse Europe qui, après été coupée en deux par el rideau de fer, se retrouve.

        Mais allez voir cet opéra. Cela en vaut la peine.
     

  • SALADIN II

    SALADIN II
        Toute analyse du passé s’apparente soit une reconstruction de celui-ci soit à une légitimation plus ou moins fondée. C’est pour cela que l’historiographie est un art difficile et diverge profondément selon les nations qui sont supposées relater ou narrer la même histoire. Voyez l’interprétation de ce que l’on nomme en France et dans les manuels scolaires l’épopée napoléonienne ; et comparez avec qu’en disaient les Allemands et d’autres peuples d’Europe qui eurent affaire à l’Empereur… Il est vrai qu’aujourd’hui, on a un manuel d »histoire franco-allemande qui a tenté avec succès d’aplanir les divergences.
        Toutes proportions ardes, on peut même qu’il en est de même avec Saladin dont la légende a largement éclipsé la nature vraiment historique. Pourquoi les Arabo-musulmans voient en lui un héros et un libérateur, un sorte de glaive de l’islam, seif al-Islam ?  Parc e qu’à un certain moment de leur histoire ils sont cherché un héros auquel ils pourraient d’identifier et ressusciter un peuple qu’ils imaginent beau, magnifique et glorieux. Après tout, c’est leur droit.
        Après tout, c’est une illustration supplémentaire des rapports ambigus entretenus par l’Histoire au sens de Hérodote, Thucydide et Ctésias, et la légende. En ayant raison des Francs et du royaume chrétien d’Orient, cet émir a donné l’impression qu’il avait réussi ce que tant d’autres avant lui n’avaient pas réussi à faire… Et aussi, ce que tant d’autres après lui n’ont pas réussi à faire avec Israël…
        Je crois que telle était l’intention de l’auteur M. Gérald Messadié lorsqu’il met à nu la vraie personnalité de Saladin et évalue justement l’étendue de ses prétendues campagnes militaires victorieuses.
        L’auteur n’est pas le premier à déplorer le peu de discernement mis à se choisir des héros : Nasser, Kadhafi, Saddam Hussein et quelques autres. Il faudra bien un jour parvenir enfin à une vue plus sérieuse et plus apaisée de l’histoire. L’histoire telle qu’elle s’est déroulée et non comme on eût qu’elle se fût déroulée.

  • SALADIN, GERALD MESSADIE, PARIS, L’ARCHIPEL, 2008.

    SALADIN, GERALD MESSADIE, PARIS, L’ARCHIPEL, 2008.
    Gérald Messadié est un homme de lettres, connu et reconnu tant en France qu’à l’étranger. Né en Egypte en 1941 il sait admirablement bien l’arabe et a connu cette époque bénie où dans son Egypte natale les cloches des églises et les appels à al prière des muezzins alternaient dans la plus grande harmonie. L’auteur nous dit que sa grand mère et ses voisins musulmans échangeaient des friandises et con-célèbraient, en quelque sorte, les fêtes des différentes confessions. Cette époque bénie est hélas bien révolue et ne ressuscitera plus.
    Dans ce Saladin, puisé aux meilleures sources, l’auteur démystifie un homme devenu le symbole de l’intégrisme musulman d’aujourd’hui puisque certains vont jusqu’à entendre son nom de manière différente : là où il faut entendre le restaurateur ou le réformateur de la foi, de la croyance religieuse, certains ont voulu lie selah al-Din, c’est-à-dire les armes de la foi, un peu comme l’équivalent latin du Pugio fidei (poignard de la foi) au Moyen Age.
    M. Messadié s’emploie à montrer que Saladin ne fut le grand homme qu’on dit bine volontiers qu’il a été. Je ne reviens pas sur tous les détails mais sur plus de dix sièges il n’en mena que deux victorieusement à leur terme tandis que son seul haut fait d’armes fut de s’emparer de Jérusalem.
    L’auteur parle aussi abondamment de la cruauté de l’homme qui n’hésitait pas à égorger de ses mains ses adversaires ou qui faisait massacrer, les mains liées derrière le dos, les prisonniers des citadelles vaincues…
    Ce qui retient l’attention dans ce livre c’est que son auteur a retrouvé, de première ou de seconde main, dans des sources arabes de l’époque, des appréciations très peu élogieuses sur Saladin. Nous ne reprendrons pas ici ses origines kurdes, son apprentissage un peu laborieux de la langue arabe, son milieu familial de médiocre qualité ; ce qui se dégage avec netteté, c’est que l’homme a parfois bénéficié d’heureux concours de circonstances qui le propulsèrent sur les devants de la scène. Le bilan n’en demeure pas moins désastreux puisque, à bien comprendre l’auteur, il laissa derrière lui un pays ruiné…
    Alors comment s’explique cette notoriété qui tient plus de la poésie que de la vérité historique ? Probablement par la volonté de certains milieux de se chercher un preux qui combattit selon eux pour renforcer et asseoir les assises politiques et guerrières de leur religion. Mais là encore, les chroniqueurs arabes des  XII-XIIIe siècles rapprochent à l’émir d’avoir plus fait la guerre  aux musulmans qu’aux chrétiens…
    Mais comme le disait Ernest Renan, la légende a plus de persistance dans l’être que l’histoire…