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  • LES TROUBLES DE SAINT-JEAN D’ACRE (AKKO)

     

    LES TROUBLES DE SAINT-JEAN D’ACRE (AKKO)
        La ville d’Akko, Saint-Jean d’Acre selon  les croisés, la ville dont les murailles résistèrent à Napoléon Bonaparte, a été secouée de violents troubles interconfessionnels, à la suite de la provocation d’un arabe israélien qui n’a rien de mieux à faire que de se promener à bord de sa voiture, la radio à fond, dans le quartier juif en prières la veille de kippour… Le sang des jeunes juifs de la ville, une ville où subsiste un petit tiers d’Arabes israéliens, ne fit qu’un tour : le véhicule du coupable fut dûment caillassé et l’homme laissé pour mort… Ce qui n’était pas vrai.
        Mais la rumeur mena une centaine d’Arabes dans centre ville où ils se mirent à tout casser. Ce qui provoqua une réaction musclée de la police et des garde-frontières d’Israël. On imagine la suite. Vague d’arrestations et réactions indignées des uns et des autres.
        Un député arabe ainsi qu’un ministre arabe israélien ont ramené le calme surtout après l’Arabe coupable s’était excusé et avait affirmé qu’il ne récidiverait jamais plus.
        La plus tragi-comique dans toute cette affaire, c’est la réaction du terroriste du Hamas à Gaza qui parla de protéger ses frères «soumis à l’occupation et à l’oppression israéliennes»… Ce que ce brave homme ne sait pas, c’est que ces Arabes israéliens ne changeraient pas de nationalité pour tout l’or du monde, conscients qu’ils sont de l’ordre démocratique qui règne en Israël et nulle part ailleurs dans le monde arabe.
        Au fond, telle est la leçon des troubles d’Akko
     

  • DU SUCCES POUR LE PLAN DE L’EURO GROUPE ?

     

    DU SUCCES POUR LE PLAN DE L’EURO GROUPE ?
        Si l’on parvient enfin à comprendre quelque chose au mécanisme de cette crise qui menace de tout emporter sur ce passage, on sera peut-être enfin tiré d’affaire. Il semble que la réunion d ‘hier au palais de l’Elysée y soit arrivé, en tout cas on le souhaite ardemment : garantir les prêts interbancaires puisque les banques craignaient que leurs consœurs ne puissent plus rembourser les liquidités qu’on leur aurait avancées… C’est fou ! les banques centrales et les gouvernements avaient beau injecter des milliards de dollars ou d’euros, tant que cette clause n’était pas satisfaite, les banques ne bougeaient pas. Mieux, elles asphyxiaient à petit feu les petits et moyennes entreprises en asséchant le circuit du crédit. On ne compte plus les petits entrepreneurs contraints de fermer et de mettre la clé sous la porte…
        Une autre décision a été prise qui va bien au-delà du plan Paulson : on ne laissera plus aucune banque aller à la faillite. Et les prêts interbancaires seront garantis jusqu’à la fin de 2009 ! La décision paraît exorbitante et pourtant elle est sage. On sait déjà que la croissance sera quasi-nulle l‘année prochaine et prendre des mesures homéopathiques eut été  mettre un emplâtre sur une jambe en bois.
        Je reviens sur l »’idée déjà exprimée de tirer les leçons éthiques de la crise : il y a à peine quelques semaines, les dirigeants se ardaient bien de prononcer le mot récession  comme si, parler des problèmes c’est les créer. Quel étrange raisonnement.
        Autre anomalie : le prix des hydrocarbures : on voit que la baril est exactement à la moitiés des sommets qu’il avait atteint. C’est bien pour nous, mais pas tant que cela car les pays émergents, du fait du ralentissement de l’activité, vont connaître des moments difficiles tandis que les Etats comme l’Algérie ou la Libye qui avaient beaucoup engrangé vont vivre une chute drastique de leurs revenus…
        L’économie se rapproche de la théologie : il faudrait être prophète pour pouvoir prévoir ce qui se passe sous nos yeux. Et l’on reparle de la refondation du capitalisme. C’est, pour paraphraser Churchill, le pire des systèmes à l’exception de tous les autres.
        Mais soyons philosophes, c’est plus simple et plus rassurant.

     

  • Harry G. Frankfurt, De l’art de dire des conneries Paris, Collection 10/18, 2006

     

     

    Harry G. Frankfurt, De l’art de dire des conneries Paris, Collection 10/18, 2006
                        , de la vérité, Collection 10/18 Paris, 2007
        Lorsque le sympathique directeur éditorial de cette collection, Monsieur François Laurent, me fit parvenir ces deux sympathiques petits essais dus à un éminent professeur de philosophie de l’université de Princeton, je n’ai pu dissimuler mon étonnement. Je me suis jeté sur cette lecture, avide de voir ce qu’il en était au juste. Et je découvris une analyse des plus approfondies sur ce que j’appellerai, en ces temps de crise financière mondiale, l’inflation du discours.
        Il importe de signaler le titre original de l’ouvrage Bullshit qui signifie en fait en bon français de la merde de taureau. J’espère ne heurter la sensibilité de personne, surtout des personnes habituées à me lire dans ce blog et dans le tirage papier de notre Tribune de Genève.
        Le propos de l’auteur est de montrer la vacuité du discours économique,  politique et même parfois académique, sans même parler de ce dont nos journaux habituels nous abreuvent, à l’exception, cela va de soi, de notre belle Tribune de Genève.
        Comme tout bon philosophe analytique, Frankfurt fonde ses analyses sur un autre ouvrage au titre au moins aussi évocateur que le sien, à savoir  The prevalence of humbug (Prédominance de la fumisterie). Et il explique la différence entre le menteur qui ment effrontément et le débiteur de «conneries», c’est-à-dire le bonimenteur. Je n’infligerai pas à nos lecteurs animés de bonne volonté les distinguo subtils qui appariassent sous la plume de l’auteur. Il en ressort que celui qui dit n’importe quoi n’est pas comparable à celui qui ment …
        Quand on est professeur d’université, on ne se refait pas et par conséquent l’auteur cité un exemple qui met en présence le grand philosophe autrichien Wittgenstein et une dame de sa connaissance Fania Pascal qui fut opérée des amygdales et à laquelle l’auteur du Traité logico-philosophique avait rendu visite. La malade dit au philosophe qu’elle se sent comme un chien qui vient d’être écrasé… Ce qui lui attire la répartie cinglante du philosophe : vous ne savez absolument ce que ressent un chien qui vient d’être écrasé
        Etait-ce un trait d’humour ou la volonté de Wittgenstein de faire comprendre à FAnia qu’elle débitait du baratin (autre traduction possible de bullshit).. L’auteur nous donne même sa définition du baratin : pour moi, cette absence de tout souci de vérité, cette indifférence à l’égard de la réalité des choses, constituent l’essence même du baratin (p 46). Voilà qui clair.
        Après le célèbre philosophe autrichien, Frankfurt cite le traité Du mensonge  de Saint Augustin  qui établit une subtil distinguo entre le menteur patenté et celui profère un mensonge ; selon l’auteur de la Cité de Dieu, le premier profit de son mensonge tandis que le second ne ment, en quelque sorte qu’accidentellement. Aristote aurait dit qu’il ne ment pas d’intention première.
        Frankfurt étend ses considérations sagaces à l’arène politique et aux journaux. Selon lui, et il a raison, nous vivons à une époque où chaque paisible citoyen est censé avoir une opinion sur toute chose, ce qui poussent les hommes politiques qui nous gouvernent à en faire autant. Et fatalement, ils profèrent des bêtises. D’o l’art de dire des conneries…
        Et vous voulez savoir quelle est la conclusion de ce livret si rafraîchissant et si tonique, oui, la dernière phrase, la toute dernière : la sincérité, par conséquent, c’est du baratin.
        Les âmes sensibles et les esprits simples auraient pu penser que notre philosophe s’en serait tenu à cela. Mais non, il a récidivé en publiant un second essai de la même veine qu’il a intitulé  De la vérité
        En guise d’introduction, il explique que dans son précédent essai, il a entièrement négligé un point fondamental, celui de motiver son propos par rapport à ce qui guide chacun d’entre nous dans sa vie de tous les jours, la vérité.
        Certaines personnes, voire même des philosophes ou prétendus tels, nient
    Toute différence entre le vrai et le faux, annihilant par là même les fondements intelligibles de l’être. Et quand ils défendent leur thèse, ils assurent qu’ils ne mentent pas, qu’ils disent la vérité ; ils ne se rendent don pas compte de l’aspect pardoxal de leurs affirmations, prétendant dire une vérité dont ils avaient précédemment nié farouchement l’existence. Redonnons la parole à l’inénarrable Frankfurt (p 17) :  la vérité est-elle vraiment si précieuse et mérite-t-elle de l’être ? Ou bien l’amour de la vérité, comme l’affirment nombre de penseurs et d’écrivains distingués, n’est-il qu’un nouvel exemple de baratin ?
        Comment vivre sans vérité ? Comment résoudre sans elle les problèmes qui se posent à nous à chaque instant de notre vie ? Comment prêter foi aux allégation de ces penseurs «post-modernistes» selon lesquels la distinction entre le vrai et le faux ne repose sur aucune base objective ?
        Frankfurt évoque le cas du médecin et de l’ingénieur des ponts et chaussées. Si l’un ou l’autre se trompe de diagnostic ou sur la résistance des matériaux, ils mettent en danger la santé et la sécurité des gens. Dans les deux cas, l’absence de distinction entre le vrai et le faux peut être fatale. Partant, aucune société ne peut se passer de vérité, faute de quoi elle se condamnerait au déclin et à l’inertie culturelle. Sans la vérité, aucune vie n’est possible.
        Mais le chapitre que j’ai le plus aimé est celui qui se sert de l’Ethique de Spinoza, des notions de joie et d’amour. La définition spinoziste de la joie est très belle :il s’agit d’un sentiment de plénitude intérieure qui s’empare de nous et nous gorge d’une vitalité nouvelle. Quant à la joie,  c’est le sentiment qui nous pousse à rechercher ce qui provoque cette vitalité. Et la vérité est justement ce mobile qui nous pousse à agir dans ce sens. Selon Spinoza, il en résulte que les gens sont conduits à aimer la vérité.  Ils ne peuvent s’en empêcher car ils sont obligés d’admettre ils ne pourraient  ni survivre, ni se comprendre eux-mêmes, ni vivre en plein accord avec leur nature profonde.
     Frankfurt s’en réfère aussi à Emmanuel Kant et à Michel de Montaigne qui tous deux, ç des degrés divers mais toujours très efficacement, honnissent et bannissent le mensonge au motif qu’il représente un danger grave.
        En somme, il ne faut pas prendre la vérité à la légère. Le Psalmiste le disait bien en parlant du verbe divin : rosh debarékha émét : le principe de tes paroles et vérité…
        Lisez Frankfurt, vous ne le regretterez point.